Borgen, une femme au pouvoir
par hommelibre
mercredi 7 novembre 2012
La série Borgen est intéressante et bien faite. Elle décrit la lutte pour le pouvoir au Danemark. Le Premier ministre est une femme, Birgitte Nyborg. Comment gère-t-on le pouvoir dans une démocratie représentative ? Quels sont les compromis nécessaires et les coups bas ? Jusqu’où faut-il sacrifier sa vie personnelle pour administrer un pays ?
Cette série passe ou a passé à des dates différentes selon les pays. L’un des dernier épisodes que j'ai regardé décrit la maladie et les soins de la fille de cette femme Premier ministre, qui se met un mois en congé de ses fonctions pour la soutenir dans sa guérison. Aussitôt ses alliés tentent de prendre sa place. S’y mêle la presse à scandale prête à tout pour quelques clichés compromettants. On lui demande de choisir : si sa priorité est sa famille plus que sa fonction, elle devrait en tirer les conclusions. Cet épisode est excessif car à ma connaissance aucun premier ministre n’a demandé à être momentanément remplacé pour raisons familiales. Mais il illustre bien le dilemme pour cette femme politique qui est également mère.
Au fil des épisodes on la voit aussi perdre son couple. Trop occupée, elle oublie son mari qui fait du bovarysme ! Un comble : l’homme se plaint d’être délaissé et va chercher du réconfort ailleurs.
Série bien faite, scénario solide malgré quelques facilités, personnages attachants et un excellent casting. Tous les rôles sont bien servis par d’excellents acteurs.
Deux réflexions en regardant Borgen :
1. En politique à un certain niveau l’investissement est total. Il semble difficile de concilier
Dans la série c’est une femme qui exerce une carrière politique. Les femmes ayant souhaité s’investir dans la vie publique et dans le business, elles découvrent elles aussi ce que cela signifie et tout ce qui est sacrifié pour une carrière. Seront-elles mieux comprises par leur mari ?
Un conseil : si vous rêvez d’une vie plan-plan, sans idéal ni ambition, ne la partagez pas avec un conjoint ou une conjointe habités d’ambition ou d’une vocation ! Mieux vaut être deux salariés à un poste subalterne.
2. La deuxième réflexion porte sur la notion d’alliance. Pas simplement le mariage mais le choix de vie solidaire et le projet commun qui devrait être posé quand un couple s’engage. Dans le temps, la famille et les enfants étaient une priorité. L’alliance, le projet solidaire, était la famille, issue peut-être de la notion de clan. Le clan et la famille assuraient la survie des individus, et étaient en principe un lieu de soutien mutuel même dans les difficultés.
Un couple ce n’est pas qu’une affinité, ou des sentiments amoureux, un désir, un besoin : c’est aussi une alliance, une solidarité, un soutien mutuel, un projet de vie. Dans Borgen, le mari aurait dû soutenir la carrière de son épouse et accepter que leur relation en était modifiée.
Un couple sans alliance est soumis aux aléas sentimentaux et à la valeur comptable de ce qui est échangé. C’est un couple où le déficit temporaire est insupportable. Où la dépendance envers l’Etat et la justice est grandissante pour régler les besoins et les conflits. Un couple sans force.