Chiens dangereux : la loi est-elle utile ?
par Jérôme SALORD
mercredi 21 juin 2006
Loin de moi l’idée de critiquer un texte législatif, mais force est de constater que la loi du 1er février 1999, dite loi sur les chiens dangereux, ne correspond pas réellement aux besoins de notre société.
Résumons-nous. Il y a en France environ 9 millions de chiens. Combien de morsures chaque année ? Le nombre est inconnu parce que la très large majorité de ces morsures n’est pas signalée. Les statisticiens estiment cependant qu’il peut y avoir plusieurs centaines de milliers de morsures par an.
La loi sur les chiens dangereux est a priori prévue pour protéger la société contre l’agressivité de certains chiens : pit-bulls, tosas, rottweilers, american staffordshire terriers essentiellement. Elle prévoit, outre la déclaration en mairie de l’animal par son propriétaire, nécessairement majeur, la stérilisation des pit-bulls, le port de la muselière et de la laisse pour tous, l’existence d’une assurance responsabilité civile spécifique. Il s’agit de bonnes mesures à condition qu’elles soient mises en application avec toute la rigueur possible. Mais cette loi reste bancale à deux niveaux :
- la plupart des morsures, et en particulier celles qui ont défrayé la chronique récemment, ont lieu dans le milieu familial de l’animal, endroit où la laisse et la muselière ne sont pas utilisées.
- les contrôles en milieu difficile ne sont pas effectués : les propriétaires de chiens dressés à l’attaque, véritables armes de poings, ne font pas l’objet d’une attention soutenue de la part des autorités.
Pourquoi ne pas imaginer plutôt une espèce de permis de chien ? Un permis qui serait le reflet d’un véritable engagement du propriétaire à éduquer son animal auprès de personnes compétentes, à même de délivrer un enseignement et de juger si le chien est apte à circuler en société ? Un permis qui correspondrait enfin à ce que doit être la relation entre l’homme et l’animal, sans anthropomorphisme débilitant ?
Le sujet est délicat, surtout pour les personnes ayant fait les frais de telles agressions, mais on ne se sortira jamais de cette situation en se bornant à lutter contre les effets sans lutter contre les causes du problème. Et les causes du problème sont à chercher chez le maître, pas chez le chien.