Agriculture : nouveaux pansements conjoncturels pour problèmes structurels

par Laurent Herblay
vendredi 19 février 2016

Dans un nouvel épisode de la crise agricole que traverse notre pays, Manuel Valls a annoncé des mesures pour venir en aide aux agriculteurs, dévorés par le dieu marché. Des mesures aussi insuffisantes, tardives et inadaptées que les mesures passées, qui ne règlent rien aux problèmes de fond.

 
Le gouvernement arrose le sable
 
Au printemps dernier, après avoir snobé les agriculteurs et leur avoir dit que le gouvernement ne pouvait pas tout faire, la majorité avait fini par lâcher 20 millions. Quelques semaines plus tard, du fait de la baisse des prix agricoles, il avait revu sa copie et multiplié par dix le montant des aides annoncées. Un mois plus tard, la grogne continuant, il avait avancé un chiffre extravagant de 3 milliards, sur trois ans et en comptant surtout de la dette, n’ayant ajouté que 50 millions de baisse de cotisations sociales. Cinq mois plus tard, la situation étant toujours aussi mauvaise, il annonce un nouvel effort de 500 millions, qui comporte une baisse de sept points des cotisations sociales des agriculteurs et un report automatique, reconductible, sans démarche des agriculteurs des cotisations sociales pour l’année 2016.
 
Déjà, choisir un simple report est totalement effarant et ressemble à s’y méprendre aux choix faits en Grèce de traiter un excès de dettes en empilant toujours plus de dettes. Ce faisant, la majorité soigne la trésorerie des agriculteurs en difficulté, tout en rendant leur avenir encore plus difficile, puisqu’ils devront rembourser des sommes qu’ils ne seront sans doute pas en mesure de payer… On achète la paix aujourd’hui, tout en créant les conditions d’une misère encore plus dure demain. Mais surtout, ce feuilleton sinistre, sur fond de conditions de travail révoltantes des agriculteurs, démontre de facto que la majorité, comme la précédente, ne traite pas les problèmes, mais veut seulement les éteindre assez longtemps pour ne pas être dérangée électoralement, laissant les agriculteurs à leur triste sort.
 

Bien sûr, certains, comme François Lenglet, que l’on a connu mieux inspiré, affirment qu’il faut rendre notre agriculture plus compétitive. Mais ce faisant, ils défendent un modèle agricole, celui des Etats-Unis, qui est aussi détestable, humainement, que qualitativement. La solution, c’est refuser le tout marché et mettre des frontières pour choisir notre alimentation et protéger les agriculteurs.

 


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