Charlie Hebdo et le retour de l’Inquisition

par Allain Jules
mercredi 30 juillet 2008

Tristesse, désolation peut-être, mais, avant tout, honte. Que se passe-t-il en France ? Sommes-nous alanguis ou simplement devenus clones de l’époque albigeoise, croyant au passage que nous sommes revigorés en poursuivant chaque con, que nous sommes par ailleurs, devant les tribunaux ?

C’est avec consternation que j’ai appris hier, d’une part, l’implication gouvernementale dans cette petite algarade Val-Siné, via Christine Albanel. D’autre part, de voir, au XXIe siècle, un bond en arrière de 900 ans me désole au plus haut point. Nous sommes rentrés de plain-pied au XIIIe siècle. C’est un paradoxe.

C’est le retour de l’Inquisition. On ne peut plus rien dire. Rien faire. Rien dénoncer. Rien critiquer. On se substitue à la justice pour lyncher, accuser, attaquer et noyer parfois le poisson, en habillant de prétextes calomnieux et toujours fantaisistes, nos diatribes.


Aussi arbitraire que vexatoire, le retour à l’ordre moral risque plutôt de mettre sur pied une nouvelle société où la peur et la délation remplaceront la liberté, si ce n’est déjà fait. Liberté n’est pas libertinage, loin s’en faut. En revanche, la contrainte et l’humiliation qu’on veut infliger aux uns et aux autres reste l’ultime syncrétisme d’un ensemble hétéroclite qui va à vau-l’eau.

Les "hérétiques" seront dorénavant châtiés, probablement, pour leur témérité. Il faut donner l’exemple. Alors la police des moeurs scrute l’horizon, entre par effraction dans nos têtes pour y tirer ses convictions, pensant que ce sont les nôtres. Dans le rôle du pape Innocent III, je demande la Licra, ceux qui soutiennent les tests ADN, et dont on ne sait pas à quoi sert son "R" sur son logo, empêtrés dans un maccarthysme crasse. Sa réaction tardive à ester Siné en justice montre bien qu’il y a une volonté certaine d’en découdre, pour faire taire. D’où viennent les pressions ?

Il faut mater, que dis-je, éliminer, éradiquer les Cathares. Cette fois, quid des tribunaux ecclésiastiques, c’est d’abord les canards, puis, les tribunaux civils. Oui, nous y sommes presque. Mettons de l’entrain, de la force, du mouvement... pour rien du tout. Mettons surtout nos adversaires, pas forcément nos ennemis, au ban de la société. On tue sans raison, gâchant des vies, pour satisfaire notre ego, alors qu’on crache en réalité, sur les autres, pratiquant vulgairement ce "deux poids deux mesures" insupportable.

Il faut en finir. A tout prix. Par tous les moyens imaginables et inimaginables. Ancrée dans les fonts baptismaux de la société pourtant, la liberté d’expression est finalement un ramassis de contradictions à n’en plus finir.

Ceux qui disent véhiculer l’amour, pratiquent la haine à outrance, tout en accusant les autres d’être haineux. Je parle ici, des supporters de Philippe Val. Ô ce Val, qui pourlèche ses babines pour parler de la liberté d’expression quand il s’agit de représenter le prophète des musulmans, enturbanné, avec à la clé, une bombe prête à exploser, motif très "libertaire", et qui s’en gargarisait. Finalement, il se retrouve au pied du mur et, là, s’aidant de tous les subterfuges hypocrites et contorsions qui ne manqueront pas, sans doute, de lui donner un ulcère, accuse.

Vive l’Inquisition !

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