Buzze-moi ou quand le buzz aplatit le monde

par Mikaël Cabon
mercredi 18 novembre 2009

A l’heure du porno-chic, il est nécessaire pour appâter les foules de proposer autre chose que des parties de jambes en l’air sur la plage naissante à l’heure de la marée descendante sous l’autorité de la Lune. Oui, pour attirer l’attention aujourd’hui, il faut buzzer.

La terre est plate

Après tout est-ce gênant quand on fait de la publicité, que l’on cherche à vendre, tout cela n’est finalement pas si sérieux. C’est une stratégie publicitaire et tant pis si nous nous laissons prendre à ces techniques. Quand cela menace inutilement l’ordre public, quand des personnes sont mises en danger, parfois par elles-mêmes, uniquement pour le buzz, cela devient inquiétant. Car le buzz est par nature provisoire, presque évanescent. Est-il apparu déjà il repart pour un autre contenu, un autre contenant, un autre buzzeur ? Il délaisse les sujets de fonds pour se préoccuper des historiettes. Le buzz est un accélérateur de particules très élémentaires. Il rétrécit le champ de vision, aplatit le monde dans sa perception. Tout est égal, tout est important ou futile, tout est quantitativement mesuré (le buzz aussi quantifié en terme d’équivalent budget publicitaire). Tout est mortel, puisque le buzz meurt généralement dans les deux ou trois jours de sa naissance, un peu comme une mouche naissant dans de la matière organique. Et on twitte, moi le premier, et on adore le lien de machin, la photo de bidule, on réagit épidermiquement aux événements. « Jean Sarkozy, le peuple aura ta peau », trois semaines après, les révolutionnaires ont rangé leur faucille. Les médicaments de contres-façons, le discours de Cotonou est déjà noyé par la préparation du sommet de Copenhague et la journée de la gentillesse. A vot’bon cœur, messieurs-dames. Et ainsi s’étale, s’emballe chaque jour qui passe, nous file entre les doigts les sujets à tiroir, que l’on ouvre et que l’on referme aussi rapidement, frénétiquement, compulsivement. Un problème n’en devient un que si l’on prend le temps de le regarder une seconde. Avec le buzz pas de risques. Parfois on fait du buzz avec du buzz, c’est le buzz au carré. C’est bon ça Coco, parce que du coup on ne fait utiliser que le buzz de quelqu’un d’autre, mais pour une raison qui tient à la notoriété du buzzeur de second degré, on croit que c’est lui le découvreur de buzz, alors qu’en fait non. Portnawak.

  1. Les deux cons géniallismes qui ont eu cette idée ne sont pas à leur coup d’essai. L’un d’entre eux avait d’ailleurs lancé un site internet visant à promouvoir d’aides à l’écriture des devoirs scolaires. Cela avait provoqué un tollé, l’autre nom du buzz pour ceux qui ont encore un dictionnaire chez eux, entraîne plein de retombées presse, vu que les médias (dont je suis) passent plus de temps à parler de ce qui buzze plutôt que d’enquêter. Et le site avait fermé. En fait, il est vraisemblable que le personnage n’ait jamais eu l’intention d’ouvrir son site. IL s’en est plutôt servi comme buzz. Il a ensuite été embauché par la société de promotion du web en question dans cette distribution d’argent.


Lire l'article complet, et les commentaires