C’était l’un des plus beaux métiers du Monde...

par CHALOT
samedi 8 septembre 2012

Il faudra faire le bilan de cette rentrée ….

Des professeurs envoyés dans des écoles, des collèges et des lycées, sans aucune formation souffrent.

Certains s'en sortent, d'autres connaissent de grandes difficultés : ils maîtrisent leur contenu mais ne savent pas « prendre en main une classe »car l'enseignement ne s'improvise pas.

L'un des plus beaux métiers du monde devient dans notre pays l'un des plus difficiles et des plus dangereux.

Aujourd'hui, ou le gouvernement met en place les moyens pour assurer la formation disciplinaire et surtout pédagogique des nouveaux enseignants, ou il sera responsable de la dégradation de la situation de l'enseignement

Le syndicat SUD Éducation lance un cri d'alerte, à la suite de ce drame qui est survenu dans le Calvados avec le suicide d'un enseignant.

« Le jour de la rentrée scolaire, un professeur des écoles, nouvellement affecté dans un lycée (14), a mis fin à ses jours chez lui. Le syndicat SUD Éducation Calvados garantit de son soutien et présente ses sincères condoléances à sa famille, à l'ensemble de ses proches et de ses collègues.

Pour SUD Éducation Calvados et SOLIDAIRES, cet événement tragique rappelle de façon dramatique la situation de souffrance des personnels de l’Éducation Nationale qui n'a fait qu'empirer ces dernières années. Les causes ne sont pas à chercher dans la vie personnelle de cet enseignant mais dans l'organisation pathogène du travail :

- augmentation du nombre d'élèves par classe, notamment en mixant des groupes de formation différente (élèves de L, ES et S ensemble)

- élèves "difficiles"

- affectations correspondant à des postes non demandés

- quasi-absence de formation et de confrontation d'expériences en collectif (IUFM)

- reconversions sans mise en place de formation continue

- contre-réformes qui se sont succédées à un rythme accéléré, au gré du libéralisme, sans prendre en compte les effets sur les salarié-e-s.
 

Pour beaucoup de ses collègues, le manque d’accompagnement et de formation à un métier d’enseignant très différent, conjugué à une haute conscience professionnelle ont généré une souffrance insupportable. Ce, d’autant qu’il venait d’assumer une année avec une classe très difficile qui l’avait épuisé.

Sud Éducation Calvados demande au rectorat et au ministère de cesser la mise en place d'organisations du travail reconnues comme pathogènes. Malgré de nombreux suicides dans l’Éducation Nationale, le ministère n'a pris aucune décision pour mettre fin à ces situations. Comme après chaque suicide, le rectorat nie la relation avec le travail et dans ce dernier cas utilise une cellule dite psychologique pour demander au personnel de rester silencieux sur l’événement et pouvoir d'autant mieux renvoyer à la sphère privée. Nous dénonçons cette attitude irresponsable qui refuse de remonter aux causes de l'événement. C'est pourquoi nous demandons la tenue d'un Comité Hygiène Sécurité et Conditions de Travail extraordinaire dans lequel nous exigerons une enquête pour :

- recueillir les premiers témoignages qui risquent de changer après réflexions ... et/ou pressions…,

- permettre de prendre les mesures adaptées pour que ça ne se renouvelle pas,

- mettre en cause l'employeur puisqu'il est responsable de la sauvegarde de la santé physique et mentale du salarié, contre-partie du lien de subordination,

- constituer le dossier accident du travail devant la sécurité sociale.

Nous, militants syndicaux sommes fondés et légitimes à émettre l'hypothèse dans le cas d'un suicide que les conditions de travail de la victime peuvent avoir un lien avec son geste. Faire cette hypothèse et mettre en œuvre des actions pour la vérifier n'est pas instrumentaliser un suicide mais agir dans le cadre de nos prérogatives. »

A Hérouville Saint Clair, le 6 septembre 2012

Cet appel ne nous laisse pas indifférents, il doit être entendu...

Les propositions émises par ce syndicat sont intéressantes, d'autres doivent émerger, comme celle qui consiste à réduire la dimension des établissements scolaires du secondaire....

Il ne suffit pas de mettre des moyens, « encore plus » mais, sans céder sur l'essentiel, prendre en compte les nouvelles réalités sociales.

Je m'explique ; dans des collèges « zonés », dits difficiles, les chefs d'établissement peuvent recruter dans le cadre des financements préfectoraux de politique de la ville des adultes relais qui assurent des missions de médiation.

Mais ces personnels sont recrutés et mis sur un poste sans formation ni même préparation à leur fonction.

Pourquoi ne pas créer un corps de médiateurs, qualifiés pouvant effectivement être l'inter face entre les élèves et les profs et entre l'établissement et les parents, en complémentarité avec l'enseignement ?

Il faut arrêter le bricolage, réfléchir et prendre des décisions pour que l'un des plus beaux métiers du monde ne deviennent pas le m étier qu'on ne voudrait surtout ne pas faire !


Jean-François Chalot


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