Avantages et difficultés de la web-exposition associative, professionnelle et privée entremêlée
par REMY Ronald
lundi 1er janvier 2018
A la lecture de certains de vos courriels, j’ai découvert que nombreuses étaient les personnes dont la vie professionnelle, associative et personnelle étaient entrelacées au point que l’évolution de tel ou tel domaine pouvait avoir un impact immédiat voire fulgurant sur les autres. Une lettre ne met plus 3 semaines pour nous parvenir. Notre civilisation est devenue de plus en plus complexe et de plus en plus communicante dans l’immédiateté. Le cloisonnement est un idéal de plus en plus difficile à atteindre. C’est le même écran d’ordinateur ou de téléphone portable moderne qui nous transmet les bonnes et mauvaises informations pour ces trois domaines. Certes, il existe quelques logiciels de cloisonnement pour éviter d’être distraits au bureau ou d’être importunés par le travail dans nos foyers. Mais ne soyons pas hypocrites, le décalage de quelques heures n’empêche pas nos cerveaux de s’endormir ensuite le soir avec parfois une grosse macédoine de bonnes et mauvaises nouvelles, de soucis et de problèmes en quête de solutions. Cet enchevêtrement de diverses préoccupations semble être devenu tellement fréquent que sa simple évocation peut relever de l’ouverture d’une porte ouverte. Sans ignorer la hausse des processus de « Burn Out », je ne veux et ne peux comparer le sort des citadins affairés de l’OCDE face à celui des familles du Tiers-Monde meurtries par les catastrophes, les famines et les guerres, ni à celui de notre proche Quart-Monde dont certains membres finissent leur douloureuse vie un coin de rue ou dans un immonde mouroir crasseux. En marge de nos stoïques ateliers œuvrant pour un monde meilleur, j’éprouve le besoin de glisser à mon tour un doigt et quelques clics dans le système de l’impudique voyeurisme de type Face Book.
A tort ? Ou pour simplement bénéficier des avantages de la communication moderne ? Confort-réconfort psychologique et piège social ? Réaction humaine solitaire-solidaire face à une société grouillante déshumanisante ? Confrontation naïve de la solitude face au miroir aux alouettes de la multitude ? Que de questions autour de ce qui n’est peut-être qu’un simple acte nombriliste individuel n’intéressant qu’un millionième des internautes (ce qui fait déjà bénéficier de quelques centaines de réconfortant ou critiques lecteurs !).
Tout d’abord, à l’occasion de ces fêtes de fin d’année, au milieu de la vague de froid canadienne (mais bien protégé au sein d’une chaleureuse ambiance familiale momentanément réunie), je tiens à vous transmettre tous mes vœux d’harmonie et bonheur pour 2018.
Dans la foulée, j’en profite pour étaler abruptement une situation assez personnelle : 14 décès successifs ont endeuillé ces trois dernières années le noyau de confiance soutenant notre petit centre associatif ACCES. Paix à leurs âmes. Dont celle de ma mère Denyse, mon père Ted, mon frère Patrice, mon meilleur ami Gérard (qui me faisait ma fiche de paye), mes proches compagnons de combat associatif, notre précieuse amie psychologue Yseult, mes deux expérimentés complices des dîners intello-musicaux). Un lot de deuils qui a nécessité une complète restructuration.
Le processus de fusion progressive des quatre associations fondatrices officiellement entamé il y a deux ans aboutira en 2018, avec notamment la vente du matériel n’étant plus nécessaire ou faisant double emploi. J’en profite là aussi pour annoncer qu’une partie de cette vente sera transformée en don lorsque se présenteront des associations d’aide aux chômeurs, ou caritatives, ayant au moins une année d’existence officielle. La liste de ce matériel bureautique en bon état (ordinateurs d’occasion ou neufs, copieurs Canon A3 noir et blanc ou couleur, etc.) est disponible sur simple demande.
La groupusculaire association de fusion, pompeusement appelée Alliance Coopérative Citoyenne, poursuivra statutairement la gestion du matériel résiduel au profit de la vie associative (y compris pour « VLC » et « En Marge », nos 2 associations 1901 non déposées), ainsi que l’édition papier de nos divers textes et articles associatifs préalablement débattus sur le site AGORAVOX. Les ateliers sur l’économie dite « sociétale » seront relancés en parallèle pour s’opposer à l’incompréhensible maintien de l’instabilité et de l’insécurité du système financier national et international.
L’association ACCES (aide au chômeur créateur d’entreprise ou d’association) poursuivra la gestion de la photocopie et des distributions de tracts militants sur pare-brise, en attendant des jours meilleurs…
En raison d’une trop longue « impossibilité temporaire » de fiche de paye, situation accentuée à l’avenir par la sévère coupure budgétaire nationale sur tous les emplois associatifs aidés, je suis maintenant moi-même contraint au périlleux statut d’auto-entrepreneur. Je prendrais en charge les services hors photocopie (notamment conseil en publicité et édition, maquette, reliure-façonnage-plastification, cartes de visite et de restaurant). Mes dents catastrophiquement sinistrées ? Elles attendront encore une fois l’emploi rémunérateur tant recherché et donc des jours meilleurs.
Mes soucis et ma précarité professionnelle ne m’empêcheront pas de continuer à soutenir intellectuellement et matériellement en parallèle, par exemple… tous les ateliers sur la baisse des charges pesant sur le travail. Car il est maintenant connu que les salariés, artisans et professions libérales de France subissent les plus hautes charges sociales de la planète. Contrairement aux dénégations provenant en générale de la pléthorique et coûteuse haute fonction publique, l’indispensable et vital allégement des prélèvement obligatoires peut être financièrement contrebalancée par la hausse des charges sur l’instabilité du capital et sur les spéculations toxiques (notamment sur le titanesque amas des sulfureux produits dits « dérivés »).
Fin de cette énumération de petits faits ou préoccupations matérielles et intellectuelles mélangées et entremêlées. Elle avait pour but de montrer sommairement un exemple de situation sociale complexe. Elle permet de reconnaitre, de souligner et de saluer par la même occasion toutes les personnes de ce pays qui, elles-aussi, ont une vie associative intense jumelée à une santé, une vie professionnelle et familiale aussi nécessiteuses en temps qu’en attention.
Des histoires pouvant être compliquées et à rebondissement que vous hésitez parfois à divulguer à vos proches, et hésitez encore plus à divulguer sur votre blog ou Face Book, mais que vous n‘hésitez pas à raconter à un inconnu de passage. Des situations que certains d’entre vous m’avez décrites lors de votre visite au local, parfois sans même que je ne connaisse votre nom. Au milieu d’exposés de temps à autres rageurs, quelques rires qui font du bien, des larmes qui se lâchent. Un défoulement qui soulage grâce cette écoute et compréhension respective. Pour des raisons de santé ou familiales ou autres, vous avez été ou êtes tentés de lâcher prise, de déposer la valise de vos responsabilités ou de vos actions associatives. Ce raz le bol est humain. Tout-à-fait normal. Mais le lien social que vous maintiendrez par la patience, par la vie professionnelle ou associative maintenue peut être une grande source de réconfort. Le paradoxe fera qu’en aidant les autres vous vous aiderez souvent vous-même. En partageant votre expérience et vos questionnements avec les autres, vous aidez la communauté toute entière. Des personnes ne sont pas intéressés voire indisposées par votre exposé personnel ? Respectez leur gêne et leur détour. Et entendez à votre tour ceux qui ont eu la patience de vous écouter.
Il est de mode de fustiger Face Book et son piège de narcissisme bavard puéril. Je n’ai guère été tenté de l’utiliser à une époque où j’en comprenais mal l’usage et l’intérêt. Je l’utilise peu et mal aujourd’hui encore. Néanmoins, je préfère lui accorder le bénéfice du doute. Ce petit texte nombriliste que vous lisez n’est même pas édité sur Face Book mais sur le redoutable site à rugueux débats AGORAVOX. Une façon de respecter indirectement au passage, ici, les épreuves privées subies par de nombre de nos grognards grognons qui, malgré leurs difficultés personnelles, prennent le temps de nous faire bénéficier de leurs ressentis sur les problèmes généraux de la sociétés.
En première conclusion intuitive, je pense que les citoyens du grouillant affairisme individualiste de notre implacable civilisation postindustrielle ont tout à gagner à exposer leurs soucis, à communiquer sur leurs situations respectives et à fuir l’isolement. Surtout noyés dans la foule de la bienséance des isolements cachés.
C’est en brisant le silence et en exposant leur quotidien que les SDF ont obtenu, au bout de plusieurs années de combat solitaire non médiatisé, le droit à l’aide judiciaire et le droit de vote. Des droits subtilement confisqués par une haute société privilégiée, froide, distante demandeuse, elle, de silence, de pudeur et de bienséance.
NB/ Le droit universel au financement des projets solvables naitra un jour malgré la prétentieuse dénégation culotée de cette classe souvent aussi décadente en interne qu’hypocritement snobe et constipée en externe. Nous arriverons à amender l’aberrante loi de gauche dite loi « Neïertz » ayant radicalement confisqué le service public du crédit à tous les pauvres sans aucune restriction. Et surtout sans qu’aucun parti et qu’aucun média (y compris de gauche) ne s’en offusque (je reviendrai à l’occasion sur le curieux syndrome d’insoumission à géométrie variable de certains leaders « bolivaristes » français).
Un sujet à peine esquissé, qui mérite développements sérieux et débats contradictoires longuement muris, mais pouvant partir anarchiquement dans tous les sens (J’en ai donné ici la preuve avec mon Nota Bene).
En espérant vos éventuels visites, conseils ou textes, je souhaite de tous cœur que cette nouvelle année 2018 soit pleine d’expressions, de communication, d’avancées, de créativités bénéfiques pour tous. En attendant que nous sauvions les uns et les autres le quartier, le parc, la France, l’Europe ou la planète, trinquons à la santé, l’harmonie, la prospérité et la joie pour vous et vos proches.