Bac, rapport Bergé : en marche dans le mauvais sens sur l’éducation

par Laurent Herblay
mardi 13 février 2018

Les premières déclarations de Jean-Michel Blanquer laissaient espérer que l’éducation nationale serait un des rares domaines où le bilan de ce quinquennat pourrait être positif. Patatras ! Plus le temps passe, et plus les vieux réflexes néfastes du passé refont surface, que ce soit sur la réforme à venir du baccalauréat ou le ridicule rapport Bergé, condensé des poncifs du passé.

 
Toujours plus… du même… qui ne marche pas
 
Ce n’est pas faute que les politiques du passé aient produit de bons résultats… En décembre, un article du Point pointait la dégradation alarmante du niveau des professeurs en français ! Le premier syndicat des enseignants du primaire reconnait « une déperdition en orthographe  » et soutient que « le plus important, c’est la pédagogie et la motivation (…) ce n’est pas le concours qu’on brade, c’est le métier. Cela irait mieux s’il y avait de meilleurs salaires, une meilleure reconnaissance ». Il y a deux mois, une étude révélait les piètres résultats des enfants français de CM1 en lecture, 34ème sur 50 pays et dernier parmi l’UE ainsi qu’une profonde insatisfaction des professeurs sur leur métier.
 
Il y a quinze jours, nous avons eu droit à un rapport sur la réforme du baccalauréat, dans la droite lignée des premières annonces du ministre : suppression des filières, réduction à quatre du nombre d’épreuves écrites, fort poids du contrôle continu, fin des oraux de rattrapage, introduction d’un grand oral. Tout ce que l’on pouvait craindre est bien dans ce rapport applaudi par les cruches médiatiques qui le jugent cher. On peut croire qu’à défaut d’y mettre fin, les opposants au baccalauréat commencent par le déconstruire et que ce n’est qu’une étape. Pourtant, cet examen national est le seul moyen d’assurer une véritable égalité entre les élèves, et éviter une forme de discrimination géographique.
 
Malheureusement, à la réforme du baccalauréat, s’ajoute l’effarant rapport Bergé, qui reprend les poncifs habituels des intellectuels qui ont déconstruit notre système éducatif, dénoncé par bien des professeursFatiha Boudjahlat ou Olivier Val sur le FigaroVox. Ce rapport effarant incrimine des professeurs déconnectés des quartiers où ils enseignent, utilisant un vocabulaire « involontairement opaque  », et propose une semaine du goût où toutes les familles apporteraient des plats de leurs régions d’origine. Le niveau baisse ? Aurore Bergé propose une semaine couscous et mafé pour reprendre Fatiha Boudjahlat, qui rappelle que les professeurs sont mal payés au France par rapport à l’OCDE.
 
Fatiha Boudjahlat en profite pour rappeler les prises de position de Terra Nova, le think tank aux tendances macronistes, qui font froid dans le dos, entre programmes à géométrie variable ou relativisme sur la place du français. Elle souligne que la dégradation de l’école publique pousse à une fuite vers le privé. Olivier Vial souligne que les difficultés entre professeurs et parents d’élèves viennent justement de ceux qui poussent ce genre d’idées, que les professeurs ont été privés d’autorité, que ce soit sur les élèves, qu’il ne faudrait peut-être même plus noter, et, à qui on demande sans cesse de baisser leurs exigences pour ne pas stigmatiser, dans un grand écart sidérant et angoissant avec le monde adulte.
 
 
A la rentrée, on pouvait espérer que l’éducation serait le coin de ciel bleu de ce mandat. Mais ces dernières semaines pourraient bien avoir enterré toute illusion. Derrière les quelques annonces intéressantes du ministre, comme sur bien des sujets, la même politique délétère, dont les échecs sont pourtant patents, se poursuit, inexorablement. Le changement, ce n’est pas pour maintenant.

Lire l'article complet, et les commentaires