Comment on fabrique de la pensée unique
par Philippe
samedi 20 mars 2010
Les réflexions qui suivent me sont venues après avoir entendu à la radio cette citation dont je n’ai pas pu noter l’auteur :
« Si l’héliocentrisme est aujourd’hui admis, ce n’est pas parce qu’il est évident, mais parce qu’il est enseigné ».
Rien effectivement dans notre quotidien ne nous montre que c’est la terre qui tourne autour du soleil. Nous avons même l’impression du contraire. Mais comme on nous a enseigné que c’est le cas, nous l’avons admis.
Les programmes scolaires ont une puissance extraordinaire. En l’enseignant, on peut faire admettre à une population n’importe quoi. Du vrai, et du faux.
La théorie de l’évolution n’est admise que parce qu’elle est enseignée. Il suffit pour s’en convaincre de voir ce qui se passe aux Etats-Unis où on enseigne le créationnisme : ça marche très fort…
Cette puissance est encore plus redoutable quand elle est cachée derrière une prétention à l’objectivité. Les professeurs de l’éducation nationale ne doivent pas formuler d’opinions. Ils ne doivent présenter que des éléments objectifs, donc irréfutables, inattaquables. La vérité révélée.
C’est oublier un peu vite que l’objectivité n’existe pas. Les programmes scolaires présentent obligatoirement une vision du monde. Ils reflètent à la fois l’étendue des connaissances du moment et l’état d’esprit dominant. La preuve : leur contenu a évolué considérablement. Nous regarderions aujourd’hui avec indignation ou commisération les représentations passées des noirs dans les manuels scolaires d’il y a un siècle. Mais ces représentations n’étaient que le reflet de la société de l’époque (cf l’exposition coloniale).
Aujourd’hui, tous les programmes scolaires présentent les évolutions scientifiques et techniques comme des « progrès ». Tous soutiennent que l’accès à beaucoup de biens matériels est aussi un « progrès », que les pays en développement sont « en retard » sur les pays développés, qu’il faut les aider à nous « rattraper ». Si le concept de développement durable est maintenant répandu, il ne remet pas en cause cet objectif : il est enseigné que ce « rattrapage » doit se faire en protégeant l’environnement –grâce aux « progrès » scientifiques et techniques- mais la vision reste la même.
Il est enseigné, et donc admis, à grande échelle, qu’il n’ y a qu’un modèle de développement possible, que le bonheur est dans l’« avoir », et qu’il passe par la croissance de l’activité économique.
Cette notion de « retard » me rappelle une blague du temps du communisme. Pour se moquer des communistes, on leur prêtait ce raisonnement : « Que fait le capitalisme ? Il court à sa perte. Que fait le communisme ? Il essaie de dépasser le capitalisme ».