Éducation et instruction : plaidoyer pour une France du savoir

par Pierre Bufacchi
mardi 13 mars 2018

La France subit son propre système d'enseignement public, enfermé sur lui-même. De la formation des professeurs au traitement réservé aux élèves, numéros perdus dans la masse, le savoir recule dans notre pays. Pourtant, des initiatives citoyennes peuvent aider à préserver la tradition intellectuelle du libre-penseur français. 

La France se meurt. Les Français sont considérés comme le peuple le plus pessimiste au monde. Nous pouvons les comprendre. Devant la perte de repères historiques, les anciennes valeurs judéo-chrétiennes semblent fondre comme neige au soleil. L’exception intellectuelle française se fond peu à peu dans une mondialisation effrénée, motivée par le capitalisme mondial et l’Union Européenne dans son fonctionnement actuel.

 

La France se meurt, parce que ses valeurs ne sont plus transmises. Considérées comme obsolètes par une oligarchie rêvant d’une société tournée entièrement vers l’économie et la consommation, la spiritualité, la pensée, le débat sont poussés à disparaître. Pourtant, la France est grande par son histoire, par ses personnages historiques.

La France se meurt, parce que ce qui fait la France est confronté à une menace de destruction comme nous n’en avons jamais connu. Les valeurs chrétiennes, sans tomber dans la religiosité, sont attaquées par la laïcité et par l’islam. Les savoirs grecs et romains ne sont plus enseignés, la philosophie est incarnée par des pantins médiatiques risibles. Notre patrimoine est menacé, les campagnes sont abandonnées. Des pans entiers de la société française sont laissés pour compte dans les campagnes, qu’il s’agisse de déserts médicaux, des zones blanches pour les télécommunications, et bien sûr de l’enseignement, le premier des problèmes. Un peuple qui n’apprend plus est un peuple qui meurt.
 

Pourtant, la France a tant à transmettre à ses enfants. L’école publique ne répond plus à ce besoin d’apprendre, de libérer l’esprit. L’éducation nationale est embourbée dans des considérations superficielles, qu’il s’agisse des délires pédagogiques ou du vocabulaire éducatif qui serait hilarant s’il n’était pas dangereux.

Nous vivons dans un monde de superficialité. Nous ne transmettons plus de valeurs, seulement des mots. Liberté, Égalité, Fraternité, les « principes de la République », les idéaux de la laïcité, font tomber peu à peu l’enseignement français dans une impasse.

Nous apprenons à nos enfants des choses dont ils ne connaissent pas l’origine, en n’utilisant plus la chronologie. Pas besoin de tomber dans le roman national, un récit national suffira. Face aux chantre du tout-ou-rien, ne baissons pas les bras et prouvons au monde que les Français sont le peuple du juste milieu, du comportement réfléchi, de la nuance sans complexe, de l’intellectualisation.
 

L’école ne respecte plus l’élève. L’enfant est perdu dans la masse : il est un numéro. Les classes surchargées, la non-formation des professeurs, tout tend à faire disparaître l’individualité. Pourtant, un enfant élève est potentiellement un futur adulte enseignant. L’école doit perdre le rôle qu’elle s’est donnée d’éducatrice pour retrouver son rôle premier d’instructrice.

Il faut replacer le savoir au centre de l’enseignement. Parce que le savoir est l’origine de la pensée libre, parce que la pensée-libre est l’origine de la réflexion pleine et entière, parce que la réflexion, la conscience de soi, des autres, sont à l’origine du bonheur. Un Homme accompli est un Homme qui pense. Mais pour penser, encore faut-il en avoir non les capacités, mais les bases.
 

L’école de la République est devenue totalitaire. Nous pouvons constater chaque jour que les manuels scolaires se font de plus en plus directifs sur les questions de sociétés, polarisés sur les sujets de religion, de sexualité, qui n’ont rien à faire à l’école dans le cadre sociétal. L’élève n’est pas encore un citoyen à part entière, il est un citoyen en devenir, n’en déplaise à Lionel Jospin. Pour être pleinement citoyen par la suite, il doit obtenir les bases nécessaire à la construction de sa propre réflexion. La démocratie saine l’exige. Sinon, nous ne sommes que dans une ochlocratie, une tyrannie de la populace par le biais de ses sentiments.

Cette destruction est finalement incarnée dans les campagnes, où des populations entières sont purement et simplement abandonnées par l’État. Pourtant, certaines bonnes volontés résistent, comme nous avons pu le voir avec le collège privé hors contrat de La Fère, dans l’Aisne. De jeunes professeurs, convaincus du potentiel de chaque enfant français, ne se résignent pas. Ils espèrent créer des vocations. Leur appel doit être entendu.
 

Ce pays ne sera pas sauvegardé par la novlangue, la mondialisation, ou une Union Européenne bureaucratique et déshumanisée. Il sera sauvé par son peuple, par ses futurs citoyens qui doivent pour ceci être capables de penser par eux-mêmes, en toute connaissance de cause, en pleine possession de leurs moyens. D’où la nécessité de développer des alternatives à un modèle qui ne fonctionne plus : vive l’enseignement privé !

Le respect de l’élève, c’est la transmission du savoir. Le savoir, c’est donner la possibilité de se construire sereinement pour penser pleinement. Reformons un peuple d’intellectuels. Ne perdons pas cette séculaire tradition. S’il faut en garder une, c’est bien celle-ci.


Lire l'article complet, et les commentaires