Affaire Léonarda : regarder la gauche se suicider

par Laurent Herblay
mardi 22 octobre 2013

Les mots manquent pour qualifier cette pitoyable affaire Léonarda. Certes, on en a beaucoup trop parlé, pour ce qui n’est finalement qu’un fait divers mineur. Mais sa gestion par la majorité et une partie de la gauche a dépassé toutes les bornes de l’incompétence, de l’inconséquence et de l’incohésion.

François Hollande, mauvais premier secrétaire
 
A tout seigneur, tout honneur. Le président de la République a voulu siffler la fin de la récréation samedi. Pour contenter une partie de sa majorité, il a proposé le retour de Léonarda. Mais pour montrer sa fermeté, il a posé une fin de non recevoir à sa famille. En faisant ce qui ressemble aux synthèses improbables de la rue de Solférino, François Hollande fait une grave erreur de jugement et fait preuve d’un amateurisme effarant. De la sorte, il parvient à déplaire à tout le monde, comme le montre le jugement négatif unanime de toute la presse, de Libération à Marianne, en passant par le Monde.
 
Les sans-papiéristes dénoncent (pas totalement à tort) l’inhumanité qu’il y a à demander à une fille de 15 ans de choisir entre des études en France et sa famille, qui resterait au Kosovo. Mais leurs revendications d’un retour de la famille a peu de chance d’être satisfaites étant donné l’état de l’opinion. Les tenants d’une ligne plus ferme sont effarés par une décision qui bafoue le droit, d’autant plus que la pseudo exemplarité de l’intégration de Léonarda a été sérieusement mise à mal par le rapport remis samedi. Pire, si elle venait en France, ne pourrait-il y avoir à terme un regroupement familial ?
 
Bref, alors qu’il touchait déjà les abîmes des sondages d’opinion, il devrait tomber encore plus bas dans les jours prochains du fait de sa gestion calamiteuse du dossier. Tout d’abord, il n’aurait pas du intervenir dans un dossier qui ne relevait pas du président de la République. Au pire, il revenait à Jean-Marc Ayrault de le gérer. L’affaire Léonarda nourrit légitimement le procès en incompétence, en indécision et en manque de ligne du président et son équipe. Il est probable que la majorité ira au désastre lors des élections à venir. Et ce n’est pas une reprise illusoire qui y changera quoie que ce soit.
 
Cette gauche qui a perdu tout sens commun

En outre, cette affaire donne l’impression d’une équipe de bras cassés. Il est tout de même hallucinant que le transparent Harlem Désir, premier secrétaire du PS, se soit exprimé juste après pour désavouer en partie le choix de l’Elysée et réclamer le retour de toute la famille, au mépris du droit, du dossier et de l’autorité de François Hollande. Il devrait être démissionné sur le champ… En outre, l’examen du dossier complique grandement la position des défenseurs d’une régularisation, entre les violences, les mensonges, le manque évident de volonté d’intégration et les absences répétées de l’école.

Du coup, le discours de Jean-Luc Mélenchon et autres sans-papiéristes, est totalement hors-sol. Marianne a bien raison de tirer à boulet rouge sur ceux qui, comme lui, emploient le terme de « rafle » pour parler de l’expulsion de la jeune fille. Les mots ont un sens et celui-ci est particulièrement connoté. C’est une véritable insulte pour les victimes des rafles. Ce faisant, ceux qui l’utilisent se font les compagnons d’occasion des négationnistes de la pire espèce. En outre, cela dénote d’un irrespect du droit (comme le note Laurent Joffrin) qui révèle un curieux sens des priorités dans cette gauche qui semble davantage se mobiliser pour les sans-papiers que les autres victimes de la mondialisation.
 
L’effroyable gestion de l’affaire Léonarda par le gouvernement va laisser des traces, sans doute plus fortes qu’on ne le pense. Tout dans le dossier indique clairement que l’ensemble de la famille devait être expulsé. Et ceux qui disent qu’il s’agit d’une position d’extrême-droite sont les meilleurs alliés du FN.
 

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