Economie et météo : entre prévision et prédiction

par Caleb Irri
mercredi 29 décembre 2010

Ces derniers jours (neigeux) de décembre ont donné lieu à quelques polémiques amusantes, si l'on excepte bien sûr les milliers de gens victimes des intempéries qu'ils ont subi. Car quand je dis amusantes, je devrais dire consternantes, mais mon optimisme légendaire ne peut se laisser entraîner sur cette pente glissante…

Si je suis pourtant bien dans les premiers à critiquer les actions de ce gouvernement, et que leur manifeste incompétence en matière d'adaptation à la météo est prouvée, cela va tout de même trop loin ! Il ne s'agit que de météo, qui n'est à première vue qu'une science approximative, et dont les prévisions sont sujettes au changement.

On se souvient en effet qu'à l'occasion d'un épisode neigeux particulièrement fort, les 8 et 9 décembre si je me souviens bien, quelques milliers de personnes se sont trouvées contraintes de dormir qui au travail, qui dans sa voiture, qui dans un aéroport ou une gare. Si on peut s'étonner qu'un pays dit “développé” puisse encore se faire attraper par le climat (on avait déjà vu cela l'année précédente  !), il faut quand même savoir être un peu plus indulgent que le premier ministre qui rejeta alors la faute sur les météorologues, dont le métier est de faire des prévisions, et non des prédictions. Mais qu'à cela ne tienne ! un peu plus d'une semaine plus tard, et alors que les mêmes météorologues annoncent une vague neigeuse pour les jours suivants, l'excès de zèle dont fit preuve le gouvernement se trouve aujourd'hui critiqué de la même façon (mais à l'envers), par ceux-là mêmes qui hier dénonçaient les manquements préventifs de l'administration. Qu'en faut-il penser ? Peut-on leur reprocher de vouloir ne pas reproduire les mêmes erreurs la fois suivante ?

Bien entendu je ne remets nullement en cause l'incompétence des pouvoirs publics sur le sujet, mais je m'efforce de comprendre celle des individus qui, par je ne sais quel réflexe irrationnel, voudraient que leur gouvernement soit capable de faire des prédictions précises sur le temps qu'il va faire le lendemain…. alors qu'ils ne semblent pas aussi virulents à l'égard des prévisions économiques toujours fausses (vendues comme des prédictions ) et qui pourtant nuisent bien plus à leur vie quotidienne que les approximations de la météo.

Comment est-il possible qu'on en veuille à un météorologue dont le métier est éminemment sujet à erreurs, alors qu'on ne remet jamais en cause les économistes qui nous ont conduit dans la crise économique hier, et qui nous y enfoncent (toujours les mêmes) aujourd'hui ?

Car si les météorologues font ce qu'ils peuvent avec les données dont ils disposent, on ne peut tout de même par leur demander d'être fiables à 100%. Et ce que les météorologues n'arrivent pas à faire parfaitement, comment l'exiger, ou le croire possible, de la part de nos chers économistes, dont la somme des données nécessaires à la formation de leurs “prédictions” sont au moins aussi complexes que celles des premiers ?

Le véritable problème du gouvernement n'est donc pas de ne pas pouvoir « prédire l'avenir » en matière économique, mais plutôt de ne pas tenter, comme pour la météo, de réparer les erreurs qu'il a commises la fois précédente

Et celui du peuple n'est pas de critiquer un gouvernement qui fait ce qu'il peut (même mal) avec la météo, mais bien de ne pas le remettre en cause lorsqu'il veut nous faire croire que ses prévisions en matière économique sont fiables, et qu'il nous les vend comme certaines !
La réalité est peut-être moins joyeuse, mais plus honnête : dans un cas comme dans l'autre, il faut cesser de croire que la météo, comme l'économie, sont des sciences exactes, et ne pas juger trop durement ceux qui prévoient, mais plutôt ceux qui prédisent.

Caleb Irri

http://calebirri.unblog.fr


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