Doit-on se considérer comme étant entré dans le 3ème âge à partir de 45 ans ?

par Gilles SONDEREGGER
mardi 20 mai 2014

Avez-vous déjà essayé de retrouver un emploi en CDI après vos 45 ans ?

Bien sûr, ce calvaire ne s'adresse pas à tout le monde, mais je parierai volontiers que chaque français a, dans son entourage, un proche concerné par cette situation intenable, humiliante, avilissante, assimilable à de la violence psychologique.

Si les fonctionnaires ne sont pas concernés, si certains cadres supérieurs ne sont pas concernés, si la plupart des professions libérales ne sont pas concernées, de plus en plus de métiers sont touchés par cette mise à la casse prématurée. Qu'en disent les DRH... ?

"Côté embauche, c'est vrai qu'on peut hésiter à investir dans le recrutement et la formation de quelqu'un qui ne restera peut-être que quelques années avant de partir en retraite. D'autre part, quand une entreprise est en difficulté, elle licencie de préférence les gens qui seront les moins impactés. Or, le système français permet aux plus de 50 ans d’être indemnisés pendant un maximum de trente-six mois. Qui plus est, les chômeurs de 61 ans et plus auxquels il manquerait des trimestres de cotisation pour obtenir la retraite à taux plein peuvent être indemnisés jusqu'à atteindre ce seuil. Un régime favorable qui encourage effectivement l'arrêt précoce des carrières, qu'il soit subi ou volontaire".

Jean-Christophe Sciberras, président de l’Association nationale des DRH

Tout est dit, à la sauce langue-de-bois, bien sûr.

Moins impactés, dites-vous, M. Sciberras ? Doit-on en conclure qu'un chômeur de 45/50 ans aurait plus de chances de retrouver un emploi qu'un chômeur de 35/40 ans ? J'espère que c'est une plaisanterie, M. Sciberras, même si elle est de très mauvais goût !

Moins impactés, avec des hypothèques à payer tous les mois sur le projet d'une vie, la construction de sa propre maison... ?

Moins impactés, avec des diplômes qui ont plus de 20 ans, alors que les jeunes promus sont sur les starting-blocks à demi-tarif... ?

Moins impactés, alors que souvent ce sont les parent quadras qui doivent aider leurs enfants de 18/25 ans qui eux aussi sont sur la touche... ?

Ce langage est proprement inacceptable

Le résultat en est tout bénéfice pour plein de monde, celui des retraites en particulier, de par le nombre de suicides qu'il induit, mais aussi pour les laboratoires pharmaceutiques, qui vendront autant de traitement contre la dépression en plus. Et bien sûr les entreprises concernées, qui font autant d'économies sur les primes d'ancienneté, voir sur l'augmentation des arrêts de travail liés à l'âge.

Quelle est l'alternative pour nos (trop) "vieux" de 45 ans et plus ?

En toute honnêteté, je n'en vois aucune. Leur vie ressemblera à une longue descente aux enfers, à la remise en question de soi-même, à la perte de confiance en soi, à la perte de revenus, à la perte de la maison familiale, à la perte de la cellule familiale puisque les divorces sont souvent inéluctables dans ce type de situations. 

Les survivants se retrouveront souvent à la "soupe populaire", aux restos et aux cartons du coeur, dans des foyers d'urgence, ou à dormir sur des cartons dans des couloirs ou des caves. Ils survivront, pas longtemps, avec l'impression d'être dans un marécage ou chaque geste désespéré les fera s'enfoncer davantage.

Quels revenus de 45 à 65 ans ?

3 ans de chômage, 3 ans de compte à rebours insoutenable, ou chaque jour de chômage vous éloigne d'un emploi utopique, et vous rapproche d'un RSA humiliant. Attendre "la retraite", la fameuse chimère que beaucoup n’atteindront jamais, l'espérance de vie dans ce genre de situation étant de 54 ans, soit moins que dans les pays sous-développés (58 ans). Et si par hasard quelques-uns survivaient jusque là, notre cher gouvernement, qu'il soit de gauche ou de droite, obéira gentillement aux conseils d’administration des fonds de pensions, et reculeront au prorata l'âge de la retraite. Quoi que, de toute manière, ceux qui restent sur le pavé avant leurs 60 ans, n'auront tout simplement JAMAIS le nombre de trimestres leur donnant ce droit !

Le 3ème âge, dans les années 70, se voulait "âge de cessation d'activité pour un départ en retraite". Le 3ème âge, c'était clairement à 63 ans, 65 ans, ou l'on quittait l'entreprise avec une médaille du travail et une retraite dûment méritée. 

Aujourd'hui, le 3ème âge, c'est de 45 à 65 ans, la honte d'être jetés, puis rejetés, la misère, après avoir épuisé les économies pour ceux qui en avaient. Aujourd'hui, le 3ème âge, c'est celui de la dépression, des suicides, des drames familiaux, de l'alcoolisme, pendant que les 18/25 sombrent dans les drogues low-cost. 

C'est cette France là que nous avons soutenue par nos votes stupides, induits par des médias débilitants, depuis que le Bilderberg a mis Pompidou à la place de de Gaulle. C'est la France que nous laisserons à nos enfants.

Gilles SONDEREGGER


Lire l'article complet, et les commentaires