Diam’s : « C’est pas l’école qui nous dicte nos codes »

par jms - DiaBlog
mercredi 10 mai 2006

C’est ce que nous dit Diam’s dans sa dernière chanson "La boulette". A 44 ans passés ce n’est pas ce que j’écoute tous les jours, mais ce texte me permet de faire la liaison entre le comportement des jeunes (tout au moins de certains) d’une part, et les idées développées par Jean Paul Brighelli d’autre part. Ces idées, pour faire simple et pour ceux qui ne les connaissent pas, consistent à mettre en avant le fait que sous l’influence des pédagogues post soixante-huitards, l’école ne remplit plus le rôle qui était le sien il y a encore une trentaine d’années : aider nos enfants à se construire. Au prétexte de l’égalité des chances, petit à petit, on en est venu à faciliter la compréhension en allégeant les savoirs fondamentaux pour, finalement, se retrouver avec des gamins dont la pensée est totalement destructurée.

Comment ne pas évoquer cette déstructuration après le récent évènement lors duquel une professeur a été agressée, avec en outre son agression filmée par un élève, cette vidéo passant de mains en mains pour la plus grande fierté de son auteur.

Comment ne pas parler de déstructuration en entendant les jeunes du Val Fourré qualifier de "marrante" cette vidéo, ou encore les amis du meurtrier de Sohanne justifier son acte ignoble !

L’Education nationale a échoué dans sa mission. Certes elle n’est pas seule, les parents portent également leur part de responsabilité, mais justement elle n’a pas joué son rôle quand les parents ont failli.

L’école est (ou devrait être) un lieu d’apprentissage non seulement des matières mais aussi des repères. Les pédagogues cités plus haut n’ont réussi, au fil des réformes, qu’à ce qu’elle devienne un lieu où plus rien (ou pas grand-chose) n’est respecté à cause du principe de base de leur doctrine : l’enseignant ne doit pas exercer de pouvoir sur l’élève. Le goût de l’effort et le respect de l’autorité ont disparu en même temps que les dictées et les devoirs à la maison (par exemple). Certains parents ont pris la relève (on n’a jamais autant vendu de livres d’apprentissage de la lecture en méthode syllabique), mais beaucoup ont démissionné, ou n’avaient simplement pas les moyens de faire face.

L’illettrisme grandissant des élèves rentrant en sixième pourrait n’être qu’un phénomène maîtrisable s’il ne s’accompagnait d’une déliquescence de leurs facultés de réflexion. Cette avancée de l’illettrisme n’est en fait que le symbole de la dévalorisation progressive des diplômes.

Je suis consterné de devoir régulièrement corriger des fautes d’orthographe dans les écrits des instituteurs (pardon, professeur des écoles) de mes enfants...

Alors, loin de moi l’idée de prôner un retour en arrière total, global et brutal, mais je pense qu’il est grand temps de (re)trouver des méthodes d’enseignement qui permettent à nos enfants de réellement fonder les bases solides (à ajouter à celles que nous, parents, devons leur fournir) nécessaires à leur construction.

D’ailleurs la France n’est pas la seule dans ce cas, si je me réfère à l’Appel pour une école démocratique (aped). Au-delà des discours altermondialistes et anticapitalistes formatés et indigestes (mais pouvait-il en être autrement pour un disciple de Celestin Freinet ?) on peut lire, dans les écrits de Nico Hirtt, et particulièrement dans son livre Lécole de l’inégalité, une analyse intéressante : l’école est une machine à produire des inégalités, ou tout au moins à reproduire celles de la société, et en cela il rejoint J.P. Brighelli qui n’est pourtant pas de son bord. Comment ne pas être d’accord également avec cet extrait du chapitre 5 de son livre ? Certes, si l’on est peu sensible à l’anticapitalisme primaire, on pourra trouver que ce cher Nico enfonce des portes ouvertes, mais à bien y regarder, pas tant que cela, car au travers de l’analyse la volonté de reconstruire un système scolaire est bien sensible.

La solution n’est ni blanche ni noire, elle sera probablement la résultante de concessions faites de part et d’autre, et comme le dit J.P. Brighelli :

Il est urgent d’appeler sinon à la réconciliation (j’ai rarement de telles bouffées œcuméniques, et à l’impossible nul n’est tenu), mais à l’établissement d’une charte minimale, autour de laquelle la majorité des enseignants et des parents pourraient se retrouver, et sur laquelle les hommes (ou femmes) politiques visant à régir le pays pourraient se prononcer. Nous sommes (enfin : quelques-uns d’entre nous) en train d’y travailler, mais que c’est dur ! Un tel ne supporte pas la présence d’un autre, telle organisation a son propre agenda, et même s’il coïncide avec celui de telle autre à 90%, il n’est pas question même de discuter, etc.
Il y a des jours où je regrette la démocratie à l’iroquoise : on enfermait les chefs de tribu dans une grande case, et on les tenait enfermés là, comme dans une sorte de concile, jusqu’à ce qu’ils arrivent à une position de compromis votée et signée par tous - afin que tout renégat ultérieur rassemble tout le monde contre lui. Pas de bouffe, pas de tabac, pas de petites femmes. L’unanimité, paraît-il, se faisait assez vite...

Cela permettra peut être à la fille (ou la petite fille) de Diam’s de nous chanter C’est l’école qui m’a appris mes codes.

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