De Malthus aux décroissants, en passant par le capitalisme
par Caleb Irri
lundi 15 novembre 2010
Nous sommes en 2010, et une pénurie de riz menace notre planète. une pénurie de riz, l’aliment de base pour trois milliards d’êtres humains ! Malgré la surproduction et les OGM, malgré la pollution due à la production intensive, malgré les connaissances et les technologies actuelles, malgré l’ONU et toutes les instances gouvernementales existantes, malgré toutes les promesses de la “main invisible”, on s’aperçoit aujourd’hui que le monde n’est même pas capable de nourrir sa population. Envoyer des gens dans l’espace, trouver des milliers de milliards pour sauver les banques, organiser des mondiaux de foot dans les pays pauvres, faire des guerres interminables, le monde sait faire. Mais nourrir ses habitants non.
Cette constatation n’étonnerait sans doute pas les contemporains de Malthus, mais fait résonner d’une manière étrange les notions de progrès, ou de civilisation. En effet, il parait incroyable que cette vieille loi obsolète soit en passe de redevenir réalité tant les avancées techniques et sociales nous promettaient le contraire ! c’était sans compter sur la réalité, qui nous apprend qu’à force de surexploiter nos ressources à des fins mercantiles elles finissent par se tarir et mettre l’humanité en péril. Il faut quand même s’imaginer qu’à l’heure où nous parlons le nombre d’êtres humains peuplant cette planète augmente sans cesse, et que nous avons pourtant toujours réussi, en dépit de Malthus, à rendre possible la vie sur terre pour un nombre de personnes inimaginable pour l’époque. Et que même aujourd’hui, si le système ne nous contraignait pas à l’égoïsme et au gâchis, nous y arriverions sans doute aussi.
Alors comment se fait-il qu’aujourd’hui nous soyons encore à nous poser cette question, à avoir à résoudre le paradoxe entre l’augmentation de la population et la production ?
Il semble que cet état de fait soit largement imputable au système capitaliste, qui a incité à la surexploitation des ressources, et surtout à la mondialisation de ce système, qui par exemple permet à quelques richissimes individus de créer artificiellement la rareté de certains produits en en achetant de très grosses quantités, stockées le temps que leur prix monte, et au plus fort de la crise leur permet une plus-value conséquente. A force de rechercher non pas la production mais la productivité, il semble que la Nature soit arrivée à un point de saturation, qui met en danger notre vie future, et dont le responsable est le système tout entier.
Aujourd’hui les deux alternatives qu’ont nous propose sont d’un côté le “Nouvel Ordre Mondial“, destiné à réduire puis à contrôler le nombre de naissances (de gré ou de force), et de l’autre la décroissance, destinée elle à faire baisser la consommation jusqu’à pouvoir nourrir plus de monde. Il existe cependant une troisième voie, qui n’est bien sûr pas simple à mettre en place, mais qui a le mérite de n’avoir pour corollaire ni le conditionnement ni la privation : c’est l’opulence, doublée d’une véritable démocratie où l’on apprend aux enfants à être libres et responsables, avec pour système supérieur la gratuité absolue.
Ce monde est peut-être impossible à créer, mais la seule manière de le savoir est d’essayer. Nous avons toutes les ressources techniques, physiques, mentales pour le réaliser, il ne nous manque que la volonté. Celle de comprendre que ce n’est pas le monde qui est trop petit pour tous, mais nous qui ne l’utilisons pas comme il le faudrait.
Caleb Irri