Cette rentrée qui disqualifie plus encore le passe sanitaire

par Laurent Herblay
samedi 28 août 2021

Encore une fois, en juillet dernier, avec le passe sanitaire, Macron a décidé de distinguer notre pays par une politique sanitaire aussi liberticide et autoritaire que complexe et arbitraire, faisant à nouveau de la France un Absurdistan autoritaire. Un mois et demi après, alors que des centaines de milliers de citoyens continuent à se mobiliser tous les samedis pour s’y opposer, le recul rend les décisions du 12 juillet encore plus révoltantes, plus politiques que sanitaires, comme beaucoup le soulignaient alors.

 

Passe orwellien, stigmatisant et inefficace pour une vaguelette

La macronie et bien des média en ont beaucoup rajouté au début de l’été sur cette quatrième vague de la pandémie. Il est vrai qu’en nombre de cas, elle reste importante. Mais même sur ce seul critère, il convient de remettre les choses en perspective et noter que le pic du nombre de cas est resté bien inférieur à celui de la vague précédente, de l’ordre de 25% en Grande-Bretagne ou en Espagne, de 40% en France, et même de 70% en Italie. Le pic remonte au 21 juillet outre-Manche et au 16 août pour notre pays. En outre, il convient de relativiser les chiffres français car l’instauration du passe a démultiplié le nombre de tests, gratuits, et rend probablement biaisées les comparaisons avec des périodes où il n’y avait pas le passe pour pousser à se tester aussi souvent que cela est le cas maintenant.

Mais surtout, principalement du fait de la vaccination, et peut-être d’une moindre gravité du variant delta, les conséquences humaines sont très largement inférieures. En Grande-Bretagne, le niveau de mortalité reste plus de 90% inférieur au pic précédent, heureusement. De manière assez surprenante au premier abord, le niveau de mortalité en France est passé au-dessus de notre voisin, en restant plus de 60% sous le précédent pic, malgré un nombre de cas nettement inférieur. Cela s’explique sans doute par une couverture vaccinale inférieure des populations à risque, résultat de la gestion de la crise de l’exécutif, passant du scepticisme sur les vaccins pendant toute l’année 2020, à une obligation qui n’en a pas le nom, autoritaire et dédaigneuse, tout en multipliant les mensonges les plus grossiers.

Les partisans de l’exécutif pourront toujours s’appuyer sur cette moindre mortalité pour affirmer que leur politique sauverait des vies et que, sans le passe et l’augmentation de la couverture vaccinale, le bilan serait plus lourd, mais les chiffres britanniques contredisent largement un tel argumentaire. Bien sûr, les chiffres de notre voisin d’outre-Manche semblent clairement démontrer que la vaccination marche, l’avance du pays se traduisant par une moindre mortalité. Mais, ils questionnent le choix du tout autoritaire de la France. Boris Johnson, malgré l’opposition virulente de beaucoup, a choisi de libérer le pays des contraintes mi-juillet, en pleine’envolée du nombre de cas, pariant sur le fait que la vaccination rapide et très avancée permettrait de protéger ses citoyens sans nouvelles mesures liberticides.

Son choix s’est avéré pertinent. La mortalité est aujourd’hui bien plus forte en Espagne, et significativement plus forte en France, du fait du lourd retard de l’UE dans l’approvisionnement des vaccins et du discours aberrant de notre exécutif. A contrario, aujourd’hui, la France de Macron, c’est à la fois les pires restrictions aux libertés publiques, et le nombre de morts le plus élevé après l’Espagne. Comme on pouvait malheureusement le craindre, les règles effarantes de Macron ne semblent n’avoir eu aucun impact sur le flot des morts, tout en introduisant des règles discriminatoires révoltantes entre les citoyens, certains n’ayant pas le temps de conserver leurs libertés. Pire, cela créé un nouveau précédent liberticide préoccupant et remet un peu trop facilement en cause les principes de nos sociétés.

Ainsi, le passe sanitaire se révèle un fiasco sanitaire. La justice commence à le remettre en cause, comme cela a été fait au sujet de son instauration pour les centres commerciaux, dans les Yvelines. Michel-Edouard Leclerc demande également sa réévaluation et demande sa fin dans les centres commerciaux. Mais, très paradoxalement, il reste, pour le moment, un succès politique, une majorité semblant encore le soutenir. Et c’était le seul but de Macron, qui a vu une opportunité politique à mettre en place son Absurdistan autoritaire, qui met en difficulté une grande partie de l’opposition, tout en soudant une majorité qui semble ne pas encore voir les innombrables vices de cet outil orwellien. La levée de bien des restrictions pour la rentrée scolaire et étudiante paraît paradoxale, pour ne pas dire contradictoire, devant la lourdeur qu’impose le passe sanitaire, et rappelle aussi que les choix faits ici sont surtout politiques.

Tant qu’une majorité soutient le passe, Macron est gagnant. Mais la force des mobilisations de cet été, à un moment qui y est tellement peu propice, amène à relativiser les sondages estivaux. Le moment de vérité vient et sera dans les prochaines semaines. Si les Français ne sont plus convaincus de la pertinence du passe, et finissent par rejetter l’Absurdistan autoritaire, Macron serait grandement fragilisé.


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