Elections professionnelles SNCF : les petits trucs de la communication syndicale…

par remiaufrere
vendredi 25 mars 2011

La communication syndicale se dynamise à la SNCF avec l'élection du 24 mars 2011...

Les élections professionnelles à la SNCF permettent une expression syndicale multipliée et dynamique dans la campagne pour gagner un maximum de suffrages.

La première organisation syndicale de l’entreprise publique ferroviaire la CGT n’a pas particulièrement innové sur la forme de sa communication écrite. Les codes couleurs sont naturellement inchangés et le rouge et le jaune dominent. La plaquette nationale de propagande est d’une lecture plutôt claire (malgré peut-être une taille de police de caractère un peu réduite), et combine effort d’explications pédagogiques et revendications ponctuées de slogans très déterminés tels que « on ne lâchera rien » !

Après la grève sans résultat et lancée par la seule CGT en avril 2011, et la période difficile de l’automne par la réforme des retraites, la CGT tente là un slogan plutôt « culotté ».

Côté illustrations, les photos sont de qualité mais les dessins sont de facture discutable, affaire de goûts personnels sans doute ou…de talent !

On notera toutefois le dessin « limite » du dépliant destiné aux agents du service commercial des trains (les « contrôleurs ») vu la représentation de la femme (n’empruntant ici qu’à un humour beauf et plutôt machiste).

Côté UNSA, seconde organisation syndicale à la SNCF, la brochure de propagande électorale pour l’élection des représentants aux Comités d’Entreprises régionaux montre sa force … budgétaire ! La brochure couleur est digne d’une grande agence de voyage avec différents onglets esthétiques et découpés en arrondi. Quasiment un catalogue qui détonne parmi l’ensemble des autres supports de toutes les organisations syndicales.

Le positionnement important de l’UNSA chez l’encadrement (et un peu moins chez les agents de maitrise) explique certainement ce choix esthétique (et financier). Mais il n’est pas certain que l’électeur(trice) soit plus séduit par la forme que par le fond politique forcément moins détonnant que la brillance du papier.

SUD Rail ne change rien ou presque. Le contenu est toujours plus vindicatif que revendicatif (slogan « on lâche rien !) et entend bien presque la vague de la contestation citoyenne contre le gouvernement et le Président SARKOZY. Une exception toutefois avec SUD Rail – Lyon qui a réalisé une petite vidéo spécialement pour la campagne électorale où plusieurs militants et responsables de l’organisation évoque revendications et détermination.

Une modernisation à souligner dans un contenu et une forme qui demeure très classiquement protestataire.

FO cheminots, à l’image de SUD Rail, ne modifie que très peu la forme de sa propagande électorale. La typographie et le verbe demeurent fermes et durs en ressemblant à certains tracts politiques de l’extrême gauche (ex-PT / lambertiste) à laquelle la plupart des dirigeants nationaux de FO cheminots adhèrent aujourd’hui. Il faut noter la réalisation d’une petite brochure sur les travailleurs handicapés (claire et explicative) et des dépliants régionaux (sur les 9 régions représentatives du syndicat).

Pas d’autres innovations en matière de communication mais quelques actions régionales particulières telles que le ti’ punch « open bar » hebdomadaire (durant plusieurs semaines) offert par l’union régionale de Paris Nord à tous les cheminots(es) qui veulent bien se rendre.

Les quelques régions représentatives de FO, ont diffusés des dépliants pour leurs listes dans les Comités d’Entreprises régionaux. La communication électorale écrite a été réduite sur presque toutes les autres régions, FO n’espérant que peu de gains (hormis le cas particulier de Strasbourg avec le délitement de la CFTC).

Après avoir entendu souvent certains responsables FO cheminots se moquer du traditionnel partenariat entre la société Ricard et certaines manifestations de la CGT, il n’est pas certain que des dirigeants régionaux de la première organisation syndicale cheminote ne sourient pas à leur tour de cet aspect alcoolisé de la campagne du syndicat de Jean-Claude MAILLY.

La CFDT est probablement l’organisation qui a joué la carte de l’humour direct ou décalé par l’utilisation des services d’un jeune dessinateur de presse WINGZ. Les cheminots CFDT ont pris la décision de donner carte blanche à l’illustrateur en lui fournissant les thèmes. Manifestement, il s’en est donné à cœur joie ! Le trait du dessin est net, les personnages d’un abord sympathique et jamais vulgaire.

WINGZ opère en conservant toujours le regard du voyageur lambda ce qui provoque des questionnements et ressorts comiques bien au-delà des revendications cheminotes mais aussi du transport public ferroviaire et de l’actualité politique et économique française.

Un ou deux dessins n’ont pas été intégrés dans la campagne vu la dose d’humour très caustique. Il représentait Jésus sur la croix pour aborder la question de la pénibilité chez les cheminots.

Les dessins accompagnés des slogans de la CFDT cheminots ont été déclinés sur tracts, tapis de souris, cartes postales et certains supports pourraient devenir des « collectors » vu le graphisme et l’humour.

La CFDT a aussi diffusé des tracts et brochures spécifiques aux métiers, et toutes les régions ont réalisé des dépliants couleurs pour les élections des représentants dans les CE (comme la CGT, l’UNSA et SUD Rail).

Les dessins ont séduits aussi chez SUD Rail puisque un syndicat lyonnais n’a pas hésité à reproduire un dessin de WINGZ dans la plus parfaite illégalité quand aux droits d’auteurs et du client syndical. Le dessinateur a fait valoir ses droits à l’amiable et la CFDT a menacé cette organisation d’action juridique contre le syndical SUD fort mal intentionné. Une structure de la CGT a également oublié le droit de la même façon. Et a connu la même explication de l’auteur .

Enfin, et à titre d’anecdote puisque ne participant pas à l’élection sous ses propres couleurs : FIRST !

Créé suite au délitement de la CFTC à la SNCF, on hésite sur un tel acronyme entre vantardise et autodérision assumée de ses créateurs. A la lecture des modestes écrits de ce petit nouveau qui précise rapidement qu’il est associé à FO cheminots, l’observateur pourra exclure l’autodérision. Le sigle reprend le code couleur de leur ancienne confédération syndicale chrétienne (notamment le bleu) mais adopte le langage plus agressif que revendicatif de FO à la SNCF.

Et pour cause...


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