Braquage géant chez Smart : les bandits ne courent même pas
par Monolecte
mardi 15 septembre 2015
Le simple fait de faire primer l’accord d’entreprise sur la loi suffit amplement à faire de la protection des salariés soumis à la subordination de leurs moyens de subsistance une vue de l’esprit.
Simple exemple comme cela en passant d’une information tronquée au profit de la thèse libérale dominante, la manière dont la consultation des salariés de l’usine Smart à Hambach (Moselle) a été traitée me semble significative du peu de sérieux et d’objectivité de nos journaux français. En effet, la plupart se sont empressés de titrer, comme pour encourager les positions régressives du Medef et de l’aile droite du PS, que les salariés de Smart ont voté à 56 % pour un retour aux 39 heures payées 37, ce qui signifierait leur adhésion pleine et entière aux thèses libérales. C’est aller un peu vite en besogne, la réalité étant quelque peu plus nuancée. En effet, bien que ce résultat soit exact, il convient de souligner la composition de ce vote auquel 385 cadres consultés et seulement 39 % des 367 ouvriers (qui ont voté contre à 61 %) ont participé.
Source : Chez #Smart, la guerre des classes a bien eu lieu | les échos de la gauchosphère
Déjà, en admettant que la « consultation » ait eu lieu dans de bonnes conditions, il y a tout de même 44 % des salariés qui se font voler du salaire à leur corps défendant. Parce que oui, il faut appeler les choses par leur nom : on leur vole du salaire sans autre forme de procès.
Ensuite, comme le souligne notre ami Gauche de combat, ce n’est pas une consultation, ni une négociation, ni rien de ce genre. Il ne peut y avoir négociation qu’entre deux parties d’égale force. Ici, c’est seulement de l’extorsion de fonds obtenue par chantage. J’ai rigolé amèrement en écoutant les éléments de langage des médias pour parler de ce coup de force, eux qui sont si prompts à qualifier les luttes ouvrières de « prises d’otages », surtout quand ça emmerde les bourgeois. Cela aurait été bien plus approprié au moment où l’on demande à des gens de voter contre leurs intérêts en menaçant ouvertement leurs moyens de survie et ceux de leur famille.
Enfin — et comme cet article le rappelle à bon escient —, ces prises d’otages patronales sont assorties de fausses promesses qui sont généralement trahies dans les 24 mois qui suivent sans que les cocus de l’histoire soient dédommagés de quelque manière que ce soit. Ce n’est pas une vue de l’esprit, c’est systématique.
En gros, les baisses de salaires sont imposées pour financer la revente à la découpe et la délocalisation sans frais. Et c’est tout.
Depuis le temps que ce sinistre scénario se reproduit, on ne peut plus parler d’ignorance ou d’aveuglement des responsables sociaux, médiatiques et politiques, mais bel et bien de complicité. Et ça m’étonnerait bien qu’ils le fassent gratos…