CV anonyme : c’est l’intention qui compte...

par Moustic33.
lundi 11 juillet 2005

Une enquête récente, réalisée par la société d’intérim Adia, a montré que l’origine étrangère du candidat restait l’une des principales causes de discrimination. Ainsi, parmi les 1800 faux CV envoyés par le sociologue Jean-François Amadieu en réponse à 258 vraies annonces, les candidats ayant un nom à consonance maghrébine obtiennent en moyenne six fois moins d’entretiens que le candidat de référence (homme blanc, parisien, 28 ans). Mais il aussi envoyé un CV attribué à une personne handicapée qui a reçu lui quinze fois moins de propositions d’entretien. (source novethic.fr :

Parce que vous êtes noir, parce que vous habitez une cité mal réputée, parce que vous êtes une femme en age d’avoir des enfants ou tout simplement parce que quelque chose qui n’a rien à voir avec vos compétences, pour une raison ou pour une autre, ne plait pas à votre éventuel employeur, vous êtes fichus.

C’est après ce constat qui malheureusement ne date pas d’hier que ancien président du Haut Conseil à l’Intégration, Roger Fauroux, préconise « l’anonymisation » des CV pour lutter contre les discriminations à l’embauche. Dans un rapport qui devrait être rendu public dans les prochains jours, il détaillera les mesures préconisées.

Une initiative pleine de bonne volonté, certes, mais profondément utopiste et à mon avis inutile... Tout d’abord parce qu’il faut bien un jour finir par rencontrer son employeur. Et même si l’idée est qu’une fois qu’on a les gens en face de nous, on oublie nos préjugés pour ce concentrer sur les compétences, ne rêvons pas.

Ensuite, parce le CV anonyme ne sera pas obligatoire. Envoyer son CV sans nom et photo reviens donc à dire directement « soit je suis d’origine étrangère, soit je n’habite pas le 16ème, soit je suis enceinte jusqu’aux dents ». Une aubaine pour les victimes de discrimination.

Lutter contres les discriminations pour créer une « entreprise aux couleurs de la société », avec grand plaisir. Mais ce genre d’initiative n’aide personne. Ni les employeurs qui n’ont plus l’impression de pouvoir choisir leurs salariés, ni les demandeurs d’emplois qui seront toujours exclus pour des causes tout autres que leurs compétences réelles.

Un jour, en BTS, ma prof d’éco nous a expliqué pourquoi elle avait fini par choisir l’éducation nationale. Parce qu’à 27 ans, en recherche d’un emploi de commerciale et diplômée comme il se doit, elle a été refusée au profit d’un homme du même âge et aux même qualifications. Et quand elle a demandé à l’employeur « pourquoi lui plus que moi ? » On lui a répondu tout naturellement : « à compétence égale j’aime autant prendre un homme. ». Bienvenue dans la réalité.

Article du nouvel observateur sur le sujet et un lien sur le rapport Fauroux :


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