Au Maghreb, nous sommes tous berbères mais aussi un peu byzantins, phéniciens, romains, arabes ou français

par Massine Tacir
samedi 22 novembre 2014

Partie 1

Nos ancètres les Berbères ! Les authentiques autochtones dits "Berbère" ou "Amazigh", sont venus à l'origine du cap de Gafsa-Tunisie vers(- 3000 ans JC ). Ces hommes appelés "Getules" ont peuplé le sahara algérien et l'atlas pré-sahélien jusqu'aux confins du Mali et du Niger du temps ou ce même sahara était hospitalier, riche et verdoyant(-3000 ans) pour ensuite monter progressivement vers le nord dans l'actuelle Algérie ( les Aurès en premier ) pour se déverser ensuite sur tous les territoires algériens,mauritanien, marocain, tunisien, lybien et même égyptien.

Le pouvoir d'alors était par prédominance tribale ( force et richesse de la tribu, par alliance de sang ou d'intérêts avec d'autres tribus).

Ils s'installèrent dans la totalité du Maghreb actuel jusqu'au Mali et le Niger.

La notion de "nation" n'existait pas et encore moins une gouvernance par un état ou une territorialité définie en tant que frontières telles que nous les connaissons aujourd'hui.

La plus grande masse de ces berbères se sont progressivement installés dans le Constantinois algérien (essentièlement dans les Aurès et la Kabylie ).

C'est là que se construisit, en forme de pseudo structure étatique de l'époque, à savoir le puissant royaume de Numidie ayant pour siège initial la ville de Cirta ( actuelle Constantine )

La première vague de contact avec les autres peuples fut l'arrivée des Phéniciens ( - 1100 JC ) puis des Carthaginois ( - 7e siècle JC ) installés en premier dans la célèbre et florissante Tunisie de l'époque.

Les autochtones berbères, tout en préservant leur mode tribal, la langue et les traditions ancestrales ont cependant su tirer profit au contact des premières civilisations phéniciennes et surtout carthaginoise.

La création du royaume Numide unifié par le roi berbère MASSINISSA en -204 JC (après la mort de son père GAIA) à Cirta ( est algérien) et Maure ( Ouest Algérien jusqu'à la moulouya de l'actuel Maroc) en est l'illustration majeure, bien que leur ancestres les Gétules formaient déja de puissants royaumes allant jusqu'à annexer des territoires aux puissants pharaons d'Egypte (-1100 JC).

Jusqu'àlors, les brassages étaient surtout d'ordre tribal entre berbères mais majoritairement de la même éthnie, mais, bien que peu, à cette époque déja, le sang berbère reçut quelques homoglobines étrangères à son ethnie ( phéniciens et/ou carthaginois).

Il le sera d'avantage avec l'arrivée des Romains ( fin du 2ème siècle avant JC) de par les alliances de pouvoirs et de sang des royaumes Numides et Maure pendant quasiment 5 siècles.

Par exemple que de villes construites ( 1500 répertoriées en Algerie, mais également en Tunisie et dans une moindre mesure au Maroc), dans et autours desquelles vivaient autochtones berbères, berbères romanisés, romains d'origine ou légionnaires romains.

Là encore, la civilisation romaine, de par sa durée, a laissé d'ineffaçables traces de civilisation, de culture et de mode de vie.

Ainsi plus de 2000 ans plus tard, on en retient encore des expressions typiques issues de cette époque comme par exemple " BACHUST biya" qui signifie en parlé constantinois " Tu m'a fait honte" en référence à la trahison de BOCHUS qui a livré JUGHURTA aux romains ou encore, le qualificatif " BOUDERBALA" qui fait référence à ADHERBAL etc...

Aux Romains, succèdent le passage des vandales au 5ème siècle, suivi des Byzantins au 6ème siècle sans apport particulier dès lors que leur "civilisation quasi romaine", les berbères y sont déja imprégniés.

Arrivent alors les incontournables ARABES dès le 7ème siècle JC mené par Okba Ibn Nafah et la résistance légendaire des berbères dont les célèbres KUCEYLA et la KAHINA dans le.s Aurès algériens comme celle de TACFARINAS contre les romains 6 siècles avant

Le rouleau compresseur des arabes de l'époque, n'était pas forcément militaire mais bien plus subtil que la force des armes.

Partis d'orient pour propager l'Islam mais aussi asseoir leur pouvoir dans les pays conquis pour mieux servir la religion musulmane, c'est précisement les fondements mêmes de cette religion qui les ont fait triompher et, pour mieux comprendre, Il faut se situer au milieu du 7eme siècle JC :

L'axe de parcours principal des arabes a été le suivant : Egypte, Lybie,Tunisie, Algerie et Maro et par delà l'Espagne.

Dès l'arrivée des arabes à Fousta en Egypte, initialement pour chasser les byzantins d'Ifrikya, la propagation de l'Islam et la conquète de territoires continuèrent vers le Maghreb.

Dans ces pays, Il n'y avait aucune structure étatique, pas de lois écrites non plus, le pouvoir était acquis ou imposé par les rapports de force des puissances tribales ou des alliances de sang ou d'intérêts entre elles.

Seules quelques contrées gouvernées par les byzantins ou leurs alliés berbères jouissaient d'un semblant de structure gouvernante.

Les us et les coutumes étaient prépondérants et combien même le christianisme y était déja implanté, il ne pronait que la croyance en Dieu et Jésus Christ. De surcroit, l'église berbère de l'est algérien ( Annaba) à sa tête Saint Augustin "le berbère" était opposée radicalement à Rome.

La tradition orale prévalait et l'écriture, quoique existante ( Tifinagh) ou latin était moyennement usitée.

Ainsi, la propension de l'Islam a fait effet de boule de neige jusqu'en Espagne voire au delà tel que Malte et la sicile.

En effet, l'islam que propageait les arabes avait réponse essentielle aux préocupations politiques, sociales et conflictuelles des berbères de l'époque :

Le pouvoir de l'autorité berbère tribale ou multi-tribales va passer de la position de "Chef de tribus" d'essence tribo-familiale ou d'alliance, à celle de "Chef et aussi de guide" d'une communauté de tribus plus élargie dans sa dimension géographique et humaine, ressoudée non plus sur l'appartenance à la tribu mais par adhésion au concept d'une "communauté musulmane".

L'Islam trouve rapidement écho favorable auprès des chefs berbères pour consolider leur propre pouvoir "conversion de Koceila à Islam ou des enfants de la Kahina par exemple" mais aussi auprès des citoyens berbères conquis par les fondements égalitaires de l'Islam et de la simplicité de la pratique religieuse.

Cependant, la maladresse de la première vague arabe à l'égard des berbères comme par exemple dans les Aures "l'humiliation de Koceila par Okba Ibn Nafea", le traitement inégal " prélèvement des impots sur les berbères alors que les arabes étaient exemptés" ou encore la répartition des trésors de guerre ont fait que, à la résistance initiale des berbères, s'est organisée une véritable contestation non pas a l'encontre de l'Islam lui-même, mais vis à vis du comportement des conquérants arabes et des privilèges qu'ils s'accordaient au détriment des autochtones.

Au fur et à mesure de leur conversion, les berbères choisirent en masse la thèse du "Kharigisme", une pratique de l'islam qui prèche l'égalité des hommes et, surtout, que le calif doit être choisi par consensus parmi les meilleurs musulmans sans distinction de race ni de tribu et non plus désigné par l'autorité hériditaire du califat de Bagdad.

D'ailleurs, les premiers émirats à Kérouan 690 (Tunisie), Rostémides à Tlemcen (742) et Tahert 761 ( Algerie) et Idrissites à Fes 791 (Maroc) ont été un refuge pour la vague des arabes contestataires émigrant vers le maghreb suite à la "fitna" en orient pour la succession du prophète ALI (sws), lesquels ont trouvé un accueil berbère plus franc, surtout pour leur servir de guide religieux eu égard à leur connaissance de l'Islam et de la pratique religieuse.

Malgré ces divergences profondes avec les arabes, c'est pourtant ces islamo-berbères qui, à partir de 711, forts de leur nouvelle foi religieuse et leur courage légendaire, ont conquis l'Espagne et, un siècle et demi plus tard, la Sicile et Malte.

Massine Tacir


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