Contes ŕ dormir debout pour parents étrangers

par MilleFeuille
lundi 7 novembre 2011

En Allemagne, dans bien des cas les couples mixtes doivent affronter une politique familiale destructrice et corrompue par des intérêts privés, lorsqu'ils décident de se séparer.

La tête malicieuse de notre fils joue à cache cache au détour d’un couloir et en riant essaie d’apercevoir la salle en haut des quelques marches, où un grand nombre de petits enfants vont et viennent derrière la porte vitrée. Petit sprint sur ses jambes encore arquées et dodues, le voilà qui va jusqu’à coller son nez contre la vitre, pendant que nous discutons avec une des éducatrices lors de l’inscription. A même pas deux ans, c’est rigolo de voir tant d’enfants réunis dans ce lieu. Ils sont 30 à l’étage, près de 140 dans le grand bâtiment.

Nous sommes dans une garderie du Jugendamt, une institution allemande bien spécifique, qui s’occupe de l’enfance et s’est fait connaître dans les médias allemands et internationaux pour avoir interprété d’une manière plutôt nationaliste la protection de l’enfance. L’intérêt supérieur de l’enfant se confond alors de façon aberrante avec l’intérêt supérieur d’une nation dont la natalité chute au point de ne plus permettre le renouvellement des générations. Les premières cibles sont les enfants binationaux de couples mixtes, qu’il faut à tout prix garder en Allemagne et germaniser par le biais de crêches et écoles maternelles subventionnées par l’Etat ou dépendant du JA, souvent les deux en uns pour économiser des moyens et accueillir le plus d’enfants possibles. Ce n’est pas bien sûr un but avoué, c’est la conclusion des associations de parents, comme le CEED (Conseil Européen des Enfants du Divorce), qui se bat depuis 10 ans contre des situations discriminatoires tout aussi aberrantes.

Pour le petit bout joyeux et curieux, c’est le désenchantement et même deux mois de larmes pour essayer de s’habituer à son grand groupe de tous les âges, 0 à 6 ans mais aucun du sien. Et quand ils mangent, c’est tout l’étage qui se retrouve et des enfants qui s’installent où ils veulent, chaque jour ailleurs, et quand ils jouent dehors, c’est carrément l’usine, plusieurs étages se bousculent dans la cour. Les quelques éducatrices débordées et payées au lance pierre, certaines seulement à quart temps, changent beaucoup (Petite parenthèse : le miracle du faible taux de chômage allemand, c’est aussi la magie des mini jobs à 400€ et des fausses mesures d’aide à la recherche, qui efface une très grande partie de la population des statistiques). Mais bien sûr d’après les éducatrices, s’il pleure c’est parce qu’il est instable. Pourtant il y a beaucoup de facteurs, qui ont contribué à réduire à néant la curiosité rigolarde du début.

L’éducatrice, qui est sa personne de référence, pour lui permettre de construire des repères, passe son temps à courir dans les couloirs, si jamais elle est là. Si je me plains du manque de jouets pour les tout petits par rapport aux autres garderies, on me dit, que c’est normal, c’est étatique et pas privé. Drôle de hasard, il y a 80% d’enfants d’origine étrangère dans les effectifs. Pourtant je peux constater, puisque je ne parle que français avec l’enfant, que ce n’est pas là, qu’il apprend à parler, à bientôt 3 ans, à part pour 2 / 3 expressions toutes faites, entre le brouhaha des plus grands, une radio qui grésille et des éducatrices, qui évidemment ne peuvent pas tenir de longue conversation avec les enfants. Bref l’endroit n’est vraiment pas adapté aux besoins des tout petits.

J’ai droit à des remontrances devant l’enfant si je l’amène « trop tard » même si d’autres parents arrivent en même temps. Lorsque je décide de le garder à la maison en raison d’un début de bronchite, je reçois des appels téléphoniques de contrôle. La voix de la Directrice est suspicieuse. Quoi, j’empêche l’enfant d’aller à l’école maternelle ! officiellement je suis une mère étouffante, qui voudrait qu’il reste un Bébé, officieusement je suis considérée comme une mère indigne par les Allemands, parce que je me sépare d'un allemand et que je souhaite quitter le pays avec mon enfant. Le procès verbal d’une audition de justice le dit clairement, si je persiste à vouloir quitter le territoire avec l’enfant le droit de garde sera attribué d’office au Père allemand. Et bien sûr pas d’entente possible avec le Papa allemand chaperonné et conseillé, ni de solution, qui respecterait mon autorité parentale et qui prendrait en considération l’absence de perspectives professionnelles.

Les enfants binationaux sont repérés lors des procédures de séparation et de la guerre des rose qui a lieu entre le parent étranger et le parent allemand. Le Jugendamt reçoit une copie de toutes les procédures juridiques en cours. D’où notre place « inespérée » (il y a parfois des listes d’attentes de 400 à 700 enfants) dans cette garderie. Mais notre fils ne s’est, en plus, jamais vraiment adapté, car il n’a pas le même rythme que les autres, puisque je ne travaille pas par manque de perspectives (dossiers retournés par les nombreuses agences intérims auxquelles j’ai écrit). 

Ma lettre de démission, envoyée quelques mois après le début de l’expérience est restée ignorée par le personnel de la garderie et le père allemand continue d’amener l’enfant le matin, alors même que nous avons l’autorité parentale à 50% et que l’enfant vit avec moi. Pourtant personne ne trouve cela abusif. Soit disant je peux le changer de garderie mais il faut, que je trouve une place ailleurs et c’est bien sûr très difficile. Heureusement ma demande à l’école maternelle franco-allemande aboutit. Mais bien sûr, il y a toute une série de nouveaux prétextes et conditions à remplir avant, car malgré la place, je n’ai pas le droit de le changer ! Quand j’essaye de l’amener à l’école maternelle franco-allemande la première semaine de la rentrée, le père allemand contacte le Jugendamt, qui me dit juste qu’il faut trouver un accord. 

Les médiateurs, qui s’occupent de ce genre de conflits appartiennent à la Diaconie ou à Caritas, mais sont sélectionnés et subventionnés par cette institution toute puissante, par conséquent, ils ne trouvent pas cela choquant et nous conseille eux aussi de ne pas nous disputer à ce sujet pour ne pas perturber l’enfant. Il n’y a donc pas d’autres solutions, que de le laisser à cette garderie ? Alors que de toute façon le climat, qui entoure le parent étranger, pas soutenu et même ouvertement critiqué, peut provoquer chez l’enfant un syndrome de Stockholm plus ou moins prononcé, son besoin de sécurité fait qu’il se tourne automatiquement vers le parent le plus fort. Et s’il exprime des marques d’affections plus importantes pour le parent allemand à la suite de toutes ces pressions et qu’il y a des conflits de loyauté avec le parent étranger, ce sera interprété comme le résultat d’une mauvaise relation ou pire de mauvais soins (heureusement nous n’en sommes pas là, comme je ne travaille pas, il ne reste pas longtemps à la garderie, mais ce n’est pas une solution).

Tout ça n’est la plupart du temps que le début de l’enfer, regroupés au sein du CEED (Conseil européen des enfants du divorce) des parents étrangers ont vu leur(s) enfant(s) enlevés par le parent allemand soutenu par cette institution, qui décide de tout dans le domaine de l’enfance et dicte même ses décisions au Juge, et ne l’ont plus jamais revu. 

Ou bien ces enfants de famille attentionnées, simplement déstabilisées par un divorce, peuvent être placés dans des foyers. Des experts reconnaissent qu’un business avec de nombreux intermédiaires s’est développé autour de la fabrication de rapports d’expertise complaisants et peu scientifiques et autour des maisons d’accueils ou familles d’accueils, où l’enfant, arraché à sa famille aimante, développe des comportements autodestructeurs. Même s’il le réclame, on ne le laisse plus voir ses parents, par la suite il ne réclame plus parfois. Les chiffres sont flagrants, malgré la baisse de natalité, les placements dans des foyers ou familles d’accueil augmentent en continue.

Dans ces conditions ces enfants auront moins de chances de s’en sortir que d’autres, il formeront au mieux une main d’œuvre à bon marché puisqu’on peut en Allemagne travailler toute la journée pour 4,50€ de l’heure, le salaire minimum n’existant pas.

C’est toute une génération sacrifiée, puisque cela dure depuis plus de 10 ans !

 

Références et sources

Site You Tube du CEED (Conseil européen des enfants du divorce)http://www.youtube.com/user/CEEDeurope

Sur CBN.com du mercredi 28 avril 2010 par Dale Hurd : « Child Welfare Agency echoes Nazi Germany »

http://www.cbn.com/cbnnews/world/2010/March/Child-Welfare-Agency-Echoes-Nazi-Germany/

CBN.com du 16 octobre 2011 par Dale Hurd : “Above the law ? German agency destroying families” http://www.cbn.com/cbnnews/world/2011/September/Above-the-Law-German-Agency-Destroying-Families/

Sueddeutsche Zeitung du lundi 5 mai 2008 en page 6 : „Wenn die Jugendämter zu mächtig werden“ http://michialex.mi.funpic.de/Jugendaemter.pdf

L’Association Erwin et Astrid http://erwinetastrid.fr a été créée par une Maman, qui ne peut pas voir ses enfants en Allemagne, à un âge, où pourtant ce lien est capital pour les enfants. Pourquoi détruire ce lien et faire souffrir des enfants ?

Questions écrites posés par les Députés au gouvernement concernant les séparations de couples mixtes franco-allemands.

http://erwinetastrid.wordpress.com/2011/07/29/questions-au-gouvernement/

Reportage du 25/10/2008 de la télévision belge dans le magazine Indices :

1ère partie : http://www.dailymotion.com/video/x76lsl_indices1_news#rel-page-1

2° partie : http://www.dailymotion.com/video/x76ly2_indices2_news?start=5#from=embediframe

http://www.lefigaro.fr/france/20060904.FIG000000090_l_ecole_a_deux_ans_attaquee_par_de_prestigieux_detracteurs.html « L'école à deux ans attaquée par de prestigieux détracteurs » article du 4 septembre 2006

Livre de Catherine Laylle : « 2 enfants derrière un mur » paru en mars 1998 chez Fixot


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