Baccalauréat : la grande braderie en graphique

par Laurent Herblay
jeudi 24 juillet 2014

C’est un sujet qui me tient à cœur depuis longtemps que le blog Rétroviseurs est parvenu à résumer de manière extrêmement visuel avec un graphique représentant le pourcentage de mentions au baccalauréat de 1967 à 2014. La meilleure illustration de la grande braderie en cours.

Soldes sur les mentions
 
En 1974 comme en 1989, 5% des bacheliers décrochaient une mention bien et 1% une mention très bien. En revanche, seulement 20% des bacheliers décrochaient une mention assez bien en 1989, contre 38% en 1974. Il faut sans doute y voir en partie une conséquence de la forte augmentation de la proportion d’une génération atteignant le bac. Mais depuis 1989, la proportion de mentions a explosé alors même qu’une proportion grandissante de la population atteint le bac. Les mentions très bien, confinées à 1% des lauréats jusque là, ne cesse de grimper, passant à 3% en 2004, 7% en 2010 et même un incroyable 12% en 2014 (deux fois la part de mentions très bien et bien en 1989). Difficile de croire qu’il y aurait quatre fois plus de jeunes bacheliers qui l’auraient décroché avec les standards d’il y a 25 ans.
 
L’envolée concerne également la mention bien, passée de 5 à 18% en un quart de siècle. Alors que 6% des bacheliers décrochaient la mention bien ou très bien en 1989, ils sont la bagatelle de 30% aujourd’hui, 5 fois plus qu’une génération avant ! Même la mention assez bien progresse, plus marginalement, puisqu’elle a été attribuée à 28% des bacheliers en 2014 contre 20% en 1989. Alors, seuls 26% des bacheliers avaient une mention. Ils sont aujourd’hui 58%. Comment ne pas y voir une illustration de cette pensée « pédagogiste » qui consiste à refuser toute source potentielle de tension pour les élèves et qui pousse certains à envisager purement et simplement la suppression des notes ou du baccalauréat pour en finir avec un système qui serait inutilement trop dur et même traumatisant avec les enfants.
 
Une voie sans issue

Tous les professeurs un peu sérieux admettent aujourd’hui que cette envolée de la proportion des mentions n’est eu aucun cas une conséquence d’une amélioration proportionnelle du niveau des élèves. Ouvertement ou non, ils reconnaissent souvent que les programmes ont été allégés, que les exigences ont baissé et que les échelles de notation ont été largement assouplies. Aucune étude ne montre lien entre un certain laxisme dans la notation et le niveau des élèves. Pire, sans pour autant fermer un œil sur les faiblesses de certains systèmes éducatifs asiatiques, le classement PISA (pas sans limite, comme tout classement), semble valider implicitement des systèmes de notation plus exigeants. Et 25 années d’assouplissement des notations en France ne semblent pas avoir produit le moindre bénéfice.

La jeunesse de 2014 ne semble pas mieux dans ses baskets que celle de 1989, malgré les 30% de mention bien ou très-bien contre 6% alors et son niveau scolaire ne semble pas meilleur, ce qui amène à poser la question de l’intérêt d’un tel assouplissement. Car le risque avec cette notation façon « école des fans » a le défaut de risquer de casser le thermomètre et de ne pas permettre d’identifier les matières ou les domaines ou les enfants doivent travailler. Du coup, nous nous retrouvons aujourd’hui avec les inconvénients d’un système de notation de plus en plus généreux, sans en avoir gagné le moindre bénéfice théorique, sachant que ses partisans ne peuvent pas dire que la durée de l’expérience est insuffisante pour en tirer les bénéfices puisqu’elle dure depuis au moins 25 ans…
 
Merci donc au blog Rétroviseurs de montrer qu’une mention très bien aujourd’hui est deux fois plus courante qu’une mention très bien ou bien il y a 25 ans. Et malheureusement, il semble bien qu’elle vaille deux fois moins qu’une mention bien étant donné que le niveau semble stagner, au mieux.

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