Communautarisme : sacrés sites de rencontres

par Julie Dep
jeudi 23 juillet 2009

S’évaluer en ligne avant de passer devant l’imam, le rabbin, le curé : ce qui pourrait sembler prétexte à s’envoyer impunément en l’air prend en fait la relève de traditions qu’on avait oubliées, où le critère de sélection n’était autre que la religion, voire la race. Les "speed datings" entre juifs, musulmans, chrétiens en quête d’âme sœur ont envahi la toile.

 Ces "rendez-vous rapides" permettent, comme les "rallyes" des familles fortunées, de concentrer sa quête dans sa communauté. Juif, on prend rendez-vous sur feujworld, ketouba, JDate, e-mazal ; musulman, sur muslima.com ; chrétien, sur Mariage chrétien. Aux agnostiques et aux laïcs il reste les bars, les concerts, les bancs des facs pleins de microbes...

Un futur ethniquement correct

Confirmant ce que pressentent non sans inquiétude les incorrigibles tenants d’une république attachée à l’assimilation de ses derniers membres au point d’en refuser le décompte, ces sites de rencontres, voués à la préservation de cultures, creusent chaque jour un peu plus le fossé entre groupes non seulement religieux, mais ethniques.

Car les convertis, hors christianisme, sont suspects. Etre juif ou musulman suppose une adhésion de longue date à son mode de vie, aux terres où il prospère. Le mariage avec un(e) goy(e) même converti(e) étant nul aux yeux des juifs à papillotes, à peine toléré par les "modernes", procréer entre soi évite les tensions. Le premier site dévolu aux mariages communautaires fut créé il y a une dizaine d’années par un rabbin de Los Angeles. Puis, l’islam ayant comme on le sait les œillères encore plus étroites, les musulmans ont eu les leurs, dont le plus florissant serait Muslima.com, (Muslims for marriage !), qui permet d’éviter l’autochtone sans avoir à repasser par le bled pour fonder une famille. 

Les cathos requinqués par l’islam

Et les chrétiens s’y mettent. Ramollis ces dernières décennies - par Mai 68, Vatican II, l’appétit d’ouverture, l’absence d’émulation ? -, certains décident à leur tour de rendre du tonus à la culture jusqu’ici dominante. Politique du moindre mal ? Esprit de chapelle ? Sachant que, mathématiquement, sauf réveil ils auront le dessous d’ici à une ou deux générations... plus question de bouffer du curé quand l’imam est intouchable : on retrouve ses pénates, et chacun pour soi.


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