Chimiquement vôtre

par Didier
vendredi 18 novembre 2005

Les députés européens ont adopté le projet de règlement "Reach" (acronyme anglais pour "Enregistrement, évaluation et autorisation des produits chimiques") destiné à lutter contre l’utilisation de substances chimiques dangereuses dans l’industrie.

Les ONG, aux côtés des syndicats, médecins, scientifiques, organisations de consommateurs, qui se battent depuis deux ans aux côtés de la société civile pour défendre le projet Reach, ont salué le vote des députés européens sur un texte que chacun juge cependant très amoindri sous la pression de l’industrie.

Greenpeace, le WWF, les Amis de la Terre-Europe et de nombreuses autres organisations européennes ont noté, dans un communiqué commun, "un pas important" franchi dans ce processus âprement débattu depuis sa présentation, en 2003, devant la Commission européenne. Mais ces ONG constatent que le projet, ambitieux dans sa version initiale, s’est peu à peu vidé de son contenu sous l’action du lobby de la chimie, troisième secteur industriel européen (1.776 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2004). Elles déplorent notamment que les députés aient allégé les tests exigibles pour les substances produites à moins de 100 tonnes, renversant les dispositions initialement prévues.

"En sortant trop de substances de la liste, on sera toujours incapable de dire quoi que ce soit sur l’essentiel des 30 000 substances chimiques", s’insurge le responsable de la campagne "Toxiques" de Greenpeace France. "En l’état, Reach devient un label derrière lequel les gros de l’industrie viendront se réfugier" pour se dispenser de tester les substances échappant à son cadre. Ce règlement imposera aux producteurs ou aux importateurs de substances chimiques entrant dans des produits aussi divers que les détergents ou les cosmétiques de tester et d’enregistrer celles-ci auprès d’une Agence des produits chimiques, qui pourra délivrer ou non des autorisations.

"Reach" s’appliquera dans les trois ans pour toute substance produite ou importée au-delà de 1 000 tonnes par an par un industriel, dans les six ans pour les quantités comprises entre 100 et 1 000 tonnes, et au bout de onze ans pour les quantités dépassant une tonne. Le texte doit être approuvé par le Conseil des ministres européens, avant une éventuelle seconde lecture au Parlement en cas de désaccord. Pour les ONG, la bataille de Reach a permis d’informer et de sensibiliser l’opinion. Elles comptent bien continuer le combat.


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