Aide à domicile : fiction ou réalité, pour les handicapés sensoriels ?

par paulmontagne
vendredi 28 avril 2006

Discrimination aux aveugles. Les aides à domicile ne sauraient plus répondre aux besoins des aveugles et polyhandicapés. Seuls face aux difficultés de la vie courante, ils sont sans ressources devant l’incompétence de certains services d’aide à domicile...

Non contents d’être dépendants d’autres personnes pour la lecture, le choix des vêtements, la toilette, les petits soins quotidiens, les déplacements ou les courses, les personnes handicapées ont besoin, pour certaines lourdement handicapées, d’une tierce personne pour les actes essentiels de la vie. A ce titre, certains organismes comme les conseils généraux des départements attribuent des budgets, afin que ces mêmes personnes puissent avoir recours à une aide.. Une formation d’aide à domicile existe et permet à des personnes peu qualifiées d’obtenir une "compétence" afin d’intervenir auprès de personnes handicapées. Les tarifs horaires d’intervention varient selon l’organisme ; ainsi, une association pratique le tarif d’environ 8 euros de l’heure, alors qu’une entreprise dans le même secteur en demande environ 15. Une intervention qui passe du simple au double sans aucune raison, car les lacunes sont grandes, et sont les mêmes.

Ainsi, les personnes victimes d’un handicap sensoriel seraient les plus mal servies. Aucune formation spécifique pour le handicap visuel, auditif, cumulé ou le polyhandicap, n’est dispensée et lors des interventions à domicile, c’est la panique. Les objets, les médicaments sont déplacés, les produits sont mélangés, le courrier fait quelquefois l’objet d’indiscrétions en violation totale de la loi "informatique & libertés". Les aides n’ont aucune formation de guidage des personnes aveugles, que dire des courses qui ne correspondent pas (aliments sucrés pour les diabétiques), etc.

Face à ce problème, les associations qui interviennent à domicile se reconnaissent impuissantes, elles avouent une importante lacune. Le personnel ainsi employé n’est pas formé à ce type de handicap, malgré des formations qui paraissent assez poussées en pathologie. Les formations continues sont dispensées presque par obligation. Mais les problèmes ne s’arrêtent pas là. Une association vosgienne refuse catégoriquement qu’un chien-guide d’aveugle accompagne son maître dans le véhicule qui sert habituellement à le transporter. L’école de chiens-guides se dit impuissante devant de tels comportements. Alors, que faire ? Seules les collectivités locales peuvent réagir... Malgré différents contacts avec le conseil général local, aucune réaction. Le médecin de la DDASS (direction départementale de l’action sociale) ne bouge pas. Le maire de la commune essaie de "trouver un compromis", mais rien. La seule solution trouvée collectivement est de changer d’aide à domicile, au détriment de la personne handicapée qui a mis plusieurs mois à s’adapter à la personne, tout en gardant les mêmes problèmes. C’est ainsi qu’un Vosgien vient de faire les frais de tels comportements. Alors qu’une loi anti-discrimination vient d’être mise en place, on peut se demander à quoi elle peut bien servir aujourd’hui. Les organismes payeurs se donnent bonne conscience en payant, mais se soulagent de toute responsabilité. Ils demandent toutefois aux personnes handicapées de bien vouloir justifier des dépenses. Encore une fois, ce sont les plus faibles qui font les frais d’une politique d’exclusion...


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