DSK : la baffe

par hommelibre
mercredi 24 août 2011

Un volet de « l’affaire » se termine ici : abandon des charges contre Dominique Strauss-Kahn. Cet emballement planétaire qui aura fait couler autant d’encre et voir des positions aussi contradictoires s’affirmer pendant des mois, s’éteint comme un pétard mouillé.

La baffe

Si l’arrestation de M. Strauss-Kahn avait sidéré une partie du monde, l’abandon des charges est comme une baffe, même atténuée par la préparation récente de l’opinion publique à cet abandon.

Une baffe de la justice américaine à l’encontre de tous les préjugés que les européens se sont faits. Cette justice est capable de changer de cap à 180° si elle considère qu’elle ne peut apporter la preuve des accusations. De l’image de l’homme menotté à celle de la femme qui ment, la « storytelling » a basculé à la suite d’une enquête apparemment fouillée.

Donc un procureur US ne craint pas de se déjuger lui-même au nom de la justice qu’il défend et par laquelle il accusait naguère. On aimerait voir cela plus souvent : que la justice reconnaisse ses erreurs. Elle n’en sortirait que grandie. C’est malheureusement trop rare, et la pingrerie de la conscience judiciaire que l’on rencontre fréquemment en Europe encourage à la défiance.

C’est aussi une remise en question pour qui a exprimé le désir d’une justice revancharde. Le gros poisson étant forcément mauvais dans l’imagerie populaire, il devait être coupable. Il ne l’est plus. Le petit devait être forcément victime, dans la même imagerie : on voit que ce petit est capable de mensonges comme n’importe quel gros.

Dans les contes de notre enfance, l’ogre était l’ogre. Ici on ne sait plus vraiment qui est l’ogre.

A méditer, dans cette époque où l’on taxe les politiciens et autres dirigeants de n’avoir plus aucune morale. Plus grand monde n’a de morale, et le petit ne répare pas le gros, au contraire : il confirme le délitement installé de la conscience morale de nombre d’individus qui forment nos sociétés. Ce n’est plus une question de classe, de race ou de genre qui est en cause, mais d’individus.


Le temps des procureurs

Oh, j’imagine que tous les « procureurs spontanés » que cette affaire a engendrés et qui ont jugé DSK coupable avant tout procès et sans avoir toutes les pièces, s’en sortiront par d’autres accusations. On va entendre que son argent lui permet tout. Que ses avocats ont déjà défendu la mafia. Que salir Madame Diallo ne signifie pas qu’il ne l’a pas agressée. Que l’abandon des charges ne prouve pas son innocence. Certes.


Mais il faudra mettre dans la balance l’avocat de Madame Diallo qui a été condamné récemment pour avoir utilisé délibérément d’un faux témoignage dans un procès. Qui fait état de lettres anonymes invérifiables. Qui lance des accusations tous azimuts, lesquelles sont ensuite généralement démenties. Qui fait de la politique et du communautarisme plus que du judiciaire. Qui visiblement utilise Nafissatou Diallo pour sa propre notoriété.

Il faudra admettre que les preuves du dossier médical n’en sont pas. Ce sont des affirmations dont on ne peut établir la cause sur la base d’un simple examen. Le diagnostic reprenant les affirmations de la patiente, l’autorité médicale s’est déjugée. Elle ne peut en effet affirmer que ce qu’elle constate elle-même sans reprendre les propos du patient. Imaginez que vous tombiez en vélo, sur la tête. A l’hôpital vous dite que votre voisin vous a frappé. Si le médecin incrimine le voisin en écrivant : « plaie due à un coup », il envoie le voisin innocent en prison ! Elle aurait donc dû dire : rougeur de la fourchette vulvaire (et non vaginale) compatible avec une agression, un viol, mais aussi avec un rapport normal et intense, ou avec un accident. E l’occurrence, ce rapport médical dessert gravement l’accusatrice parce qu’il montre que son emprise émotionnelle a conduit le médecin à la faute.

Plus quelqu’un en fait dans une accusation, plus il faut se méfier : c’est mon expérience, qui se confirme régulièrement.

Il faudra repenser aux multiples mensonges ou variations de l’accusatrice, dans cette affaire ou dans d’autres. Et aux incohérences qui ont émaillée le fil depuis le début et qui ont déjà été largement décrites et commentées. (Lire par exemple ici et ici). Pour un abandon des charges, il faut que la perte de crédibilité soit particulièrement importante. Une telle décision ne se prend pas à la légère.

Il faut enfin considérer que le procureur Cyrus Vance, s’il a réagi trop vite au début, a ensuite fait son travail en professionnel de façon apparemment exhaustive et fouillée. S’il abandonne les charges, s’il ne peut prouver l’accusation, pire : s’il doute avec des raisons objectives de la sincérité de Madame Diallo, un procès n’a plus aucune raison d’être.

Certains diront que l’abandon des charges ne prouve pas l’innocence de Dominique Strauss-Kahn. Mais rien ne prouve pour autant sa culpabilité. Et l’on ne peut passer les mensonges de l’accusatrice aux pertes et profits. Et dans ce genre d’affaire où il est très difficile pour un homme de montrer son innocence et où on ne lui fait aucun cadeau, un non lieu ou un acquittement est un signal particulièrement fort de non-culpabilité.

On verra ce qu’il adviendra de la procédure au civil, et si l’avocat de Madame Diallo, coutumier des exagérations, déformations et faux témoignages ou lettres anonymes, réussira à convaincre les jurés.

On saura demain le détail des motivations du procureur, qui doivent être assez graves. En l’état DSK doit être considéré comme innocent. Il y a une vérité judiciaire. Cette vérité judiciaire recouvre possiblement la vérité des faits. En tous cas il n’y a pas d’éléments qui permette à une vérité judiciaire de confirmer la version de Madame Diallo.


Quelles conclusions ?

Malheureusement, et c’est bien l’horreur dans ce genre d’accusations : vous restez marqué à vie même si vous êtes déchargé de toute culpabilité.

Alors, fausse accusation ? Malentendu ? Trouble mental ? Vengeance ? Complot même ? On n’en sait rien. Rien ne permet de l’affirmer, comme souvent dans ces cas. Mais de cette affaire gardons à l’esprit quelques conclusions temporaires.

- Une rumeur peut tuer, ou presque. De tout ce qui a été dit sur DSK par une meute qui ne se contenait plus, presque rien n’a été démontré.

Un homme accusé de viol est automatiquement coupable pour nombre de personnes, en particulier pour la justice, simplement parce qu’il est un homme.

- Les conclusions de rapports médicaux sont sujets à caution, et ce n’est pas la première fois que je vois des professionnels de la santé tirer des conclusions exagérées qui les placent en position de faute professionnelle.

- La question des allégations soit fantaisistes, soit irrationnelles, soit délibérément mensongères, est un fait de société d’une extrême gravité que la justice devrait empoigner avec une très grande fermeté. Aux Etats-Unis, une fausse accusation est appelée « la balle d’argent », parce que dans les westerns c’est la balle qui tue à coup sûr. Je rappelle ici que dans les conditions particulières de l’éducation nationale, en France entre 1997 et 2002, sur la demande de Ségolène Royal, 73% d’enseignants accusés ont été accusés à tort d’abus sur leurs élèves, selon l’enquête fouillée réalisée par Marie-Monique Robin dans le livre « L’école du soupçon ». 73% : chiffre à méditer. Les fausses accusations causent malheureusement aussi un préjudice aux vraies victimes de viol, que l’on sera tenté de mettre en doute plus rapidement.

- Les mouvements féministes devraient réfléchir à deux fois avant de soutenir aveuglément par solidarité communautariste et par réflexe anti-hommes une femme dont le statut de victime n’est pas démontré.

- Ces mouvements féministes, et la société en général, doivent impérativement abandonner le stéréotype qui fait de l’homme un prédateur par principe ; le sexisme misandre doit être démonté autant que la misogynie. Car une telle affaire ne peut prendre une telle ampleur que parce qu’elle est alimentée par les stéréotypes les plus éculés sur les hommes considérés comme les mauvais, les violents, les violeurs et les prédateurs.



Pour l’organisation d’une « Marche bleue »

En attendant, Monsieur Strauss-Kahn doit dorénavant être considéré comme innocent.

Et je trouverais bien que s’organise par exemple à Paris, en septembre ou octobre, une « Marche bleue » contre les accusation fantaisistes ou mensongères. L’affaire Loïc Sécher, récemment innocenté par sa prétendue victime, et bien d’autres, sont là pour rappeler que des hommes voient leur vie brisée parce qu’une accusation a été lancé à la légère ou par vengeance, et que la justice n’a pas étudié les dossiers correctement.


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