Burqua : un argumentaire approximatif, … peur de mieux

par Michel Koutouzis
lundi 22 juin 2009

 Le débat sur la burqua s’enlise. Jusqu’à quel point les signes ostentatoires et l’affirmation culturelle (ou religieuse) sont-ils acceptés chez nous ? Le voile oui, la burqua, non. Une ou deux burqua, pourquoi pas, des dizaines, non. Le choix individuel, oui. Le contrôle social, parental, ou matrimonial, non. La laïcité à l’école, mais la rue est un « espace privé ». Non à la burqua à l’hôpital, à l’école, oui chez soi. Non à la burqua, oui à la kipa. Une croix cachée sous le chemisier, oui. Un pavé en or racontant le supplice du Christ, non. Le voile, non. La perruque qui cache le crâne rasé, oui. C’est une question d’esthétique, d’eumétrie, de citoyenneté, de liberté ou de libre arbitre, et j’en passe… Le flou reste absolu, on nage dans l’approximatif, le sentiment ou le ressentiment. … On veut et ne veut pas.

Nul doute que le problème est complexe, parasité par des arrière pensées, des craintes, des non dits, du dressage référant au correct. Des peurs aussi : peur de racisme, d’intransigeance, d’extrémisme (laïque, religieux, politique).

D’intolérance.

Et si on renversait la donne. Si on acceptait que désormais, de nos signes distinctifs, une infime minorité soient religieux. Que le post modernisme est aussi du post religieux. Que chez nous, la mini-jupe, les chevaux colorés, les bas moulants, le string, les tatouages, les cravates et les caleçons polycolores nous distinguent autant que la croix, la kipa ou le voile. Que la pilule est aussi culturelle que le cacher. Que nous sommes une société multi signaux et appartenances, comme l’est Israël : le bikini côtoie les bouclettes des loubavitch. Que les caractéristiques de notre appartenance, nos signes distinctifs culturels sont tous ceux là à la fois, tout comme l’intégration de l’homosexualité, le langage cru, la vacuité de notre télé, les seins nus à la plage, etc.

Dans ce monde globalisé et non plus fragmenté et étanche, dans ce monde des voyages express ou l’on change de continent et de pays comme de chemise, la seule règle possible est celle de la réciprocité.

En Malaisie, la burqua me choque peut-être mais ne me dérange pas : les mini jupes des chinoises et les sari des indiennes créent une harmonie, comme en Israël : les fondamentalistes y crient peut-être au scandale mais une transsexuelle a remporté Eurovision. C’est comme chez nous. Le curé peut toujours préférer les costumes sombres, et des robes longues, mais il accepte un punk troué de partout ou un motard farouche (ça existe) qui va au confessionnal.

Le jour où à Riad une femme pourra, sans craindre les foudres de la loi islamique ou le jet de pierres des fervents défenseurs de l’orthodoxie sectaire (c’est oxymore mais c’est vrai), le jour où elle pourra conduire sa voiture et faire ses courses toute seule, le jour ou dans une famille musulmane une fille sera voilée et l’autre en mini-jupe (aujourd’hui c’est l’un ou l’autre) serons nous peut-être moins effarouchés.

La réciprocité se bâtit, dans les relations internationales, par des accords bilatéraux ou des conventions. Allons-y. Exigeons à nos gouvernements, au lieu de discourir avec des arguments foireux, d’exiger la reconnaissance de l’autre et de nous mêmes : que les signes distinctifs, culturels ou religieux des uns et des autres soient respectés par des accords : Nous acceptons la burqua, vous acceptez le string. Ca ne vous plait pas ? Ca ne plait pas non plus à nos propres religieux, mais ils l’acceptent. C’est pour cela qu’on les tolère…


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