Écologie : EELV, l’Humain et le rêve

par LATOUILLE
samedi 22 mai 2021

 D’élection en élection EELV, le mouvement d’écologie politique français, n’arrive pas à franchir la barre électorale sauf pour deux exceptions : les élections européennes considérées comme peu importantes par les citoyens, et les élections municipales de 2020. Concernant ces dernières le parti EELV se berce d’illusion ; dans la plupart des villes, avec un taux d’abstention remarquablement élevé pour ce type d’élection, il n’a été élu que grâce à une union avec d’autres partis, parfois comme à Poitiers le mouvement Poitiers Collectif, s’il a bien mis à sa tête une représentante de EELV, est un amalgame remarquablement hétéroclite dont il est difficile de déterminer qu’elles sont son orientation et son engagement politique. La vague verte n’est sans doute qu’une vaguelette.

 

 Je laisserai aux politologues le soin d’analyser ces échecs et ce succès en demi-teinte. Ce que je retiens de la situation électorale de EELV c’est son impopularité ; impopularité prise en son sens élémentaire : qui déplaît au peuple, le mouvement des Gilets Jaunes en fut une expression. Les causes en sont certainement multiples et complexes, parfois loin de la raison et souvent proches de réactions affectives. Ne serait-ce pas parce que cette écologie politique ne ferait aucune place à l’Humain ?

 

 Les citoyens les plus humbles, et sans doute d’autres plus aisés, rejettent l’écologie parce qu’elle se présente sur un fond de technicité outrageuse. Là on veut installer des champs d’éoliennes au mépris de la qualité du paysage, là on veut imposer la voiture à moteur électrique sans tenir compte du coût financier et au mépris des conséquences secondaires : déchets qu’on ne sait pas recycler, exploitation des travailleurs (souvent des enfants) dans les pays pauvres, et moindre économie « carbone » au bout de la chaîne, ailleurs on piétonnise les villes sans tenir compte des problèmes d’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite et pour les livreurs des commerçants pour un bénéfice minime quand ce n’est pour un bénéfice nul puisqu’on ne fait que déplacer le problème comme à Paris avec la fermeture des voies sur berge ou à Poitiers en renvoyant la circulation sur des voies moins « aérées » et créant ainsi une pollution de l’air et une pollution sonore pour les habitants jusqu’alors préserver, ou encore on capture des pans entiers de nature au prétexte de préserver la biodiversité au mépris de la connaissance des effets d’une surpopulation animale et en rejetant les agriculteurs comme à Léoncel dans le Vercors… D’évidence les solutions ne sont ni simples ni entièrement et unanimement satisfaisantes, mais l’impression qui se dégage c’est que l’écologie ne serait mue que par des principes issus d’une technologie incertaine qui ne tiendrait pas compte des Humains, de leurs envies, de leurs aspirations, de leurs rêves… Et peut-être pas non de leurs besoins.

 

 On en voit l’illustration avec l’histoire de sapin de Noël à Bordeaux, du Tour de France à Lyon. Là il s’agissait pour les élus EELV de coller à leurs principes, à leur idéologie de la propreté et de la purification du monde. Ont-ils pensé que le Tour de France est aux citoyens humbles ce que Roland Garros est à l’élite privilégiée ? Ont-ils songé que le sapin de Noël sur une place publique est aux citoyens les plus humbles un moment d’émerveillement que beaucoup ne peuvent pas s’offrir avec leur RSA, leurs indemnités chômage ou leur SMIC ? Et voilà qu’après nous avoir expliqué que le Tour de France devrait être banni des villes, que les sapins de Noël sont une atteinte épouvantable à la nature, voilà que les écolo-bobo et surtout nunuches veulent régenter les rêves, en commençant par celui des enfants. Tout le monde sait aujourd’hui l’importance du rêve et que tout rêve ne devient pas action ni même projet, mais que, comme l’écrivait Faulkner, sans rêves fous il n’y a pas de projets.

 C’est ainsi qu’interpellée par une conseillère municipale d’opposition à propos de la suppression des subventions municipales aux aéro-clubs de la ville Madame la maire a ainsi répondu : « L’aérien, c’est triste, ne doit plus faire partie des rêves d’enfants. Vous ne vous rendez pas compte des rêves dont on doit préserver les enfants. Je considère que c’est protéger les enfants et protéger leur avenir que de prendre ce type de décision. » Il s’agissait de subventions qui permettaient à ces aéro-clubs d’offrir des baptêmes de l’air à des enfants. Outre que la déclaration de madame la maire relève d’une grande faiblesse intellectuelle et culturelle, et témoigne d’un profond mépris pour les personnes. Veut-elle aussi introduire le « lavage de cerveau » dès l’école maternelle, la crèche ?

 

 Poitiers illustre bien ce mépris pour l’Humain dans les réflexions (si ce sont des réflexions) de EELV. Alors que Madame la Maire était invité par une association de personnes en situation de handicap à assister, en présence de la presse, à une visite de commerçants qui avaient fait de gros efforts pour rendre leur commerce accessible, Madame la Maire répondait qu’elle était retenue ailleurs et donc indisponible, soit et c’est compréhensible et excusable mais que n’a-t-elle délégué un autre élu ! Dans le même temps le journal municipal, Poitiers Mag, apprend aux citoyens qu’alors qu’il n’y a pas de conseiller municipal délégué au « handicap », aux personnes âgées, il y a un conseiller municipal délégué à la « bientraitance animale ». Il n’est pas question d’opposer la bientraitance animale à la bientraitance humaine, mais à ne pas nommer dans une prise en compte spécifique la seconde on finit par la négliger puis par l’oublier. Les élus de Poitiers, et plus généralement les membres de EELV, devraient se souvenir de la phrase de Camus : « à mal nommer les choses on finit par accroître les malheurs du monde ».

 

 Dans ce sens on appréciera la déclaration de Monsieur Jadot qui, questionné par un journaliste sur sa participation à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, répondait qu’il se fout des critiques… Puis il ajoutait que si son parti arrivait au pouvoir il aurait bien besoin de la police. Bien sûr, si EELV arrivait au pouvoir (ce qui n’arrivera jamais) il ne pourrait pas se passer de la police : mais quelle police, pour faire quoi et comment ? Jadot veut-il, comme Macron, une police pour taper sur les manifestants, les éborgner, les mutiler… ? On voit le courant intellectuel de EELV : contraindre et asservir les citoyens ; ici plus de Tour de France, là plus de sapins de Noël et ailleurs l’interdiction aux enfants de rêver à "l’aérien"….

 

 « L’aérien ne doit plus faire partie des rêves d’enfants » : négligeant l’Humain, le parti EELV veut-il aussi assécher l’esprit des gens dès l’enfance ? Ça ressemble un peu à un mouvement vers l’autoritarisme voire la dictature où régnera une pensée unique.


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