Après la carte d’identité, la carte génétique ?
par ÇaDérange
vendredi 8 août 2008
Lorsque, au tournant des années 1900, Alphonse Bertillon, directeur du Service de l’identité judiciaire de la préfecture de police de Paris, découvrit que les empreintes digitales étaient uniques et distinctives d’un individu à un autre, on se félicita de ce qu’une preuve scientifique puisse venir remplacer la seule preuve valable jusqu’alors pour résoudre les affaires criminelles, l’aveu du coupable ! Que l’on obtenait d’ailleurs par des méthodes sans doute incomparablement plus brutales que dans les brigades du Tigre. Le premier criminel à "bénéficier", si l’on peut dire, de ce traitement vu un nommé Henri Léon Scheffer qui fut identifié par ses empreintes en 1902.
La suite vous la connaissez. Nous disposons tous d’une carte d’identité qui comporte nos empreintes digitales individuelles, lesquels sont depuis 1984 stockées dans un fichier entièrement automatisé, le FAED, Fichier automatisé des empreintes digitales.
Depuis la technique a progressé considérablement et vous savez que l’outil d’identification numéro 1 des forces de police est désormais l’empreinte génétique, celle de notre ADN individuel. Un élément infiniment plus facile à retrouver sur les lieux d’un crime car détectable à la fois dans le sang, la sueur, le sperme, la salive, un cheveux, voire des fragments de peau récents ou plus anciens. Bref l’outil d’identification idéal dont on peut se demander pourquoi il n’a pas d’ores et déjà remplacé les empreintes digitales. On pourrait imaginer une carte génétique individuelle qui le comporterait et bien sûr le fichier des cartes génétiques national qui irait avec. Seulement voilà, les idées ont évolué depuis l’époque de Bertillon et nous nous préoccupons aujourd’hui tout autant de la protection des libertés individuelles que de la chasse aux malfaiteurs.
Ce n’est que quand l’actualité amène à la surface certains crimes odieux pour lesquels la police a la possibilité de pouvoir identifier l’ADN du coupable que l’on s’aperçoit que... le fichier automatisé qui les rassemble n’existe pas ! La chance en l’occurrence - je parle de l’assassinat du petit Valentin à Bourg-en-Bresse - fut du côté de la police qui finit par le découvrir, mais qu’aurait dit l’opinion publique, si malgré son empreinte ADN on n’avait pu identifier le coupable ?
Qu’en pensent ces messieurs de la Commission informatique et liberté, Cnil, ou encore nos hommes politiques ?