Coup de blouse à Béziers

par olivier cabanel
mardi 17 juin 2014

Le nouveau maire de Béziers, Robert Ménard en l’occurrence, apparenté au Front National, s’est mis en tête de faire plonger sa ville plusieurs dizaines d’années en arrière, en proposant à tous les écoliers les blouses chères à Pétain, et au gouvernement de Vichy de la France collaborationniste. lien

Nous revoilà donc retombés dans les temps anciens, alors que sévissaient encore l’ardoise, le plumier, les pupitres en bois, avec leurs petits encriers en porcelaine, et la plume sergent major. lien

Les filles et les garçons de l’époque étudiaient séparément, écrivant à la plume avec des pleins et des déliés, utilisant des buvards pour éviter les taches d’encre, et lorsqu’ils avaient bien travaillé, ils avaient des bons points, et des billets d’honneur.

A la fin de l’année, on donnait à chaque élève du savon et de l’encaustique afin de redonner aux pupitres un aspect acceptable pour la rentrée d’automne.

Par contre celui qui avait un cahier mal tenu faisait jusqu’à 20 tours de cour avec son cartable sur le dos, et avaient droit aux coups de règle sur les doigts, voire au bonnet d’âne et mis au coin de la classe…des pistes que Robert Ménard pourrait être tenté d’explorer. lien

On s’interroge avec curiosité sur la suite du programme biterrois, car après avoir instauré un couvre feu discriminatoire, puisque limité à un quartier de la ville considéré comme étant « coloré », et interdisant que l’on puisse faire sécher son linge aux fenêtres dans certains quartiers, va-t-il bientôt imposer le port du béret, ou le verre de lait tous les matins, après s’être entrainé à entonner la Marseillaise ?

Il s’agirait, selon lui, de mettre en place « un élément d’égalité au sein de l’école  », argument que certains considère comme « cousu de fil blanc », car le port de la blouse n’étant pas obligatoire, ceux qui ne voudront pas la porter seront forcément les « mauvais élèves » de la société. lien

Mais Ménard ne veut qu’y voir un hymne à l’école de la 3ème république…sauf que dans les pays dont les écoles privées obligent le port de la blouse, elle est suivie généralement par le port de l’uniforme.

Changeons de sujet, mais pas de ville.

Jamais à court d’imagination, le nouveau maire de Béziers a pris une décision assez contradictoire avec celle de son confrère FN de Beaucaire, Julien Sanchez, lequel s’était engagé officiellement à faire cesser la barbarie des corridas, tout comme l’autre maire FN de Fréjus, David Rachline lequel n’avait fait rien d’autre que de maintenir la décision de son prédécesseur, Elie Brun. lien

Sanchez a quand même maintenu les courses à la cocarde, appelées courses camarguaises, les taureaux dans les rues, les abrivados, les encierros, et les rencontres équestres. lien

Ajoutons qu’un certain flou plane encore à Fréjus puisque Claire Starozinski, présidence de l’alliance anti-corrida, n’est pas totalement convaincue qu’il en soit fini avec la souffrance animale. lien

En tout cas, Robert Ménard prend le chemin inverse.

Il a pris un arrêté qui ne permettra pas aux anti-corridas de manifester dans un périmètre tout autour des arènes, mais assurant avec mansuétude qu’ils pourront manifester autant qu’ils le voudront, mais ailleurs. lien

Le sujet ne fait de toute façon pas l’unanimité puisque dans les rangs du FN, Gilbert Collard ne veut voir dans la corrida qu’une « danse sublime entre la vie et la mort  » appelant au « respect des traditions »…

Ceci dit le clivage existe aussi à gauche puisque François Hollande ne « conteste pas que la tauromachie soit une partie intégrante de la culture méridionale au même titre que la gastronomie ou le parler local »…(les gastronomes apprécieront) et chacun sait que son premier ministre est convaincu que «  la corrida est une culture à préserver  ». lien

Mais revenons à nos chères blouses d’écolier.

L’initiative de Ménard n’est pas une nouveauté, car déjà, sous le quinquennat précédent, une quarantaine d’écoles primaires privées avaient remis au gout du jour le port obligatoire de la blouse, justifiant qu’il s’agissait « d’atténuer les différences sociales entre les élèves ». lien

Par exemple, à l’école des Sarments, à Perpignan, 5 semaines après la rentrée 2012, le port obligatoire de la blouse était accompagné d’autres mesures : les maitres se devant d’être vouvoyés, stylo feutre ou à bille étant remplacés par des stylos encre, le calcul mental faisant son grand retour, les écoliers se devant d’apprendre une poésie par semaine, et de chanter « coucou hibou » ou « colchique dans les près ». lien

Des choix que Robert Ménard serait peut-être tenté d’appliquer aux élèves biterrois ?

En tout cas à droite, l’idée fait son chemin.

François Fillon, lors des présidentielles de 2012 s’était exprimé au sujet de ces blouses se déclarant favorable au port d’un uniforme commun dans chaque établissement scolaire. lien

D’ailleurs l’UMP dès 2010 défendait « la blouse ou la tenue correcte exigée ». lien

On le voit, les décisions du maire de Béziers sont en phase avec celles prises à droite au plus haut niveau de l’état.

Les partisans de la blouse, ou de l’uniforme à l’école, se réfèrent entre autres aux traditions scolaires japonaises, où l’on sait que les écolières portent jupettes très courtes, et chaussettes blanches montantes, ces tenues qui ne sont pas sans produire des émotions torrides chez quelques humains en manque d’érotisme, et allant jusqu’à provoquer de la prostitution dans le milieu étudiant. lien

Il n’est pas inutile de rappeler que ces fameuses blouses avaient été mises au placard à la suite des évènements de mai 68.

Alors, allons-nous assister au retour de l’uniforme en milieu scolaire ?

Restons dans l’humour : les amateurs de presse parodique vont être comblés, puisque NordPresse (infaux) affirme que le port de la puce électronique serait obligatoire dans les collèges à partir de septembre prochain. lien

Elle permettra de donner des informations sur l’étudiant, (date de naissance, préférences sexuelles, nom, prénom, type de sang…) et sera équipée d’un émetteur GPS qui permettra de localiser l’intéressé à quelques millimètres près.

Au moment où les étudiants sont en train de tenter de passer le Bac, alors que la SNCF est en grève, ça permettrait au moins de vérifier le périple complexe parcouru par l'éventuel futur bachelier.

Pourtant ce scénario de fiction n’est peut-être pas si éloigné de la réalité, d’autant que Manuel Valls aurait déclaré : « l’efficacité de cette puce n’est plus à démontrer. Il faut se rendre à l’évidence, cette technologie est indispensable dans de nombreux domaines comme la lutte contre le terrorisme… ». lien

Cette puce, (photo) de la taille d’un gros grain de riz (3 mm de long), d’une vie quasi illimitée, est conçue par la société américaine Verichip, filiale d’IBM, a aujourd’hui les moyens financiers et techniques d’inonder le marché mondial. lien

Pour la petite histoire, s’il faut en croire le journaliste américain Edwin Black, IBM devrait en grande partie sa fortune à la dernière guerre mondiale : la célèbre entreprise aurait aidée Hitler à mettre en place les moyens administratifs et techniques qui permettaient de ficher la population, surtout celle qu’il voulait exterminer, en utilisant les machines à cartes perforées Hollerith. lien

Mais revenons à la puce électronique : alors que précédemment, on pouvait se limiter au seul tatouage (lien), son implantation est obligatoire depuis le mois de juillet 2011 pour nos animaux de compagnie, lors de voyages, avec comme argument massue qu’elle facilitera la récupération de l’animal en cas de vol. lien

En tout cas, pour nos chiens et nos chats, elle n’est pas sans dangers, puisque certains sont convaincus que cela pourrait provoquer des tumeurs cancéreuses. lien

Sera-t-elle un jour implantée sous la peau des sportifs, permettant de contrôler leur santé, leur rythme cardiaque ? lien

En tout cas, il existe déjà de par le monde des applications sur les humains. lien

Récemment, sous la pression de l’Allemagne, de l’Italie et de la France, la puce électronique est déjà décidée par l’Union Européenne  : elle est présente sur les passeports européens afin de les rendre plus « efficaces ». lien

Elle est aussi adoptée depuis le 19 janvier 2013 pour le permis de conduire européen. lien

A y regarder de plus près, cette puce est déjà présente un peu partout dans notre petit monde technologique : on la trouve dans nos ordi, nos tablettes, nos téléphones portable, certains appareils ménagers, le GPS, etc. lien

Elle équipe déjà les permis de travail des travailleurs étrangers, et elle est au programme des cartes d’identités électroniques sécurisées.

Un jour pourra-t-elle renseigner nos différents dirigeants sur nos options politiques, l’état de notre compte en banque, notre suivi médical, nos choix de consommateurs, voire nos transactions sur internet ?

1984, et son « big brother » de Georges Orwell, n’est pas si loin. lien

Le citoyen lambda va-t-il continuer d’accepter sans réagir cet étrange monde qui lui est proposé ?

L’avenir nous le dira.

Comme dit mon vieil ami africain (ainsi que Frédéric Dard) : « plus le maitre est con, plus le chien est fidèle ».

L’image illustrant l’article vient de « ecole.autrefois.over-blog.fr »

Merci aux internautes de leur aide précieuse.

Olivier Cabanel

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