Cocktail détonant à la Goutte d’Or

par Julie Dep
mardi 15 juin 2010

Une féministe « historique » (Anne Zelensky), la directrice de la Ligue du droit international des femmes (Annie Sugier), une déçue du socialisme passée au Centre (Christine Tasin), un ancien syndicaliste CGT (Pierre Cassen) et quelques milliers de leurs alter ego anonymes saucissonneront de concert, vendredi, avec des identitaires et des proches du FN dans une rue de Barbès annexée par des imams.

Une promiscuité sans précédent dans l’histoire des manifs (l’apéro n’étant qu’un prétexte à se réapproprier la rue), qui fait ce matin le miel des éditoriaux hâtifs sans qu’en soit encore sorti autre chose que le haro « antiraciste ».

Toute honte bue ensemble

Dans leurs vies militantes respectives les uns et les autres n’auront jusqu’alors échangé que des injures ou des coups. Et les voilà unis par un objectif apparemment commun : bouter d’un de ses quartiers de prédilection un islam de moins en moins discret, qui affecte ou remplace les traditions anciennes jusque dans ces détails que sont le vin et la charcuterie, choisis comme emblèmes de la soirée parce que quasi bannis du quartier. Cela donne à réfléchir.

Une régression favorisée par la mauvaise conscience

Pour Anne Zelensky et ses camarades, pour la gauche fidèle à ses valeurs niées par la religion en général, a fortiori par la plus hégémonique d’entre elles, le premier but est de sauver une relative égalité des sexes dont certains feignent de ne pas la voir menacée, y compris dans les rangs les plus acharnés jusqu’ici à la défendre. A craindre la "stigmatisation" d’une population où l’on compte pourtant de nombreux rebelles, les féministes se sont trop longuement tues. La généralisation du voile, la polygamie, le retour de pratiques archaïques auront-ils finalement raison de trente ans de silence gêné ?

Des rues confisquées

Ce n’est sûrement pas le sort des femmes qui conduit la droite dure à rallier l’apéro ; ni l’antisémitisme ni l’homophobie des barbus appliqués chaque vendredi à interdire quelques rues aux infidèles et à les menacer s’ils s’avisent de s’y risquer pour les prendre en photo*. Plutôt un sentiment de dépossession, de sournoise invasion. Mais, pour les laïquards de Riposte, la priorité absolue étant d’extirper la tumeur, peu importent les idées du chirurgien. Le combat classique, on se l’est promis, reprendra une fois le cadre rétabli. Sauf que ce moment d’alliance pourrait peser lourd sur la crédibilité du mouvement...

Proposé sur Facebook comme un nouvel "appel du 18 juin" par une native d’une de ces rues préférées à la mosquée locale, parce que plus visible, le "Saucisson & Pinard" de la Goutte d’Or (laquelle doit son nom à une vigne locale) attendra patiemment la fin de la prière pour commencer.

*Souvenir personnel


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