Affaire Clearstream : la grande mystification-manipulation

par Philippe Vassé
mardi 15 septembre 2009

Dans quelques jours, le 21 septembre 2009, s’ouvre le procès dit « Clearstream  », qui, bien étrangement, porte mal son nom car la banque de compensation luxembourgeoise n’est pas concernée par le dossier. Lequel dossier apparaît de plus en plus obscur tandis qu’il semble «  toucher  » l’ensemble de l’appareil d’Etat, notamment les services dits « secrets  ».

L’objet de cet article n’est pas d’expliquer les dessous réels et avérés de cet épais dossier judiciaire, ce que le livre de Frédéric Charpier « Histoire de fous » a très bien fait, mais de montrer que la presse et la justice françaises sont les victimes et les acteurs d’une formidable mystification-manipulation où la paresse des uns, l’ambition de certains, la lâcheté d’autres ont joué un rôle dangereux pour la démocratie (ou ce qui en reste) et l’Etat de droit en France.

 

Première vérité face à un énorme mensonge médiatico-judiciaire : le nom de Nicolas Sarkozy n’a JAMAIS ETE INSCRIT sur les listes litigieuses, fausses ou vraies

Cela fait bientôt 4 ans que l’affaire dite « Clearstream  » existe et agite les mondes médiatique et judiciaire. En 4 années, on pourrait penser que journalistes et magistrats instructeurs auraient pu énoncer quelques vérités incontestables afin que le public y voie un peu plus clair.

Tel ne fut pas le cas. La plupart des journalistes français se copient les uns les autres, tandis que certains reprennent directement les éléments de parties civiles dans le dossier sans se donner la peine minimale de vérifier leurs véracité. La crédulité aveugle a replacé le souci de la vérité !

Ainsi est né le plus gros mensonge de l’affaire, devenu une quasi-vérité pour beaucoup sans que personne ne s’en indigne ou ne rejette le mensonge qui est pourtant.... énorme.

Le nom de Nicolas Sarkozy n’a jamais été inscrit sur aucun des listings, vrais ou faux (nous allons y revenir plus bas) qui ont généré l’affaire judiciaire.

Ce fait, établi, connu, reconnu, évident, avéré est dénié par un ensemble médiatico-judiciaire qui semble agir de concert afin de faire accepter au public un mensonge comme une vérité.

Ainsi, un journaliste français à qui j’ai signalé cette faute déontologique dans un de ses articles, me répondit ceci en substance, qui semble incroyable : « C’est vrai, mais il y a les patronymes de ses parents , ce qui prouve que Nicolas Sarkozy a bien été visé » !

Voilà bien le centre d’un vrai problème pour la liberté de la presse en France. On commence par admettre la faute commise, donc le mensonge écrit et répété. Et au lieu de les corriger, on se lance dans des explications insensées sur les patronymes de parents et une supposée machination qui aurait été dirigée contre Nicolas Sarkozy. Le fait brut, la vérité nue, est niée sans plus de réflexion !

Ce journaliste est un exemple instructif des dérives actuelles. Il n’accepte même pas, dans le monde fermé et pré-déterminé qu’il s’est inventé et/ou dont il a été convaincu, que la vérité crue sur un fait public soit dite clairement, mais pire encore, il refuse de voir que des thèses diverses peuvent expliquer la genèse de l’affaire en question.

Les préjugés propres, les opinions pré-formées, les thèses énoncées tuent tout respect du fait vrai.

Nous sommes ici confrontés, pour nombre de journalistes de la presse étrangère, à un problème majeur : en France, pays de Descartes, Rousseau et Voltaire, existe actuellement un abandon lent, progressif, insidieux, de tout esprit critique, de toute volonté d’investiguer, de recherche de la vérité sous les apparences trompeuses.

Et pourtant, le nom de Nicolas Sarkozy n’est pas sur les listes ! C’est un fait et c’est la vérité ! Que magistrats et médias en prennent bonne note

 

Seconde vérité contre le second gros mensonge médiatico-judiciaire : Nicolas Sarkozy n’est pas victime dans ce dossier et il n’avait aucun droit à se constituer partie civile dans l’affaire

Bien, reprenons avec la vérité- connue de tous les médias et magistrats- rappelée ci-dessus. Nicolas Sarkozy n’est pas citée dans les listes litigieuses, vraies ou fausses, cela est important à souligner.

Comment une personne qui n’a subi aucun préjudice, direct ou indirect, d’un délit qui n’a pas été encore avéré par une décision judiciaire (à savoir la fausseté des listes en débat) a-t-elle pu se constituer partie civile sans que personne ne s’en émeuve ?

Car Nicolas Sarkozy n’étant pas victime d’un délit -lequel n’a été reconnu comme tel par aucun jugement- ne pouvait se constituer partie civile, à la fois faute de délit avéré par la Justice et faute de préjudice personnel subi.

Son nom n’étant pas sur les listes, en droit français dont la Ministre de la Justice est la garante, Nicolas Sarkozy ne peut appuyer sa plainte actuelle sur aucun fondement, de droit et de fait.

Comment donc cette constitution de partie civile peut-elle être recevable en droit et en fait devant un Tribunal qui applique l’Etat de droit et la loi de République avec le souci d’égalité ?

Voilà qui est une évidence que le monde médiatico-judiciaire n’a pas encore bien vu (sauf certains juristes que je salue pour leur honnêteté et leur perspicacité).

Cette absence de préjudice REEL de Nicolas Sarkozy est une évidence.

Pourtant, la majorité des médias français a tenté de faire avaler au public -en vain apparemment- que Nicolas Sarkozy était visé (comment le savent-ils et sur quelle preuve étayer cette assertion ?) par une machination et qu’il était une victime (de quel délit qui le concernerait en tant que tel ?)

Le mensonge était gros, mais il n’est pas passé. Malgré le déploiement de moyens pour asséner le mensonge et le répéter sans cesse partout....

 

Troisième vérité et troisième mensonge médiatico-judiciaire : une plainte en dénonciation calomnieuse ne peut que suivre une décision de Justice constatant la fausseté des faits allégués

Le personnel politique se vante de défendre et promouvoir l’Etat de droit. Voilà une assertion mise à mal dans ce dossier.

Les plaintes pour « dénonciation calomnieuse » ont plu dans ce dossier comme lors d’un orage soudain d’été. Elles sont moralement fondées, mais juridiquement, est-ce bien le cas ?

Car, en droit français, pour que ces plaintes soient recevables, il est d’abord nécessaire que la Justice ait confirmé de manière définitive que la cause de ces plaintes (les listes présumées, à bon droit, falsifiées) l’ont bien été.

Or, où est donc ce Jugement fondateur de toute la procédure actuelle ? Qui l’a vu et l’a publié ?

Certes, il ne fait pas de doute, pour qui a comparé les vraies listes dérobées à Clearstream par Florian Bourges et celles jusqu’ici présumées fausses, que ces dernières sont pour le moins très «  inventées ».

C’est une conviction légitime et très partagée. Mais, ce n’est pas une décision de Justice !

En effet, en procédure pénale, les choses sont plus complexes : si, simple citoyen, je veux me constituer partie civile contre une dénonciation calomnieuse, je dois d’abord obtenir un jugement qui indique que les faits qu’il relate à mon encontre sont FAUX.

Et c’est seulement, muni de cette décision de Justice, que je peux ester comme le dénonciateur et calomniateur et me constituer partie civile.

Comment donc comprendre que, dans cette affaire, cette procédure n’ait pas été suivie en accord avec les règles de l’Etat de droit, comme pour tout citoyen ?

L’Histoire ne s’écrit pas en avance et le spectre tapi dans l’ombre.....

Certes, magistrats et journalistes français sont face à leur conscience dans cette affaire. Ils devraient, selon nombre de leurs confrères internationaux, examiner avec soin cette conscience, surtout professionnelle et se rappeler leurs fondamentaux déontologiques.

Personne n’entend juger les journalistes français pour leurs erreurs accumulées et pour les couleuvres énormes qu’ils ont largement avalées sans attention aux principes déontologiques de leurs profession dans cette affaire. Mais, un retour aux sources du métier semble s’imposer pour beaucoup.

Les journalistes français ont fait dans ce dossier une instruction parallèle de facto, en ne voyant, dans la poutre de leur aveuglement collectif, que la paille que certains leur agitaient devant les yeux. Il est temps qu’ils reviennent, au sens propre, à la raison, au raisonnement serein et fondé sur les faits attestés.

Cette affaire peut en effet avoir une origine -ou des origines croisées- bien éloignée(s) de la « thèse officielle » que médias et certains magistrats semblent croire a priori : la piste d’un « complot  » politique contre Nicolas Sarkozy !

Ainsi, la thèse de rivalités impitoyables entre dirigeants de grandes sociétés, voire au sein de celles-ci, est abandonnée de facto depuis le début alors qu’elle pourrait expliquer beaucoup de choses qui, sans ce contexte, ne sauraient avoir une explication cohérente.

Mais, derrière cette affaire tout en mensonges publics et répétés, nous trouvons, tapi dans l’ombre, attendant son heure pour apparaître au grand jour, le spectre de l’affaire dite des « frégates de Taïwan  »

L’affaire Clearstream, qui porte donc un nom inadéquat, pourrait aussi ouvrir, lors du procès, les vannes de révélations qui pourraient remonter vers la source du dossier actuel : les rétro-commissions illégales et leurs bénéficiaires français éventuels.

Trop d’injustices et de mensonges contre certains pourraient en effet nourrir des colères légitimes qui ne s’apaiseraient que dans l’apparition de la vérité originelle, toute la vérité, rien que la vérité.

C’est cela le fondement de la Justice.


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