Education et aide aux devoirs : les femmes plus impliquées !

par CatherineB
mardi 6 mars 2012

Qui dit journée internationale de la femme, dit bilan. Loin de moi l’idée de faire un état des lieux complet de la situation sur la parité hommes-femmes. Je me contenterai de vous faire part de ce que j’ai pu constater dans mon travail au quotidien. Voilà bientôt un an, que je travaille en communication pour une entreprise de soutien scolaire en ligne, secteur dans lequel nous sommes évidemment au contact direct de nombreux parents. Attendez… j’ai dit parents ? Je voulais dire mamans ! Oui, force est de constater que dans près de 98% des cas, c’est la mère de l’enfant qui nous contacte. Alors quoi, éducation et aide aux devoirs ne seraient encore et toujours qu’une affaire de femmes ?

« C’est ma femme qui gère ça »

Au début, un peu naïvement peut être, je me suis dit que si la parité n’était pas gagnée en matière de tâches ménagères, la situation était sûrement plus équilibrée en matière d’éducation. En partant du principe qu’un enfant a deux parents, les deux parties devraient se sentir également concernées, non ?

Dans les faits, je suis effectivement tombée sur des pères au téléphone... à deux reprises ! La première fois, il s’agissait d’un homme dont la femme souhaitait être recontactée par nos services. Une fois les présentations effectuées, celui-ci me rétorque : « Je vous arrête tout de suite, c’est ma femme qui a dû vous appeler. C’est elle qui gère ça ». La seconde fois, le père souhaitait inscrire son fils à nos cours de seconde, ne réalisant que plus tard, que ce dernier n’était qu’en quatrième.

Amenés à effectuer une veille quasi quotidienne sur des mots clés tels que : aide aux devoirs, soutien scolaire, éducation, scolarité et j’en passe, on se rend très rapidement compte que les messages qui se multiplient sur les forums, blogs et réseaux sociaux sur la toile, sont majoritairement postés par des mamans soucieuses de l’éducation et la réussite scolaire de leur enfant.

Mon patron, homme d’une quarantaine d’années et père de trois enfants, s’amuse de voir que cela m’étonne encore, au point que je veuille même en écrire un article : « Oui, c’est la mère de l’enfant qui nous appelle car elle se sent plus concernée, que veux-tu ajouter à cela ?… c’est comme ça c’est tout. » Il semble ainsi que dans l’imaginaire collectif, cela coule de source. La mère est le référent dans l’éducation de ses enfants. Il n’y a qu’à voir les derniers spots télévisés des acteurs du soutien scolaire pour voir qu’ils abondent également en ce sens. Les mères sont presque systématiquement présentes à l’écran quand la figure paternelle reste inexistante. Mais tout ceci n’est « que » factuel, qu’en disent les chiffres ?

« Quel que soit le milieu social et le niveau scolaire de l’élève, la mère y passe en moyenne plus du double de temps que le père. » [1]

Il est vrai que les femmes ont par la force des choses toujours été plus impliquées dans la vie de leur progéniture que n’importe qui d’autre. Historiquement, la proportion de femmes au foyer aurait pu expliquer que celles-ci consacrent davantage de temps au travail scolaire de l’enfant : Elles avaient plus de temps pour le faire pourrait-on se dire.

Pourtant, la présence toujours plus grandissante des femmes sur le marché du travail[2] ne les a pas empêchées de passer plus de temps à l’aide aux devoirs de leur enfant : en 2003, cette aide dure une demi-heure de plus qu’en 1993.

D’autre part, cela n’a visiblement pas permis de rééquilibrer le temps qu’hommes et femmes ont consacré aux devoirs de leurs enfants. Dans une enquête INSEE sur l’aide aux devoirs des parents, il est dit qu’en 2003, celle-ci est de 14 heures par mois pour la mère contre 6 heures pour le père, pour un enfant en classe élémentaire. Au collège, la mère y consacre 11 heures contre 4 heures pour le père ! Notons tout de même que l’implication des pères n’a cessé d’évoluer positivement depuis les années 90[3].

En guise de conclusion, s’il en est, on peut se demander pourquoi l’implication des deux sexes est si disparate ?

Ce que semble dire cette enquête INSEE, c’est que lorsque le père et la mère se disent dépassés, soit qu’ils n’ont pas les connaissances nécessaires pour aider leurs enfants, les mères décrochent moins vites et font preuve de davantage de persévérance : « elles persévèrent deux fois plus que leurs hommes ». Ce que ne nous dit pas cette étude en revanche, c’est pourquoi, lorsque l’on en vient à la recherche d’un tiers pour l’accompagnement scolaire de son enfant par exemple, celle-ci est majoritairement prise en charge par la mère ? Ma question reste donc entière.

De plus, la dernière étude sur le sujet datant d’une dizaine d’années, je suis prête à envisager que les prochains résultats me prouveront que tout ceci n’est qu’anecdotique : que les pères se sentent et sont, tout aussi concernés et impliqués dans l’aide aux devoirs de leurs enfants que leurs chères épouses.

En attendant, je ne désespère pas d’avoir ces messieurs au téléphone ou de les voir poster des messages inquiets pour leur « fille en seconde, qui rencontrerait des problèmes en mathématiques. »



[1] Etude Insee 2002-2003, « L’aide aux devoirs apportée par les parents »

[2] L’Insee recense trois quart de femmes actives en 2009 alors que la moitié était active dans les années 70

[3] « La proportion d’hommes déclarant s’occuper des devoirs, essentiellement à la demande de leur enfant, est passée de 60 % en 1993 à 70 % en 2003 dans l’enseignement général. » Source : Insee

Illustration : Marie-Laure Bonnet

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