Chômage, contrat zéro heure : l’abandon de la jeunesse
par Laurent Herblay
vendredi 2 octobre 2015
Alors que les pédagogistes fous suppriment toujours plus de contraintes à l’école, au point de vouloir même supprimer les notes, une fois leur éducation terminée, les jeunes affrontent un monde de plus en plus dur, entre chômage massif et recul colossal du droit du travail.
Un marché du travail toujours plus hostile
Les chiffres révélés hier rappellent la forte dégradation du marché du travail pour les jeunes : « un an après la sortie de leurs études, seulement 62% des jeunes diplômés sont embauchés. C’est dix point de moins qu’en 2010 ». Il faut néanmoins souligner une très grande disparité selon le niveau d’étude : autour de 10% pour les bac+5, contre 50% pour les sans dipôme et 28% pour les titulaires du baccalauréat. Il y a aussi de grandes différences selon les types d’études, les ingénieurs s’en tirant mieux que la moyenne par exemple. Pire, 43% des embauches se font en CDD, neuf points de plus qu’il y a un an, signe cruel de la dégradation du marché du travail pour la jeunesse. Enfin, le salaire moyen a sensiblement reculé. Bref, pour la jeunesse de France, et de bien d’autres pays, c’est toujours plus de précarité.
Et outre-Manche, la situation n’est guère plus riante, avec le développement des contrats « zéro heure », qui pourraient s’appeler les contrats « zéro droit ». Ce contrat symbolise le déséquilibre majeur du marché du travail en faveur des entreprises. Ce type de contrat ne garantit ni horaire, ni même salaire minimal. Il y en aurait un million et demi en Grande-Bretagne. Et naturellement, il n’y a pas de congés maternité ni même d’indemnités de licenciement. C’est une forme de retour à l’âge de pierre, d’avant les droits sociaux, une forme d’organisation de la société où les employés sont des mouchoirs que l’on utilise, ou pas, sans avoir la moindre protection. Ce contrat est sans doute le rêve ultime du Medef, une sorte de destination de ce que peut être concrètement la déconstruction du droit du travail.
Pas de futur pour la jeunesse
Bien sûr, certains ne manqueront pas de souligner la faiblesse du taux de chômage de la Grande-Bretagne pour défendre la dérégulation du marché du travail. Il est évident qu’en supprimant toutes les protections des travailleurs, on peut sans doute créer davantage d’emplois. Mais d’abord, il faut souligner qu’à Londres, on s’interroge sur la baisse de la productivité globale du pays. Ensuite, il faut bien comprendre que la hausse du nombre d’emplois doit aussi quelque chose au dumping fiscal et social du pays, et que si tous les pays européens s’alignaient sur le Royaume Uni, le marché du travail local serait sans doute moins dynamique. L’asymétrie est au cœur de ce modèle (comme l’Allemagne avant), qui profite de la demande extérieure des voisins pour réduire l’effet dépressif du grand bond en arrière social.
Mais cette déconstruction est totalement illusoire quand on sait que des pays, dont certains ne sont pas si éloignés, sont bien plus compétitifs. Ce faisant, nous entrons dans le cercle vicieux d’une course au moins-disant social sans savoir jusqu’où cela nous mènera, le Royaume-Uni explorant de nouvelles extrêmes. Ce faisant, nous imposons à l’immense majorité de la jeunesse une arrivée difficile sur le marché du travail, une difficulté à faire des projets d’avenir, l’imposition d’une insécurité toujours plus grande. Tout ceci contraste sans doute d’une manière psychologiquement folle avec le monde de bisounours que veulent construire les soit-disant pédagogistes, qui semblent vouloir retirer toute contrainte pour les jeunes à l’école, quand nous leur offrons une sortie de la jeunesse toujours plus difficile et dure.
Il est effarant que nos sociétés soient aussi dures pour la jeunesse. Et si le refus des contraintes à l’école est comme la compensation inconsciente de la dureté imposée de l’entrée sur le marché du travail ? Et encore une fois, la lenteur de la dégradation explique sans doute qu’elle se poursuive…