Emeutes à Belleville : Enfin un peu de dignité chinoise !

par Georges Yang
mardi 22 juin 2010

Jusqu’à présent, ils me paraissaient un peu ramollis, pour ne pas dire timides, poltrons et mous du genou, les compatriotes de mon père ! Je suivais l’histoire du quartier d’assez loin n’étant pas souvent en France, mais passant tout de même par Belleville, lors de mes retours. Cela peut paraitre un paradoxe, mais du fait de mon expatriation il y a largement plus de trente ans, j’ai passé beaucoup plus de temps en compagnie de Noirs africains et d’Arabes que de Chinois. Donc, même si je les trouvais travailleurs et commerçants, ils me semblaient trop courtois, trop polis ces Chinois et je dois avouer que je ne les connais vraiment pas dans le détail.

Bien sûr je suis capable de faire la différence entre les commerçants du Whenzou (« les miens ») et ceux du nord, à Belleville cela serait plus « celles » du nord ! Je reconnais les « pieds noirs » Chinois réfugiés d’Indochine depuis 1975, mais je ne me sentais pas vraiment concerné, me considérant avant tout comme français bien qu’ethniquement à moitié Han et à plus d’un tiers Franc, germano-lorrain. Je n’ai qu’une arrière-grand-mère avec un nom à consonance française, ce qui me fait au maximum 12,5% de sang « gaulois » dans les veines. Cela ne m’empêche pas de penser qu’autrefois mon pays s’appelait la Gaule, car je suis un fruit de l’école française d’après-guerre.


Ce préambule à la première personne ne m’est pas familier, mais il s’imposait pour ne pas tomber dans le travers de l’hypocrisie et du faux semblant. Ecrit sous le pseudonyme de Dupont, cet article n’aurait ni la même portée ni la même signification. Il m’aurait paru malsain de réagir en faussement indigné, ou en zélé communautariste, alors je préfère annoncer la couleur.


Je suis jaune il est vrai, mais aux âmes bien nées,

La couleur n’attend pas le nombre des années


J’ai connu les premiers quartiers chinois de l’îlot Chalon, derrière la gare de Lyon, celui du Marais en particulier autour des rues Volta et au Maire, sorte de symbiose entre maroquiniers juifs et chinois du Whenzou à une époque où il y avait moins de 2000 Chinois à Paris. Puis sont arrivés après la chute de Saigon, des Chinois d’outremer dans le 13ème arrondissement, enfin d’autres de Chine continentale ont investi le quartier Popincourt au grand dam des riverains et bien sûr il y a eu Belleville. En banlieue, je connais surtout Noisiel et les entrepôts d’Aubervilliers.

Belleville a été l’implantation la plus difficile car dans un quartier plus pauvre que populaire avec déjà des populations juives ashkénazes, puis sépharades, des communautés arabes puis africaines sahéliennes. Un maigre gâteau à partager entre déshérités, donc possibilité de frictions. Mais l’implantation ne posait pas trop de problèmes jusqu’à une époque récente. Il y avait bien de temps à autre un vol de sac à main sur un Chinoise rentrant tardivement chez elle, mais ce n’était pas Chicago des années 30. J’ai moi-même empêché ce genre de délit de la part de deux individus casqués circulant sur une vespa sans plaque, il y a une dizaine d’années. Mais, ce genre de violence était alors épisodique et non banalisé.

Si les faits rapportés sont confirmés, il semble que les vols avec violence, les tentatives de racket et d’intimidation contre les Chinois du quartier soient en nette augmentation et du fait de délinquants d’origine africaine ou arabe. Il semblerait encore, je garde le conditionnel car je suis actuellement à Kampala, et n’ai pu vérifier l’information, qu’un ex légionnaire d’origine chinoise ait utilisé une arme à feu pour protéger les invités d’un mariage d’une tentative d’extorsion de fonds et qu’un délinquant ait été blessé à l’aine et transporté à l’hôpital. J’ai lu quelques articles, regardé une vidéo et téléphoné a Paris, mais je n’ai pas d’autres informations pour l’instant.

Devant la recrudescence d’actes délictueux, des associations chinoises (mais aussi indochinoises, la fille adoptive de Chirac aurait été signalée) avaient prévu un rassemblement pacifique le dimanche 20 juin pour demander une intervention des forces de police pour protéger leur communauté et mettre fin au racket et à l’insécurité. Or, la manifestation a dégénéré après qu’un voleur intercepté par les Chinois ait été remis à la police puis relâché par celle-ci. « Quelqu’un a volé un sac à une dame chinoise. Les Chinois l’ont attrapé, ont prévenu la police. Mais la police l’a laissé partir. Nous on n’est pas violent, mais c’était trop. »

On peut comprendre la colère des Chinois et les réactions de protestation contre la police devant un tel laxisme ; mais il n’y a eu qu’un véhicule retourné et quelques jets de bouteilles et de chaises, on est encore loin de Villiers-le-Bel !


Qu’un tel mouvement puisse rassembler plus de 8500 personnes est déjà un évènement, pour ne pas dire un exploit. Que cette manifestation ait débouché sur de la violence est exceptionnel de la part de Chinois résidant en France. D’autant qu’il ne s’agissait pas d’un mouvement de sans-papiers, souvent instrumentalisés et manipulés par l’extrême-gauche et RESF.

Les Chinois de Belleville en ont marre de se faire rançonner et pour une fois ils le disent haut et fort ! Ce qui est nouveau, et il faut le reconnaitre inquiétant, c’est que les manifestants aient sorti des drapeaux chinois, alors qu’ils ne le faisaient jusqu’à présent, qu’accompagnés de drapeaux tricolores. Ce signal semble bien être une marque de défiance vis-à-vis du rôle supposé protecteur du pays d’accueil et un début de défiance vis-à-vis de la France.

Certains bons esprits vont parler de l’instrumentalisation de commerçants poujadistes au service d’obscurs et occultes groupes d’intérêts financiers ou y verront la main gantée de l’extrême-droite. Il n’en est rien, le FN et le Bloc Identitaire n’avancent pas masqués ou plutôt bridés derrière les Chinois. De même qu’il ne s’agit pas d’une haine des Noirs ou des Arabes vis-à-vis des Chinois, pas plus que d’un « complot sioniste »orchestré pour créer un front anti-arabe. J’en sens certains déjà prêts à délirer sur le thème sur ce forum et pondre une série de 18 articles partant de ce postulat. D’autres vont hurler à la dérive droitiste, comme si la dignité n’était pas une valeur de gauche !


L’hypothèse d’une guerre des gangs interethnique ne tient pas non plus la route. Les membres des tangs, (les confréries) et les caïds de cités auraient plutôt tendance à s’arranger et à se partager le territoire, plutôt qu’à s’affronter. D’ailleurs les associations « grossistes/dealers » existent déjà et s’il existe des règlements de comptes, il ne s’agit que d’un phénomène marginal, la criminalité chinoise étant surtout intracommunautaire, d’ordre financier ou commercial.


Les délinquants qui attaquent les Chinois de base sans histoires sont des parasites sociaux, des racailles, des lâches et des abrutis avant d’être arabes ou noirs. D’ailleurs en Afrique et au Moyen-Orient, cette catégorie d’individus, de scories de la société, est traquée par les populations, sérieusement battus quand on en prend un, quand il n’est pas occis à coup de matraque sans autre forme de procès ou arrosé d’essence et allumé ou encore lynchés par une foule en colère. Ce genre de réaction est monnaie courante de Dakar à Nairobi et de Johannesburg à Kampala. Mes amis Arabes et Africains, tant ceux qui sont allés en France que ceux qui regardent la télévision, ne comprennent pas d’ailleurs la tolérance des Français, pour ne pas dire le laxisme, vis-à-vis des délinquants et sont pour la plus part partisans de mesures radicales que je n’oserais envisager moi-même.

Les Chinois réagissent enfin, il était temps ! Car l’attitude de passivité et de non violence ne donne aucun résultat. Il faut espérer que l’ex légionnaire sera reconnu en état de légitime défense et ne sera pas inquiété. Sinon, la communauté pourrait au moins lui fournir un bon avocat, avant que celui de la « victime » ne parle d’acte disproportionné commis par un nervi issu d’une soldatesque qui torturait déjà en Algérie !


Cependant, il ne faut pas que ces incidents encore mineurs dégénèrent en une guerre inter communautaire. Il y a de la place pour tous les honnêtes gens à Belleville. La police au lieu de traquer les biffins du Boulevard qui sont de pauvres types de toutes nationalités dont des Chinois, devrait plutôt éradiquer le petit noyau dur de canailles qui sont faciles à localiser. Une partie vient des cités Chaumont, Palikao et Amandiers à quelques encablures du métro. Il s’agit d’un nombre limité de familles qui pourrissent la vie à d’autres habitants qui sont souvent eux aussi de la même origine et d’un milieu social peu aisé. Ce qu’il faut éviter, c’est la création d’une milice de protection de type ethnique qui peut déraper, mais elle va se produire si la police ne fait rien, mais surtout l’appareil judiciaire contre les multirécidivistes.


J’ose espérer un retour au calme, mais pour une fois que les Chinois ne se laissent pas humilier, je ne peux que les approuver. Ils redressent la tête, sortent les calicots, demain ils cogneront pour se défendre ! Je l’avais écrit en d’autres circonstances, en tant que citoyen responsable : « de la nécessité quelquefois impérieuse du coup de poing dans la gueule ! ».

 


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