Démission pour cause de liaison avec la 12 ème femme du roi

par NomeFam
mardi 10 août 2010

Soupçonné d’entretenir une liaison avec l’une des 13 épouses de sa majesté le roi du Swaziland, le ministre de la justice à été contraint à la démission.

Jeudi 5 août 2010 le premier ministre du Swaziland Sibusiso Dlamini annonçait la démission de Ndumiso Mamba de son poste de ministre de la justice et de sénateur. L’homme sur lequel pèsent de très lourds soupçons de liaison avec la reine Nothando Dube, la douzième femme du roi Mswati III « le Lion » risque l’exil en cas de condamnation. Une condamnation qui ne souffre d’ailleurs d’aucun suspens tant le roi qui s’est toujours montré hostile à tout partage du pouvoir incarne à lui tout seul les pouvoirs éxécutif, législatif et judiciaire.

La dernière monarchie absolue d’Afrique

 
Le royaume du Swaziland est un petit État de 1.1 million d’habitants à peine plus petit que la Belgique enclavé entre l’Afrique du Sud et le Mozambique. L’ancienne colonie britannique qui a accédé à l’indépendance en 1968 est dirigée depuis 1986 par le roi Mswati III aujourd’hui âgé de 42 ans. Le système de gouvernement du Swaziland s’articule autour d’un parlement dont les décisions sont soumises à l’approbation et au véto du roi et un conseil appelé Tinkhundla dont les membres sont élus par le monarque. Le roi qui estime que la démocratie ne convient pas au Swaziland gouverne son million de sujets par décrets. A la fin des années 90 « cédant » à la pression des associations des droits de l’homme remettant en cause la monarchie absolue et aussi au vent de changement pacifique soufflant chez ses voisins sud-africain et mozambicain, le roi dut promettre un nouvelle constitution qui vit finalement le jour en novembre 2003 et entra en vigueur 3 ans plus tard. Sous la nouvelle constitution, le dictateur ayant estimé que le pays n’était pas prêt pour le multipartisme, les partis politiques et les syndicats demeurent interdits mais sont tolérés en tant que simples associations. Le roi qui bénéficie d’une immunité totale devant toutes les juridiction verrouille le processus législatif et se dit le seul garant de l’unité et la culture du pays face aux dangers de division que représenterait la démocratie. Le roi est aussi le chef des armées. Ceux qui osent s’opposer à son pouvoir ou le remettre en cause s’exposent à la prison pour sédition, trahison ou pire.

Le Swaziland est un pays où le poids des traditions est encore trop prégnant. Un attachement aux traditions facilité par le fait que 78% de la population vit en zone rurale. Économiquement le pays dépend énormément de son voisin sud-africain qui absorbe la moitié de ses exportations et duquel il réalise l’essentiel de ses importations. Le taux de chômage est de 40 % et 70% de la population vit avec moins de 1$ par jour. La tradition veut que le roi ait plusieurs épouses afin de perpétuer la dynastie. Au cours de la cérémonie annuelle du Umhlanga, la danse du roseau qui peut réunir jusqu’à 50 000 jeunes filles vierges dansant seins nus devant le roi, ce dernier est amené à choisir ses futures femmes. Il est arrivé que le roi s’abstienne de tout choix à cette occasion. Cependant le monarque peut aussi opter pour un mariage de force en choisissant de faire d’une mineure son épouse malgré l’opposition de ses parents et des décisions judiciaires allant contre sa volonté.

L’extravagante vie du roi et de sa cour

Mswati III est décrit comme un homme arrogant et autoritaire dont le sourire ne quitte jamais le visage. Les frasques de sa cour alimentent régulièrement les gazettes locales et contrastent avec la pauvreté avec laquelle compose la majorité des sujets du royaume. En effet un quart de la population risque la famine et dépend de l’aide alimentaire pour survivre, ce qui ne modère pas l’appétit du monarque absolu pour le luxe et l’extravagance.

Les cérémonies des mariages du roi sont souvent accompagnées de fermetures d’écoles pouvant aller jusqu’à 2 semaines. En 2004 le roi demanda à son gouvernement de faire construire un palais à chacune de ses 11 épouses. La même année pour célébrer son 36ème anniversaire le souverain organisa une cérémonie géante qui réunit 10 000 personnes dans un stade et coûta 600 000$ aux finances de l’État soulevant l’indignation de ses sujets pour qui le royaume ne peut se permettre de telles dépenses. En 2005 le roi s’offrit une luxueuse Maybach d’une valeur de 500 000$. Deux mois plus tard il fit cadeau d’une BMW série 5 à chacune de ses 10 femmes pour un coût total estimé à 820 000$ par les médias du pays. En 2008 à l’occasion d’une fête baptisée «  40-40  » durant laquelle le royaume fêtait en grandes pompes le 40ème anniversaire de son indépendance qui coïncidait aussi au 40ème anniversaire de son monarque, Mswati III fit son apparition dans un stade de la capitale Mbabane à bord d’une des 20 BMW achetées à cette occasion. Au cours de ces réjouissances où les reines ne furent pas en reste dans l’extravagance l’ONG Positive Living qui milite en faveur des femmes atteintes de SIDA organisa une marche regroupant une centaine de manifestantes dans les rues de la capitale pour protester contre la tournée de shopping en Europe et à Dubaï de 9 des 13 femmes du roi, tournée qui au passage nécessita la location d’un avion charter. Lorsqu’il se mit en tête de se doter d’un jet flambant neuf, son pourtant docile parlement trouva dans la mise en garde du Fond Monétaire Internationale (FMI) faite au royaume sur son projet d’achat d’un jet de 45 millions $ le courage de faire obstacle à sa volonté.

La déchéance d’un ami d’enfance devenu ministre de la justice

Alors que souverain était en voyage d’État à Taïwan ses services du renseignement allaient mettre un terme à une affaire qui semblait durer depuis de longs mois et impliquait un de ses ministres et l’une de ses 13 épouses. La police aurait retrouvé la reine Nothando Dube dans les bras du ministre Ndumiso Mamba dans une chambre du Royal Villas, un luxueux hôtel à 10Km du palais royal dans la capitale Mbabane. Pour rejoindre son amant la reine quittait clandestinement le palais royal vêtue d’une uniforme d’un officier de l’armée. Des mois durant elle aurait usé de ce stratagème chaque fois que le monarque s’absentait du royaume.

La reine Nothando Dube aujourd’hui mère de deux enfants et âgée de 23 ans est la 12ème femme de Mswati III. Elle nie toutes las accusations portées contre elle mais a néanmoins été assignée à résidence surveillée. Elle risque l’exil ou l’assignation au domicile parental si les charges qui pèsent contre elle sont prouvées. Selon la coutume les deux amants peuvent être condamnés à dédommager le roi d’un troupeau de vaches. Dans un communiqué le premier ministre Sibusiso Dlamini a indiqué avoir rencontré Ndumiso Mamba un ami d’enfance du roi qui jusqu’alors occupait les postes de ministre de la justice et des affaires constitutionnelles ainsi que celui de sénateur. Le ministre a aussitôt présenté sa démission le temps que les investigations sur ces accusations soient mener à leurs termes. Ndumiso Mamba pourtant connu pour être un proche ami du roi a été jeté en prison sur ses ordres. Il risque l’exil ou la peine capitale suivant les désidératas du monarque absolu.

Dans ce pays où la presse est muselée, les autorités ont échoué à étouffer cette embarrassante affaire qui a finalement été rendue publique par l’ association Swaziland Solidarity Network qui milite pour la démocratie au Swaziland. Cette affaire de mœurs royales qui n’est en fin de compte qu’une péripétie de plus dans la vie tumultueuse de Mswati III et sa cour n’aurait pas eu tant de résonance si elle ne venait pas démentir les propos du jeune souverain sur le rôle joué par la polygamie dans la propagation d’une pandémie qui décime sa population : le SIDA

Le combat pour le maintient des traditions dans un pays ravagé par le SIDA

En 2008 le Swaziland où 40% de la population est séropositive a vu sa population diminuer de 18% en dix ans. Un déclin de la population dont la première cause est le SIDA. A cette allure on peut craindre que le pays soit menacé de disparition si aucun changement radical ne s’opère dans sa gouvernance et ses mœurs pour stopper cette hécatombe. Il y a une décennie l’espérance de vie était de 61 ans. Elle est de 37 ans aujourd’hui et on craint qu’elle ne tombe bientôt à 30 ans.

Le Swaziland est l’un des pays les plus sévèrement affectés par le VIH au monde et le SIDA y est un véritable désastre national. Selon les statistiques publiés par l’ONU 56% des Swazis âgés de 25 à 29 ans sont porteurs du virus. Difficultés auxquelles s’ajoutent des sécheresses récurrentes et le florilège de maladies qui les accompagnent. Face à cette crise humanitaire le premier ministre Sibusiso Dlamini a dû faire appel à l’aide internationale. Le roi Mswati III est lui-même très engagé sur le front de la lutte contre l’épidémie à travers des campagnes de sensibilisation de sa population sur les risques et de nombreux voyages à l’étranger pour mobiliser des fonds d’aide aux malades.

Dans une société où la valeur d’un homme se mesure à l’aune du nombre de femmes et d’enfants qu’il possède, les traditions mènent la vie dure aux organisations de lutte contre le SIDA pour lesquelles la multiplication des partenaires est l’un des facteurs de propagation du virus dans le pays. Des critiques qui sont balayées d’un revers de main par le roi pour qui la polygamie ne peut être mise en cause dans l’expansion de la pandémie. A ses yeux il faut plutôt voir dans la vie personnelle de chacun les facteurs qui expose aux risques de contracter le virus. L’attitude du monarque est en cela conforme à l’image de garant des traditions de son peuple dont il se prévaut. Cette attitude l’a poussé à adopter en 2001 un décret très contesté à l’efficacité plus que douteuse.

Pour enrayer l’expansion du SIDA Mswati III a choisi d’exhumer en l’adaptant une vieille coutume de préservation de la chasteté des jeunes filles. Le roi décréta l’abstinence sexuelle pendant 5 ans pour les jeunes vierges âgées de moins de 19 ans. Ces dernières devaient en outre arborer en toutes occasions des écharpes en laine de couleurs bleu et jaune témoignant de leur virginité et censés repousser les hommes. Les jeunes filles de plus de 19 ans ou ayant déjà eu des relations devaient quant à elle arborer des écharpes rouges et noirs. Toutes ces jeunes filles devaient en plus éviter de serrer la main à un homme et de porter des pantalons. Tout contrevenant à cette nouvelle loi devait s’acquitter d’une vache ou de 160$ en guise d’amende et était passible de 3 mois de prison. Une mesure qui suscita une grande opposition dans le royaume. Le plus illustre contrevenant fut le roi lui-même qui un an après l’entrée en vigueur de sa mesure épousa une jeune vierge de 17 ans suscitant colère et incompréhension de ses sujets. Le monarque absolu dut alors s’infliger une amende pour non respect de sa propre loi.

Le roi Mswati III ardent défenseur des traditions Swazi n’est malheureusement pas le seul dirigeant de la région dont les associations de lutte contre le SIDA ont à déplorer le rapport aux femmes. Le président sud-africain Jacob Zuma époux de 3 femmes qui n’hésite jamais à se mettre en scène dans des costumes traditionnels Zulu a défrayé la chronique en 2006 dans un procès pour viol dont il a été acquitté. Interrogé sur les rapports sexuels non protégés qu’il avait eu avec une jeune femme qu’il savait séropositive, l’homme déclara avoir pris une douche après le rapport pour minimiser le risque de contraction du virus. Cette attitude fut dénoncée et jugée irresponsable par de nombreuses associations de lutte contre le sida. Le président sud-africain a médiatisé en avril 2010 son test au VIH et annoncé au monde entier le résultat négatif, pour l’instant ajouteront certains. Le dernier scandale en date lié au leader sud-africain ,assez semblable à la mésaventure du souverain swazi, concerne sa deuxième femme qui selon la presse aurait eu un enfant avec l’un de ses gardes du corps.

NomeFam


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