Comment se présenter

par C’est Nabum
lundi 1er octobre 2012

Peuvent-ils entendre nos conseils ?

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Ils vont devoir se rendre dans une entreprise : un magasin, un atelier, sur un chantier, dans un bureau. Ce qui peut nous paraître simple et facile devient incroyablement compliqué quand le vernis social, les codes vestimentaires, les bons usages, le vocabulaire ne sont pas au rendez-vous. La tâche devient alors ardue de travailler sur ce qui nous semble être des évidences et qui, malheureusement pour eux, sont de réelles incongruités.

La spécificité de ce qu'on continue admirablement de nommer Crise quand il s'agit d'une destruction radicale de notre modèle social et économique, est de laisser sur le carreau une multitude toujours plus nombreuse. Ces jeunes sont issus, pour beaucoup d'entre eux, de familles sorties du circuit habituel de ce qui constituait autrefois la norme : une famille stable, des emplois, un logement, un cadre de vie établi et respecté, des horaires communs.

Nous ne pouvons imaginer alors les dégâts que font les désordres structuraux qu'ils affrontent depuis toujours ou presque : divorce, monoparentalité, chômage, précarité, pauvreté, isolement, décalage culturel. Nous ne comprenons pas que nos attentes ne soient pas satisfaites alors qu'elles sont totalement étrangères à la leur éalité. Ils subisent sans rien pouvoir changer.

La courtoisie, la politesse, la distinction, la tenue, les règles habituelles de la présentation sont alors des obstacles insurmontables sans une mise en condition tatillonne et souvent mal perçue. Il faut leur apprendre ce qui autrefois allait de soi, entrer dans un lieu en disant bonjour avec un sourire aux lèvres.

Il y là bien des éléments que l'on juge évidents à leur enseigner avant que d'aller plus loin.

« Il ne faut surtout pas »sera notre leitmotiv inlassable :

Couper la parole à une personne qui discute.

Passer au milieu d'un groupe.

Entrer avant de laisser sortir une personne qui est devant la porte.

Prendre la parole avant que d'y être invité

Cette première étape franchie, vous pensez avoir fait le plus dur quand le plus incompréhensible va se dresser face à vous comme une montagne insurmontable. Tout ce qui est de l'ordre du non verbal, de ce qui ne devrait pas s'enseigner pas à l'école, de ce qui devrait être inscrit dans le champ de l'éducation commune pour vivre en société surgit alors. Il faut leur faire une liste de préceptes qui échappent à leur compréhension du monde.

Ne mâche pas de gomme, retire ta casquette, ne montre pas ton slip, regarde dans les yeux, parle lentement, articule, parle fort et distinctement, ne bouge pas sans arrêt, retire tes mains de tes poches, ne joue pas avec tes cheveux, éteins ton portable, habille-toi correctement, ne viens pas avec tes amis, retire tes écouteurs, ne crache pas …

J'en ai sûrement oublié. Il n'est pas une situation qui ne nous offre son lot de surprises. Ils sont dans ce domaine d'une imagination sans limite et ont toujours une nouveauté à nous servir. Alors, il faut s'y coller, jouer les pères rabat-joie et répéter à longueur de séance ces conseils élémentaires.

Quand par hasard, vous rencontrez un parent, vous découvrez alors avec stupeur qu'il faudrait lui dire les mêmes choses. Vous n'osez pas. Vous comprenez pourtant que tout ce que vous avez expliqué aux élèves perd tout sens à ce moment là. Vous avez envie de baisser les bras, de maudire cette société qui se plait à mettre sur le bord du chemin tant de braves gens.

Vous remontez les manches, vous reprenez encore et encore ces évidences qui n'en sont plus. Vous vous battez vraiment car il n'est pas simple de travailler cela sur une feuille. Il faut simuler, jouer des rôles, accéder à une formation orale et gestuelle qui exige encore plus d'efforts et de discipline. Et une fois encore, faire de l'éducation quand on voudrait simplement enseigner !

Éducativement leur.


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