Cannabis : l’étude qui donne raison ŕ Peillon

par Henry Moreigne
lundi 15 octobre 2012

Vincent Peillon, a relancé dimanche 15 octobre, contre la volonté du Premier ministre, le débat sur la dépénalisation du cannabis. Sur France Inter, le ministre de l'éducation nationale a considéré que la question mérite d'être posée comme moyen de lutter contre les trafics dans les cités. C'est également une question de santé publique. La France a en effet repris la tête du classement des pays européens pour la consommation de cannabis chez les jeunes. Or, selon une étude récente, une consommation régulière et prolongée de cannabis, commencée à l'adolescence, peut entraîner une altération des performances intellectuelles. Avec une baisse du quotient intellectuel (QI) à l'âge adulte allant jusqu'à 8 points.

Passons sur la question de la sécurité publique tant il est évident que la prohibition alimente une économie souterraine et une délinquance organisées pour lesquelles les coups de filet prennent des allures de coups d'épée dans l'eau.

Le pragmatisme en la matière ne semble pas à l'ordre du jour. La droite et une partie de la gauche éructent au simple exposé de la question, préférant fermer d'entrée tout débat en se drapant dans les apparats de la vertu. Comme si, dans un manichéisme simplificateur absurde, il y avait d'un côté les gardiens de la morale et de l'autre les permissifs dégénérés.

Electoralement payant dans un pays vieillissant, le statu quo est pourtant désastreux. A minima sur le plan sanitaire. Il suffit pour s'en assurer de revenir sur le dossier consacré sur le sujet par Le Monde dans son édition du 6 septembre. Sous le titre parlant "Cannabis chez les adolescents : le QI en fumée" la journaliste Sandrine Cabut dresse le constat d'une situation inquiétante.

Alors que dans notre pays un collégien sur dix a déjà expérimenté le cannabis, une étude publiée le 27 août dans une revue scientifique de grande qualité, les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (PNAS), conclue qu'une consommation régulière et prolongée de cannabis, commencée à l'adolescence, peut entraîner une altération des performances intellectuelles avec une baisse du quotient intellectuel (QI) à l'âge adulte allant jusqu'à 8 points.

On connaissait depuis longtemps les troubles cognitifs liés à la consommation de cannabis - troubles de mémoire, de l'attention et de la concentration, manque de motivation - mais l'étude va bien au-delà en pointant des altérations que l'arrêt ou la réduction de la consommation de la drogue n'ont pas restauré et qui handicaperont toute leur vie les jeunes fumeurs.

Comme le souligne Sandrine Cabut, l'étude "enfonce le clou sur la vulnérabilité du cerveau adolescent à cette drogue". Les jeunes consommateurs, ceux dont la maturation du cerveau n'est pas achevée sont donc particulièrement exposés et doivent être protégés. Cette conclusion est bien entendu également valable pour une autre drogue légalisée qui fait des ravages chez les jeunes : l'alcool et la pratique du binge-drinking.

Alcool et cannabis seront-ils à notre époque ce que le saturnisme a été à l'époque romaine avec la fin que l'on connaît ? Il appartient aux pouvoirs publics de répondre à cette question plutôt que de faire la politique de l'autruche.


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