Clochard

par Nathan
samedi 6 décembre 2008

 Il fait froid. Je regarde le ciel, sombre, la lune couverte par des nuages, quelques étoiles parsemant ci et là le tableau gris-noir de cette nuit maudite. Je le vois plein de la clairière où je suis couché dans ce bois. Le ciel, et moi, le froid ... la mort. Je la sens qui me pénètre, comment ai-je fait ?

 J’étais cadre dans une "grosse boîte", il y a seulement 6 mois de cela. J’étais heureux, enfin .. je croyais être heureux. Marié, 2 enfants. Jusqu’à ce que j’apprenne qu’elle me trompe. J’ai pété un plomb, j’ai levé la main, la bouteille, les gosses, les conneries. Les grosses conneries. Le tableau qui s’effondre. Le rêve qui s’envole, les illusions qui explosent, d’un coup ... Je fus absent 2 semaines avant de recevoir une lettre d’avertissement de mon chef. Je l’ai appelé et envoyé se faire foutre. On faisait du golf ensemble un mois auparavant. Il me dit que ça irait, que je me reprendrais.



Mais j’ai démissionné. C’est con, j’aurais pas dû. Mais si seulement tout ça n’était pas arrivé peu de temps après la mort de mon frère que je n’ai pas supportée. Pas lui, plus jeune. Pas juste. Plus rien. Je suis parti. De honte. De moi, de la vie. Comment ai-je fait ? Comment ai-je fait pour en arriver là ? A la rue. Clochard. Ou non, SDF, comme on dit de nos jours, c’est politiquement correct, c’est l’évolution, ouais. SDF. Je préférais clochard. Dernière hypocrisie dans un monde de fous. Alors sdf, mais un vrai de vrai. Je ne suis pas allé chercher mon RMI. La folie jusqu’au bout. J’ai pourtant plus de 25 ans, c’est le minimum social que me doit cette putain de société, HA, HA, HA ! SDF ... minable ... par cette nuit ... froide, à moitié sans lune ... A moitié, toute ma vie ne fut qu’à moitié, rien ne fut jamais plein, nous vivons dans un monde bâclé qui cherche l’amour là où il n’y a que de l’express, du fast food.

Pourtant .. j’étais amoureux, et heureux .. elle pas, apparemment. Ma vie est fichue. Et je sens le froid monter en moi. C’est comme le chaud. C’est comme quand la tension monte, quand le chaud monte en vous ... Sauf que c’est le froid. Ca engourdit, ça endort, ça fait mal aussi, ça pique, ça lance, ça mord, comme un chien aux dents aiguisées. Je ne sens plus mes membres. Un oiseau. Je vois un oiseau passer, je crois que c’était un corbeau. J’ai toujours aimé les corbeaux, surtout vers la fin. Il me disait peut-être au revoir. Je suis heureux. Un dernier message de la nature avant le voyage, le grand voyage. Le vrai voyage. Je verse une larme glacée. 20 ans que je n’avais pas pleuré. La fin d’un cycle. Je vois ... Je ne vois plus, la nuit s’est voilée, ma vision s’estompe. Un voile noir, puis blanc, puis rouge sang, puis noir, noir, n.............................................................................


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