Comment appréhender la cyberviolence à laquelle les mineurs sont confrontés
par Eliane Jacquot
mardi 3 novembre 2015
De nouveaux modes de communication se sont développés au travers d'une génération née avec le siècle du cyberespace. Les « digital native » ont grandi en étant constamment exposés au monde numérique, générateur de nouvelles formes de délinquance. Les mineurs, de par le monde, utilisent ces moyens de communication que sont les blogs, les réseaux sociaux, les téléphones mobiles de façon quasi ininterrompue.
Comment, dans un tel contexte, sensibiliser, éduquer et protéger les mineurs du versant sombre de l'espace numérique qui se manifeste sous la forme de cyberviolence et de cyberharcèlement ?
Des faits divers dramatiques nous ont récemment interpellés, avec entre autre le suicide d'une adolescente Canadienne à l'automne 2012, après avoir été harcelée pendant trois ans sur les réseaux sociaux. Cet acte n'est pas isolé, mais c'est cet événement qui a été largement relayé et commenté par les médias dans l'après-coup d'un acte irréversible.
Au moment où l'âge d'accès à Internet se situe aux alentour de 9 ans, les adultes se doivent d'accompagner les enfants dans leur utilisation de l'outil numérique.
De nombreuses campagnes sur ce thème ont été lancées dès l'année 2013. Le ministère de l’Éducation nationale en partenariat avec l'association e. Enfance a ainsi proposé de nouveaux outils au travers de son site internet, avec des clips de sensibilisation, des fiches pédagogiques destinées aux élèves et aux personnes qui les encadrent ( professeurs, éducateurs, parents).
Car l'on observe une montée en puissance du nombre de cyberdélinquants, utilisant des modes opératoires qui se sont diversifiés, de par l'accès facile et immédiat à l'acquisition de virus et autres programmes malveillants sur le « Dark Web ».
Dans ce contexte, le Ministère de l’Éducation nationale a publié, au cours du mois d'Octobre 2015 un "Guide de Prévention de la Cyberviolence(1) entre élèves " :
On y trouve quelques chiffres très éclairants :
En France, 1/5 des collégiens déclarent être victimes de cyberviolence, et 6% déclarent être agressés de façon répétée sur Internet. On parle alors de cyberharcèlement.
Face à ces nouveaux types de violence qui doivent être pris très au sérieux, le projet porté par Najat Vallaud-Belkacem est un exemple de mode de gouvernance ouvert.
Elle a annoncé le 29 Octobre dernier la mise en place d'un plan anti-harcèlement en milieu scolaire, une journée " non au harcèlement " prévue le 5 Novembre, cette année, dans tous les établissements, ainsi que la diffusion d'un clip de sensibilisation.
Les principales mesures du plan d'action du ministère sont les suivantes :
-Un numéro vert à quatre chiffres est crée, le 3020.
-Des actions de prévention et de sensibilisation des différents membres de la communauté éducative ( enseignants, conseillers d’éducation) vis à vis des élèves et de leurs parents sont mises en œuvre.
-Au travers du numéro vert national Net Écoute, 0800 200 000, l'association e-Enfance et ses partenariats avec les réseaux sociaux, œuvrent à faire cesser les manifestations en ligne du harcèlement.
-Les parents sont aussi informés que la responsabilité civile et pénale de l'auteur des infractions commises sur Internet peut être engagée au travers d'une plainte déposée par la victime ou ses ayant-droits. En effet, le cyberharcèlement est devenu un délit depuis la loi du 4 Août 2014 et peut faire l'objet d'un dépôt de plainte auprès du procureur de la République.
Réjouissons-nous que les besoins de protection des enfants et adolescents usagers d'Internet aient été très récemment pris en compte en France par les pouvoirs publics, les associations, le monde de l'éducation et les familles. L'implication citoyenne de ces différents acteurs doit être pérennisée en vue de faire des NTCI les outils d'une forme d'échanges sécurisés et d'une nouvelle forme d'accès au savoir pour les « digital native ». Celui qui déplace une montagne commence par déplacer de petites pierres, nous disait Confucius.
" La cyberviolence se définit comme un acte agressif, intentionnel, perpétré par un individu ou un groupe aux moyens de médias numériques à l'encontre d'une ou plusieurs victimes ", et ce de façon anonyme, incessante et itérative.