Banlieues, Amiens et ... autres

par Vertenoeil Christian
lundi 20 août 2012

Quand on arrive en ville ! Banlieues … sévir ou comprendre ? Révolte ou révolution ?

1978, Daniel Balavoine chantait : 
« Quand on arrive en ville
Tout l’monde change de trottoir
On n’a pas l’air virils
Mais on fait peur à voir »
 
2012, on ne regarde plus « Starmania » confortablement installé dans un fauteuil d’orchestre, on est au cœur du spectacle…
A qui la faute ? A la « racaille », bien sûr !
Mais s’est-on déjà demandé pourquoi « ils » agissent ainsi ?
 
« Nous tout c’qu’on veut c’est être heureux
Etre heureux avant être vieux
On n’a pas le temps d’attendre d’avoir trente ans
Nous tout c’qu’on veut c’être heureux
On prend tout c’qu’on veut mais en attendant »
 
C’est quoi être heureux ? Si l’on en croit la pub, c’est avoir une belle bagnole, le lecteur MP3 dernier modèle, le PC dernier look. Les réclames agressent les pauvres jusqu’au sein de leurs ghettos. Eux ils survivent avec une indemnité mensuelle du CPAS qui s’élève à 600 €, ou une allocation de chômage de 800 €. Je parle bien entendu de la Belgique, la situation étant comparable à celle de la France, mais j’ignore les chiffres exacts de nos voisins. Une personne isolée, sans voiture, doit pour se loger, se vêtir, se chauffer et se nourrir disposer de 1.000 € par mois. Pour moi, il s’agit là du seuil de la pauvreté.
 
Si on leur donne quelques miettes du gâteau, ce n’est même pas par charité, c’est pour qu’ils puissent les dépenser en achetant des produits souvent inutiles, vus sur le dernier « folder », mais dont l’acquisition permet à l’économie de fonctionner. Les décideurs croyaient également que ces aumônes allaient calmer le quart monde, satisfait de son sort.
 
On a fait croire aux pauvres qu’en réussissant dans le sport, ils allaient sortir de leurs cités comme Zidane ou Kompany. On leur avait donné une raison d’espérer. On leur racontait un compte de féée. Maintenant ils se rendent compte qu’ils ont été leurrés. On leur claque à la tête les revenus de Clijsters, Henin, Beeckam, Amstrong … On affiche le hit-parade indécent des grosses fortunes, Albert Frère, Solvay… Les abus de biens sociaux, les détournements de fonds de ceux qu’ils croyaient avoir élu pour les défendre les interpellent. Ils se disent que le fric existe, mais qu’il n’est pas pour eux. Il est réservé à la dynastie politicienne, qui remplacé la dynastie aristocratique. « On a pris la Bastille, mais cela n’a rien arrangé » (Jacques Brel).
 
« On agit sans mobile
Ca vous paraît bizarre
C’est p’t être qu’on est débile
C’est p’t être par désespoir
Du moins c’est ce que disent les journaux du soir
Quand on arrive en ville »
 
On s’insurge contre la violence. Mais où se trouve la violence ?
La vie dans les cités, c’est aussi la violence au quotidien :
La violence d’être en échec scolaire avant même d’avoir commencé ses études ;
La violence de se voir refuser tout emploi, alors qu’on a tous les diplômes nécessaires, mais pas les bonnes origines, ni les bonnes relations ;
La violence de devoir enchaîner missions d’intérim sur petits boulots, violence d’un travail d’esclave payé de miettes ;
La violence de devoir habiter des logements dégradés, inadaptés ;
La violence des brimades policières quotidiennes ;
La violence de couvre-feux et d’un état d’urgence digne de la guerre ;
La violence d’une société hypocrite qui ne laisse le choix qu’entre la résignation et la frustration.
Ce ne sont pas les jeunes qui sont violents, mais c’est la Société. Les médias, les hommes politiques disent qu’il faut leur redonner des repères. Comme Saint Exupéry disait qu’ « Il faut donner un sens à la vie des hommes ». Mais lequel ? Celui de la loi du fric, de la compétition et de l’exclusion, de la loi du plus fort ?
La révolte, c’est ce qui reste à ceux qui n’ont rien. C’est la dignité de celles et de ceux qui ne veulent pas d’une existence sans avenir.

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