Enc… de prof qui n’accepte pas le portable en cours !

par Christine Tasin
vendredi 27 novembre 2009

Triste fait-divers.

Triste école que celle où les élèves s’arrogent le droit de demander à changer de prof.

Triste école que celle où les élèves s’arrogent le droit d’utiliser leur téléphone portable en cours.

Triste école que celle où les professeurs n’ont pas le droit de confisquer les téléphones portables, ni les miroirs ou pinces à épiler utilisés pendant leurs cours.

Triste école que celle où le proviseur d’un établissement envisage de changer l’enseignant d’une classe à la demande des élèves.

Tristes élèves qui, de plus, insultent l’enseignant dont ils demandent le déplacement parce qu’elle fait son travail…

Tristes pleureuses que celles qui agitent leur mouchoir mouillé auprès du berceau de l’enfant qu’elles ont étouffé alors qu’il était en pleine vigueur.

Tristes les pédagos, les Meirieux et compagnie qui ont voulu que l’enfant soit mis au centre de l’école

Tristes les syndicats de la FSU et d’autres, les SE.Unsa, les Sgen, les Sud… tous ces syndicats dits "de gauche" qui se sont plus souciés de démagogie et de politique que de préserver le système d’éducation, qui était remarquable avant qu’on leur demande leur avis… et qu’on l’écoute !

Tristes les fédérations de parents d’élèves, avec au premier chef la FCPE, qui ont voulu à tout prix que la société (avec les parents) entre dans l’école. 

Tristes les pédiatres et autres spécialistes de l’enfance qui, à l’instar d’un Cohn Bendit, depuis des lustres culpabilisent les parents et les découragent de faire oeuvre d’autorité, quand ils ne militent pas carrément pour l’abolition de la fessée. 

Tristes les ministres ou secrétaires d’Etat de l’Education Nationale qui ont fait entrer le loup dans la bergerie.

Triste Alain Savary qui a souhaité en 1982 adapter les programmes nationaux à la diversité des publics et des situations locales. 

Triste Jospin, l’auteur de la calamiteuse loi de 1989 qui a mis l’élève au centre du système éducatif.

Triste Ségolène Royal qui a souhaité à son tour en 1999 la prise en compte de la diversité des élèves, les travaux pluridisciplinaires et l’élaboration de projets éducatifs… sans parler de l’axiome érigé en loi : "un enfant ne ment jamais…" Si un enfant dénonce un de ses maîtres, le maître est forcément coupable. Bernard Hanse ne s’en est pas remis, il s’est suicidé. 

Triste Jacques Lang qui en 2001 a trouvé bon que l’on introduise "une diversité d’activités suffisante pour lutter contre l’ennui ou l’absence de motivation des élèves".

Triste Europe qui a réussi son pari : assurer le primat de l’économique sur le politique en attaquant le lieu de toutes les résistances, le lieu de toutes les exigences, comme je l’avais rappelé dans le numéro 14 de Riposte Laïque dont voici ci-dessous un extrait :

 "Le nerf de la guerre, bien évidemment, est le libéralisme, il faut faire des coupes sombres dans le budget de l’Etat, que la masse soit moins instruite pour être plus docile, que l’école réponde aux besoins des entreprises. Il y a là convergence entre l’OCDE et les lobbies des entreprises, comme en atteste ce passage "lumineux" d’un rapport de l’OCDE cité par C. Morrisson dans "Cahier de politique économique n°13" (1996), "Pour réduire le déficit budgétaire, une réduction très importante des investissements publics ou une diminution des dépenses de fonctionnement ne comportent pas de risque politique. Si l’on diminue les dépenses de fonctionnement, il faut veiller à ne pas diminuer la quantité de service, quitte à ce que la qualité baisse. On peut réduire, par exemple, les crédits de fonctionnement aux écoles ou aux universités, mais il serait dangereux de restreindre le nombre d’élèves ou d’étudiants. Les familles réagiront violemment à un refus d’inscription de leurs enfants, mais non à une baisse graduelle de la qualité de l’enseignement et l’école peut progressivement et ponctuellement obtenir une contribution des familles, ou supprimer telle activité. Cela se fait au coup par coup, dans une école mais non dans l’établissement voisin, de telle sorte que l’on évite un mécontentement général de la population." On citera encore ces extraits d’une table ronde qui s’est tenue à Philadelphie en février 1996 : " L’apprentissage à vie ne saurait se fonder sur la présence permanente d’enseignants.[…] Dans certains pays, il semble que les enseignants encourent réellement le risque d’être des laissés-pour-compte dans le développement des technologies de l’information… Les pouvoirs publics n’auront qu’à assurer l’accès à l’apprentissage de ceux qui ne constitueront jamais un marché rentable et dont l’exclusion de la société en général s’accentuera à mesure que d’autres vont continuer de progresser." " Il est plus important d’apprendre à apprendre que de maîtriser des prétendus “ faits ”. Il faut encourager la possession d’un ordinateur". Tout est dit. L’école publique a vocation à servir de garderie aux laissés pour compte de la société, c’est-à-dire de l’économie

On pourra également citer quelques extraits du rapport de l’ERT (Table Ronde Européenne, cartel fondé en 1983 qui regroupe 47 des plus importants industriels européens) " Education et compétences en Europe" publié en 1989 : " Le développement technique et industriel des entreprises européennes exige clairement une rénovation accélérée des systèmes d’enseignement et de leurs programmes", "l’éducation et la formation sont considérés comme des investissements stratégiques vitaux pour la réussite future de l’entreprise", "l’industrie n’a qu’une très faible influence sur les programmes enseignés, les enseignants n’ont qu’une compréhension insuffisante de l’environnement économique, des affaires et de la notion de profit, ils ne comprennent pas les besoins de l’industrie. " ou bien, en 1995 : "La clé de la compétitivité de l’Europe réside dans la capacité de sa force de travail à relever sans cesse ses niveaux de connaissance et de compétence", "dès lors, la responsabilité de la formation doit en définitive être assumée par l’industrie", "l’éducation doit être conçue comme un service rendu au monde économique", "les gouvernements nationaux devraient envisager l’éducation comme un processus s’étendant du “ berceau au tombeau ”, "l’éducation vise à apprendre, non à recevoir un enseignement", "les systèmes d’éducation ne s’adaptent pas assez vite à la révolution technologique. La réforme des systèmes d’éducation devrait bénéficier d’une priorité politique", "l’enseignement à distance élimine les inconvénients de l’absence au travail et des déplacements. Les méthodes et outils d’éducation devraient être modernisés, particulièrement pour encourager l’auto-apprentissage. Chaque élève devrait, à terme, disposer de son propre ordinateur. ” Où nous voyons pourquoi on insiste de plus en plus, depuis une quinzaine d’années, sur le lien école-entreprises et sur l’importance de l’informatique …

Tout cela, bien entendu, est orchestré par la Commission Européenne qui ne cache nullement son ambition dans ses rapports sur l’éducation : " La réalisation de ces objectifs exige des structures d’éducation qui devraient être conçues en fonction des besoins des clients. L’apprentissage à distance présente un attrait particulier car il peut être adapté de manière à n’interférer qu’un minimum avec les exigences du travail et, plus l’utilisation du matériel est répandue, plus l’opération devient rentable" in "Mémorandum sur l’apprentissage ouvert et à distance dans la Communauté européenne ”, 12 novembre 1991. On rappellera aussi les déclarations d’Edith Cresson en 1995, quand elle affirmait que le système des diplômes nationaux n’était pas viable au niveau européen et qu’il fallait "apprendre à apprendre toute sa vie"

Triste vient du latin tristis : funeste. 

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