Bac, fessée : jeunesse bisounours dans un monde barbare

par Laurent Herblay
samedi 23 juillet 2016

Nous vivons décidément une drôle d’époque. Alors qu’une majorité de la jeunesse affronte une difficile entrée dans le monde adulte, entre chômage, pauvreté et déclassement social, notre société ne cesse de chercher à adoucir ses jeunes années en effaçant presque toutes les contraintes.

 
L’école des fans pour tous
 
En effet, il y a quelques jours, les partisans de l’interdiction de la fessée (déjà promulguée dans 49 pays), ont réussi à faire passer un amendement dans un projet de loi, visant « l’exclusion de tout traitement cruel, dégradant ou humiliant, y compris tout recours aux violences corporelles », après un premier essai raté il y a deux ans. Naturellement, le Conseil de l’Europe nous a condamné sur le sujet et l’article du Monde valorise l’expérience scandinave. Sauf que justement, l’article oublie de préciser qu’un débat a lieu dans ces pays pour remettre en cause la logique de l’enfant-roi, qui créé des petits monstres pas forcément heureux. Et, comme il y a un an, le Monde utilise à nouveau un visuel totalement biaisé, représentant une femme aux mains extrêmement disproportionnées pour faire peur.
 
L’autre nouvelle récente concernant la jeunesse, c’est le nouveau taux record d’admission au bac 2016 : 88,5% d’admis (et pas moins de 91,4% pour la filière générale). Logiquement, le taux de mentions s’est lui aussi envolé, avec 48,2%, et 55,4% pour la filière générale. Pas moins de 30,4% des bacheliers de la filière générale ont obtenu une mention bien ou plus (quand nous étions autour d’un sur vingt il y a 25 ans). Dans la filière S, plus d’un élève sur trois a une mention bien et près d’un sur six une mention très bien. Si encore l’envolée des notes se retrouvait dans le niveau des élèves, il y aurait de quoi se réjouir, mais les études semblent au contraire indiquer que le niveau stagne, voire qu’il baisse ! Quel paradoxe de voir cette envolée des notes sans le moindre progrès dans le niveau.
 
Bref, notre société ne cesse d’accroître le fossé entre la jeunesse et l’entrée dans le monde adulte. Bien sûr, la jeunesse doit sans doute être une période privilégiée. Mais est-il sain d’enlever toutes les contraintes et toutes les sanctions, par une notation façon école des fans, ou en stigmatisant les parents qui utilisent, même avec la plus grande mesure et de manière totalement exceptionnelle, une punition corporelle pour marquer le coup et sanctionner les bêtises les plus graves ? Dans le même temps, ce gouvernement retire petit à petit les protections de la jeunesse à l’entrée sur le marché du travail, en facilitant le travail dominical ou en déconstruisant le droit du travail, qui protégeait un peu les salariés dans une époque où le rapport de force est si favorable aux entreprises, surtout les plus grandes.
 
Même si ce n’est pas la seule raison, loin de là, ne faut-il pas voir dans ce grand écart qui s’accenture entre la grandissante douceur de vie enfantine et la dureté de la vie de jeune adulte une des raisons qui poussent parfois certaines personnes vers le fondamentalisme ? L’excès de refus des contraintes pour la jeunesse ne peut-elle pas provoquer souffrance, révolte, voire plus ?
 

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