Comment se loger quand on entre dans la vie active ?

par Leila
jeudi 24 juin 2010

Quand un jeune majeur a trouvé du travail, le problème se pose pour lui de trouver un logement. Les offres sont nombreuses, mais les agences de location demandent des garanties que beaucoup de jeunes n’ont malheureusement pas. 

En région parisienne, il est assez rare de trouver un appartement de 40 m2 pour un loyer inférieur à 600 euros par mois, charges comprises. Les agences demandent les trois derniers bulletins de salaire. Si le salarié n’a pas un CDI et si son salaire net ne dépasse pas trois fois le loyer de l’appartement, il n’a aucune chance d’en devenir locataire. Or peu de jeunes entrent aujourd’hui dans la vie active avec plus de 1 800 euros net par mois, et avec un CDI, même quand ils ont un bac+3. Les agences de location font une exception quand la famille s’engage par écrit à payer le loyer en cas de défaillance. Dans ce cas, elles vont jusqu’à accepter un salaire net de deux fois seulement le montant du loyer. On peut aussi demander une garantie LOCA-PASS à un collecteur de fonds d’aide au logement tel que l’association Astria ou l’association Procilia, mais seulement si le bailleur est un organisme HLM. Il est difficile d’obtenir un logement HLM, parce que leurs gestionnaires sont assaillis de demandes et que le parc n’a pas tendance à augmenter. La situation n’est pas meilleure qu’en région parisienne dans les grandes métropoles régionales : Lyon, Toulouse, etc.
 
Ainsi, beaucoup de jeunes n’arrivent pas à se loger pendant les premières années de leur vie professionnelle. Certains sont hébergés par la famille ou des amis ; d’autres arrivent à trouver une place dans un foyer de jeunes travailleurs. C’est ce mode d’hébergement que nous allons présenter ici.
 
Le réseau national des foyers de jeunes travailleurs
 
Les premiers foyers de jeunes travailleurs sont apparus à partir de 1945. Ils ont formé des associations régionales, qui sont elles-mêmes membres de l’Union Nationale pour l’Habitat des Jeunes. Ce réseau, réparti sur 250 villes, rassemble environ 40 000 places et accueille chaque année près de 100 000 jeunes. Les FJT sont réglementés par le Code de l’Action Sociale et des Familles, ainsi que par le Code de la Construction et de l’Habitation.
 
Les principales ressources d’un FJT sont les subventions du Conseil Général, de la Ville, de la Direction Départementale des Administrations Sanitaires et Sociales (DDAS) et de divers autres organismes.
 
L’Union Régionale Ile de France  a été fondée en 1976. C’est évidemment la plus importante des associations régionales de FJT. Elle compte 72 foyers qui rassemblent 9 000 places et accueillent chaque année 14 000 jeunes. Les trois-quarts des places sont proposés en logements individuels. Certains foyers ont des appartements disséminés dans plusieurs immeubles d’un même quartier, d’autres ont tous leurs appartements groupés dans le même immeuble.
 
La vie dans un foyer
 
Le nombre de jeunes qui vivent dans un FJT est très variable, une centaine en moyenne. Nous prendrons l’exemple d’un FJT des Yvelines où 130 jeunes, 60 filles et 70 garçons, ont résidé l’année dernière. La moitié d’entre eux avaient un contrat précaire (CDD, CAE ou intérim) et gagnaient moins de 1 000 € par mois. Pour être admis dans ce foyer, il faut justifier d’un revenu mensuel d’au moins 650 €. La plupart des jeunes y sont restés plus d’un an, le temps de stabiliser leur situation professionnelle et de faire les démarches pour accéder à un logement autonome. Ils ont été aidés en cela par le personnel du foyer, au nombre de neuf personnes, dont quatre animateurs et animatrices.
 
La redevance d’un jeune de ce foyer était de l’ordre de 400 € par mois en 2009, variant légèrement suivant le type de l’appartement. Cette redevance est révisable chaque année. Elle comprend le loyer, les charges, des prestations collectives et un accompagnement social individualisé.
 
Les prestations collectives comportent des soirées d’information sur l’accès aux soins, l’accès au logement, les pratiques alimentaires, la déclaration de revenus, etc. Elles ont lieu dans une grande salle commune où chacun peut avoir accès à Internet grâce à une batterie d’ordinateurs. Elles comportent aussi des soirées festives et des sorties culturelles. Le foyer ne sert pas de repas ; tous les appartements ont un coin cuisine.
 
L’accompagnement social individualisé comporte l’explication des démarches administratives, de l’aide pour la constitution des dossiers, des conseils pour la recherche d’un emploi, et parfois même l’accompagnement d’un animateur à la mairie, à la préfecture, etc.
 
En 2009, ce foyer a reçu 200 candidatures dont 30 % ont été acceptées. Les candidatures sont examinées en commission. Le nombre de candidatures est en baisse, sans doute en raison de la crise économique. Beaucoup de demandes sont écartées d’office, le jeune ayant une situation trop précaire ou des ressources insuffisantes.
 
L’avenir des FJT
 
Les restrictions imposées aux collectivités locales font que les subventions accordées aux FJT, indispensables pour leur avenir, ont tendance à diminuer. Or les redevances payées par les jeunes couvrent à peine la moitié des dépenses de fonctionnement. De plus, les locaux sont souvent vétustes et doivent être remis aux normes. Des programmes de réhabilitation sont en cours dans un grand nombre de FJT de la région parisienne. L’Union Régionale Ile de France annonce que le tiers de ses FJT est menacé de fermeture.
 
Nous avons vu que les services d’un FJT ne se limitent pas à un simple hébergement, car l’insertion est une autre partie essentielle de leur mission. L’insertion permet à chaque jeune de s’inscrire dans un parcours résidentiel cohérent en lui donnant accès à des dispositifs adaptés à sa situation. Le manque de logements sociaux fait que la durée du séjour a tendance à s’allonger. Il ne faudrait pas pour autant que les FJT soient considérés comme une solution provisoire à la crise du logement. 

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