Contre l’orthographe consumériste et variable
par Laurent Herblay
jeudi 11 février 2016
C’est une des polémiques de ce début d’année. Plus d’un quart de siècle après la proposition de l’Académie Française, les simplifications orthographiques dessinées en 1990 semblent s’imposer dans les manuels de la prochaine rentrée. Encore un mauvais coup apporté à la France et aux Français.
Une orthographe façon Twitter et à la carte !
Bien sûr, les tenants du relativisme général comme le Monde, défendent la réforme par une double ligne de défense : l’évolution de notre langue et la critique des caricatures des opposants (sur la question de l’accent circonflexe). D’autres soulignent que cette querelle vient après la bataille puisque les simplifications datent de 1990 et que l’éducation nationale les a officialisées en 2008. C’est juste, mais il me semble bien que les propositions de l’Académie Française avaient provoqué des polémiques. Et soit dit en passant, cela signifie aussi que la majorité précédente a donc laissé faire l’inscription de ces changements dans les programmes scolaires… Le Point dénonce une orthographe « low cost », dont le seul objectif est de simplifier le Français en réduisant le nombre d’exceptions et de complications.
Mais ce faisant, comme le soutient Raphaël Enthoven sur Europe 1, « c’est le réel qu’on ampute quand ce sont les mots qu’on châtre », défendant, pour une fois, les traditions et l’héritage supportés par notre belle langue. Dans sa chronique habituellement libérale-libertaire, il note que l’on se coupe du sens des mots en les simplifiant, nous appauvrissant de la sorte. Quelle vision consumériste de la langue, où l’harmonisation devrait se faire par le bas, le signe du sens d’une époque ! Pire, comme le note très justement le Parisien, cette réforme pose beaucoup de problèmes d’application, puisque ces nouveautés coexistent avec l’ancien orthographe, aboutissant à la situation ubuesque où un enfant pourra dans les prochaines années se voir enseigner des orthographes différents d’une classe à l’autre !
Même s’il faut bien reconnaître que la responsabilité de ce mauvais coup n’est pas seulement attribuable à l’équipe en place mais aussi à nos dirigeants passés et d’administration de la rue de Grenelle, la ministre est à nouveau responsable d’un mauvais coup porté à l’éducation nationale.