De Lyssenko au Giec, après la science prolétarienne, la science technécologiste

par Bernard Dugué
lundi 19 octobre 2015

La COP-21 se précise alors qu’un livre écrit le monsieur météo Philippe Verdier ne passe pas inaperçu et suscite maintes controverses ou plutôt une basse polémique. Mais le fond de l’affaire reste politique. Car cette question du dérèglement climatique n’a rien de scientifique et tout de l’idéologique, du politique, participant à une forme de totalitarisme mou occidental et moderniste qu’on peut voir se dessiner depuis 1990. Pour bien comprendre cette question climatique, il suffit de se souvenir de la célèbre affaire Lyssenko qui fit beaucoup gloser. Lyssenko a en effet égaré la science génétique de l’URSS, imposant une pseudo-science censée servir l’agriculture mais pas que ça puisque la génétique de Lyssenko se prêtait à un usage idéologique en étant dirigée contre la génétique mendélienne considérée comme bourgeoise. Après avoir été un héros célébré dans la Pravda, Lyssenko a fini par être discrédité dans les années 60 car les biologistes soviétiques ont fini par comprendre leur égarement. Ce qui caractérise cette période, c’est aussi la manière dont on été traités les opposants à Lyssenko, nombre d’entre eux finissant au goulag ou à l’asile.

En 2015, dans la France démocratique, il n’y a pas de goulag ni d’enfermement pour délit d’opinion scientifique. Les contestataires de la politique menée au nom du climat ne risquent pas grand-chose, à part être traités de connards par NKM, parfois de révisionnistes, tout en étant souvent censurés par les médias de masse et quand ce n’est pas le cas comme Verdier, le discrédit, le dénigrement et l’anathème sont de mise. Le climato-sceptique incarne l’axe du mal, le démon carbonique. Les médias d’Etat comme le sont devenu Libé, Rue89, l’OB ou Le Monde n’ont pas été tendres avec Verdier, pratiquant des analyses d’une mauvaise fois évidente. Dans Le Monde, un journaliste a même dit que la science climatique est exacte car elle prédit l’évolution passée du climat. On dirait du Pierre Dac. Dans la voyance, le plus difficile à prédire, c’est l’avenir. En tant que scientifique diplômé, je livre mon opinion. La climatologie n’est pas plus fiable que l’astrologie. On ne peut pas prédire le climat ni le maîtriser.

Deux arguments s’opposent à la prédictibilité du climat. Le premier, c’est que le climat dépend de l’activité solaire et que nul ne peut savoir à l’avance quelle sera cette activité, même si des cycles ont pu être observés pour les tâches solaires. Le second est bien plus ennuyeux pour les climatologues. C’est que le climat repose sur des lois physiques, que la physique qui détermine les processus thermiques comprend les lois quantiques et que ces lois quantiques disent que le monde physique est indéterministe. Pour que le climat puisse être prédit, il faudrait qu’il obéisse à des lois déterministes or ce n’est pas le cas. Une part d’indéterminisme empêche toute prédiction exacte. De plus, le système du climat est bien trop complexe pour qu’on puisse utiliser des paramètres et des données suffisamment exacts et complets pour faire les calculs. De l’arbitraire est introduit et l’ordinateur ne sort pas une prédiction climatique mais un calcul dont le résultat dépend des choix arbitraires effectués par les scientifiques.

Ce qui est intéressant du point de vue philosophique, c’est l’analyse des ressorts psycho-sociaux, idéologiques, médiatiques et politiques dans ce combat contre le climat qui fleure un parfum de totalitarisme mou. La science prolétarienne de Lyssenko a fait place à la science écologiste ou plutôt technécologiste car il s’agit d’un phénomène lié à l’idéologie technicienne bien analysé par Ellul ou Habermas. Le nombre de livres parus sur ce sujet est impressionnant. Les uns alarmistes sur le climat, les autres dénonçant les climato-sceptiques et le tout occupant un présentoir dans une grande librairie bordelaise. Je n’ai pas trouvé le livre de Verdier. Le responsable du rayon m’a fait savoir qu’il était juste en commande. Curieux, car le livre est paru il y a quinze jours. Mais dans l’ensemble, de mémoire de philosophe, on n’a rarement vu tant d’intellectuels se ranger auprès d’une thèse climatologique aussi fragile que l’était la génétique de Lyssenko. Il y a maintenant une pensée officielle sur ce sujet. Une pensée qui appuie la logique de l’Etat français et de la conférence COP-21. Dans oublier les nombreux intérêts privés dans ce domaine. Lorsqu’il s’agit de climat, la bonne conscience dénonce les lobbies du pétrole mais jamais les lobbies de l’industrie verte.

Le volet totalitaire est présent et l’on accordera une attention particulière aux activistes anti-capitaliste qui, suivant Naomi Klein, pensent que le climat et la croissance verte sont une manière de sauver le capitalisme, de le moraliser. C’est assez hallucinant pour un philosophe mais c’est un fait avéré. Bien évidemment, les fidèles de l’écologie technocratique n’ont pas étudié les analyses de Ellul, Habermas ou Aron. Ils ne peuvent pas comprendre que l’industrie verte n’est qu’une structure de domination de la nouvelle classe bourgeoise technocratique ; une sorte de communisme vert qui finit par devenir une idéologie des élites et ne sert ni la liberté, ni la démocratie réelle, ni l’émancipation et les aspirations authentiques de l’existence. Si le totalitarisme des années 30 et 50 avait comme instrument le complexe militaro-industriel, le totalitarisme écolo met en place un complexe climato-industriel qui, bien que centralisé par l’Etat, s’avère assez délocalisé avec des tonnes d’officines et de profiteurs qui se servent de cette manne financière pour leur propre intérêt. Je préférais les capitalistes bourgeois, au moins ils investissaient dans des industries produisant des biens pour les gens et non pas ces activistes verts qui sont des improductifs vivant au crochet des Etats technocratiques.

La COP-21 se présente ainsi comme une farce totalitaire, autrement dit une grande messe technocratique qui a ses héros comme naguère l’Union soviétique célébrait la force productive de Stakhanov. Eh oui, figurez-vous que le climat a ses héros, et c’est d’ailleurs le titre d’une émission de télévision publique qui on le sait, participe à cette propagande techno-climatique.

La climatologie en plus n’est pas une science, au sens de Karl Popper, car elle n’est pas réfutable. Pour preuve, cette situation imaginée dans le futur. Admettons que le climat soit acceptable d’ici dix ans. Ce sera grâce aux engagements pris par les nations sur les gaz à effet de serre. Si ça chauffe au-delà du supportable, c’est parce que les engagements n’ont pas été assez puissants. Quoiqu’il arrive, la sophistique du développement climatique aura gain de cause.

La messe est dite. Nous sommes dans un pays gagné par la désintégration intellectuelle et morale. Quand je vous dis que toute cette affaire fleure l’idéologique et même le religieux vous ne me croyez pas. Libre à vous de faire le lit des profiteurs du climat et des ambitions politiques. Nous sommes en démocratie. Le peuple peut se tromper légalement, les élites ont la loi pour tromper les peuples. Mais les citoyens ont la loi pour contrer l’idéologie et penser librement. L’homme est-il devenu si faible dans un contexte où la liberté est une valeur suprême ? C’est possible, auquel cas, restez chez vous et croyez à la messe climatique, le pouvoir en place s’occupe de vous. La neuropolitique dépêche ses cellules psychologiques et sa propagande médiatique. C’est quoi la neuropolitique ? Je ne vais pas tout vous dire. Mais lisez Foucault, vous comprendrez. Si vous le voulez !


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