Deux ans et demi après, #JesuistoujoursCharlie

par Laurent Herblay
vendredi 8 septembre 2017

Par un curieux hasard du calendrier, alors même que je faisais le compte-rendu du livre de Natacha Polony sur les attentats, une nouvelle polémique a éclaté sur une couverture de Charlie Hebdo. L’occasion de revenir sur les débats qui agitent notre société depuis quelques années.

 

De la liberté de critiquer les religions
 
Il faut absolument lire le remarquable papier de Jack Dion dans Marianne, auquel il n’y a pas grand chose à ajouter, et qui se place dans la droite lignée du livre de Natacha Polony : « en France, le blasphème n’existe pas. On a le droit de critiquer les religions et de s’en moquer. Quant à ceux que cela offusque, ils ont le droit de ne pas acheter le journal en question. Céder à ce principe au nom du souci (louable) de ne pas heurter ou de ne pas choquer les âmes fragiles, c’est mettre le doigt dans un engrenage qui mène à l’enterrement de la liberté d’expression (…) On a un peu honte d’avoir à (ré)écrire cela alors que Charb, Tignous et les autres sont dans nos cœurs. Pour avoir résisté aux djihadistes, à leurs idiots inutiles, aux bigots, aux défaitistes et aux couards, ils ont été assassinés ».
 
 
Car la réalité est là. Les membres de Charlie Hebdo sont morts car ils défendaient la liberté d’expression en France, et ce faisant, la nôtre aussi, comme le rappelait également Laurent Bouvet sur les réseaux sociaux. Merci à Charlie Hebdo de poursuivre ce combat fondamental en refusant de se soumettre à cette effarante auto-censure qui reviendrait à donner aux islamistes les plus extrémistes un droit sur ce que nous disons ! Heureusement que la France continue de mieux résister que les sociétés anglo-saxonnes, malgré les effarantes décisions d’édiles locaux qui ont refusé d’accueillir le spectacle inspiré du livre de Charb « Lettre aux escrocs de l’islamophobie qui font le jeu des racistes  ».
 
 
Les accusations d’islamophobie sont particulièrement malvenues, car Charlie Hebdo, comme d’autres, n’épargne pas les autres religions, le catholicisme ayant eu plus que sa part de caricature par les humoristes hexagonaux, sur son caractère mercantile ou les scandales pédophiles. Et l’argument toddien de critique de la religion d’une minorité opprimée, outre le fait de donner un droit de censure aux islamistes les plus rétrogrades, ou de remettre en cause notre façon de vivre, est totalement infirmé par les études internationales, même anglo-saxonnes (le Pew Center), qui montrent que notre société reste au contraire sans doute plus ouverte et tolérante que bien des autres pays.
 
 
Merci à Charlie Hebdo de continuer, malgré la pression des islamistes conjuguée à celle, révoltante, de leurs amis communautaristes prêts à abdiquer notre liberté de parole. La France que j’aime, c’est une France où l’on a le droit de se moquer des religions. Cet épisode a le mérite de montrer que certains communautaristes préfèrent laisser faire les islamistes les plus rétrogrades que les humoristes…

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