Derrière le voile…
par Michel DROUET
samedi 26 octobre 2019
« Quand le sage montre la lune, le sot regarde le doigt ». En l’occurrence, c’est bien le voile qui a défrayé la chronique la semaine passée, occultant passablement ce qui se cache derrière. C’est la femme qui le portait et ses semblables qui ont fait les frais de cet épisode ou qui ont été mises en lumière – c’est selon - et on a oublié de parler de l’idéologie qui tire les ficelles en coulisses.
Remettre les choses en perspective
Bien pratique pour ceux qui font commerce de la haine, de nos partis dont c’est le seul programme, en passant par les islamistes qui travaillent en coulisse au sapement de nos fondamentaux démocratiques. Et l’on parle, une fois de plus de la théorie du grand remplacement, de l’interdiction totale du voile dans l’espace public et bien sûr de tous les islamophobes qui empêchent les femmes musulmanes de vivre leur religion. Un peu réducteur et un peu exagéré tout ce battage, non ?
On passera rapidement sur LE commentateur médiatique qui fait commerce de la haine pour assurer ses fins de mois pour noter tout de suite la vacuité des propositions d’une certaine classe politique qui réclame, uniquement par opportunisme électoral, toujours et encore de nouvelles lois.
Abordons la vraie question qui est celle de l’entrisme des frères musulmans dans notre société et dont l’action vise à faire éclater notre modèle pour ensuite reconquérir le monde musulman. Citons à cet égard l’ouvrage de Mohamed SIFAOUI « Taqiyya ! » Sous-titré « Comment les Frères musulmans veulent infiltrer la France » qui donne la mesure du problème et aussi les limites de leur action.
Le choix a été de rendre la religion musulmane visible au travers du voile, bien entendu, mais aussi en multipliant l’entrisme auprès des pouvoirs publics à tous les niveaux et bien entendu ceux qui sont les plus perméables, à savoir les élus ou les structures locales (écoles, crèches, associations diverses et variées ainsi que l’université) en essayant de les fragiliser en utilisant leur supposée islamophobie, néologisme bien utile.
Au passage, M. SIFAOUI, bat en brèche la théorie du « grand remplacement » en notant que le nombre des réels ou supposés musulmans de France ne sera jamais assez important « pour permettre à la furie islamiste de prendre le pouvoir ».
Autant dire que la question de l’entrisme des frères musulmans n’aura été que très peu abordée au cours de la récente séquence médiatique, principalement consacrée au port du voile.
Alors, le voile…
Il y a à peu près trente ans, on n’en parlait pas et on n’en voyait pas dans l’espace public et il a fallu l’épisode des collégiennes de Creil pour constater d’une part l’instrumentalisation du voile à des fins politiques et d’autre part le manque de soutien du principal du collège par les institutions qui se défilaient déjà. Du pain béni pour les islamistes qui portent avant tout un projet politique contrairement aux musulmans qui n’aspirent qu’à vivre leur religion, ce que l’Etat laïc leur garantit.
Le voile s’est dons installé dans notre société, sous couvert d’observance de principes dont certains débattent encore de l’existence dans les textes sacrés, tendant à protéger la femme vis-à-vis des tentations, nombreuses, que sa chevelure provoquerait chez les hommes. Au final, des femmes qui portent leur voile comme un étendard symbole de libertés et des hommes qui ne serrent pas la main des femmes au travail au nom de leurs principes religieux : curieux paradoxe !
Rappelons qu’il y a soixante ou soixante-dix ans, en France, les femmes qui assistaient au culte catholique le dimanche devaient se couvrir la tête d’un chapeau ou d’un fichu pour entrer à l’église et prier dans une travée séparée de celle des hommes. Rien de nouveau sous le soleil, donc, sinon que l’on voit revenir chez certains musulmans, cette pratique du port du voile, dont la fin en France, n’a été à l’origine d’aucun accroissement des statistiques d’agression ou de viols de femmes. Mieux encore, cette libération a été suivie de nombreuses lois permettant le travail des femmes ou bien encore la possession d’un compte bancaire sans l’autorisation expresse de son mari. Qu’en est-il chez les islamistes français de cette égalité homme femme qui est un des fondements de notre république ? Qu’en est-il dans certains pays gouvernés par la charia où il semblerait toutefois que le sens de l’histoire aille plutôt vers l’abandon du voile et plus de libertés individuelles réclamées par les femmes. Il n’est pas neutre que les sources de financement de l’islamisme en France proviennent de ces pays où le patriarcat règne en maître.
La France, pays pas si horrible que ça…
Chaque épisode met en lumière des personnalités qui nous soutiennent mordicus qu’il ne leur est pas facile de vivre leur religion en France. D’autres ont même invoqué ce motif pour aller faire le djihad en Syrie, mais seraient tout de même contentes de revenir en France pour y être jugées : le Pays de la déclaration des droits de l’homme conserve son attractivité en cas d’urgence. C’est ce même pays dans lequel « nul ne peut être inquiété pour ses opinions religieuses… ». On se demande alors ce qui génère cet activisme, alors que toutes les conditions sont requises pour pratiquer sereinement sa religion dans le cadre laïc qui est le nôtre, qu’il convient de préserver et de rappeler.
Ce cadre convient tellement bien que, passé le choc de 1905, la religion catholique a très bien su s’accommoder du cadre et qu’elle en a chanté les louanges en 2005 lors de la célébration du centenaire de la loi.
Bien sûr, la tentation existe, sans doute dans beaucoup de religions, de s’extraire d’un cadre institutionnel et s’en remettre à une loi religieuse pour expliquer ses exigences ou ses comportements. On rappellera à ce titre les déplorables affaires des prêtres pédophiles couverts par leur hiérarchie alors qu’ils relevaient de l’ordre judiciaire et non du droit canonique. Il est tout aussi choquant que l’on cherche à excuser le comportement d’un universitaire « islamologue » vis-à-vis des femmes ou que l’on puisse constater (en 2015) que des imams fondamentalistes puissent deviser tranquillement, en France, sur le fait de savoir s’il faut ou non battre sa femme… Tout cela pour repréciser que le vivre ensemble dans notre pays n’est pas l’addition des particularismes religieux menant au communautarisme.
Comment aborder la question ?
27% de musulmans en France placent la charia au-dessus de lois de la République. Sans minimiser ce problème qui relève d’une méconnaissance totale de notre cadre juridique liée à la faillite de l’éducation et aussi à un endoctrinement, rappelons que ces 27% de musulmans sont loin de représenter une majorité dans le pays. Par conséquent, la thèse du grand remplacement semble irréaliste à court terme. Cela veut dire aussi que 73 % des musulmans respectent notre République et il convient de les conforter dans cette voie.
Il est peu de dire que le débat minable auquel nous assistons autour du voile masque les véritables enjeux et que les politiciens sont plus prompts à faire parler d’eux au 20 heures que de faire des propositions intelligentes. Ils se contenteront donc de propositions indigentes sur l’absolue nécessité de faire de nouvelle loi en oubliant de dire qu’elles seront inapplicables par manque de moyens de contrôle. Ils en viendront bientôt à proposer une loi sur l’interdiction du voile dans les toilettes publiques si on les écoute.
La question relève donc du pari de l’intelligence, ce qui est mettre la barre très haut pour certains et par conséquent rappeler, sans faire de concessions, le cadre dans lequel notre démocratie évolue. L’Islam doit être traité comme toutes les autres religions, ni plus, ni moins et dans le même temps l’islamisme politique souterrain affaibli par tous les moyens légaux en notre possession. La question de son financement doit être abordée. Il n’est pas tolérable que des puissances étrangères, par leurs financements ou en plaçant leurs affidés dans des postes clés, interviennent dans la vie de notre pays.
Mais par-dessus tout, la véritable question est celle de l’instrumentalisation de ce dossier par certains partis politiques français soucieux de se positionner d’ores et déjà dans un cadre de vote repoussoir lors de la prochaine présidentielle.
Ce serait une erreur politique majeure qui n’irait pas dans le sens d’une relation apaisée avec les musulmans français et qui, de plus, serait mortifère pour notre pays.