Energie : quelles solutions pour demain ?

par Benoît Thévard
mercredi 15 septembre 2010

Lorsque l’on parle d’énergie, le champ de la discussion devient alors extrèmement vaste puisque l’énergie est au coeur même de notre société, elle donne le rythme de notre économie et plus globalement de notre vie.

Les débats sont multiples et les argumentations nombreuses pour l’une ou l’autre des solutions avec souvent des éléments manquants pour prendre réellement la mesure de ce qui est possible et de ce qui ne l’est pas.

Dans d’autres articles, j’exprimais l’impossibilité technique de remplacer le pétrole dans ses applications (transport, pétrochimie, chauffage) dans les délais que je fixe volontairement à 10-15 ans maximum (chacun à sa version, celle-ci est la mienne !).

Cette fois, je vais aborder la problématique un angle différent.

C’est à dire qu’il ne faut pas chercher à produire l’énergie dont nous avons besoin actuellement (ce n’est visiblement pas possible) mais il faut nous réorganiser beaucoup plus efficacement, et lorsque nous aurons réduit notre besoin, chercher à produire le peu d’énergie nécessaire grâce aux sources renouvelables disponibles.

1/ Se réorganiser

Tous les secteurs de notre économie sont organisés de telle manière qu’ils consomment trop d’énergie. Cette logique a été principalement causée par la suppression des stocks (logistique en flux tendus) et le faible coût de l’énergie et des transports comparé à celui de la main d’œuvre (ce qui explique les délocalisations massives). Par ailleurs, les outils de production centralisés et centrales thermiques génèrent des pertes très importantes.


Puisque nous n’avons pas d’alternative immédiate au moteur thermique à pétrole pour les transports de marchandises, hors réseaux ferré, il n’y aura pas d’autre solution que de les limiter. C’est à dire réduire les distances entre lieu de production et lieu de consommation et la fréquence des transports.

Cela implique un gros travail des collectivités locales pour mettre en œuvre un plan de concertation entre producteurs et consommateurs de tous biens et services.

Cela va générer les phénomènes suivants :

- diminution de la consommation d’énergie et donc de la facture énergétique

- création d’emplois non délocalisables et durables car en correspondance avec les besoins de la population locale

- diminution des émissions de gaz à effet de serre

- meilleures communication et solidarité entre les acteurs d’une communauté

- maîtrise et sécurisation des modes de production et des approvisionnements

- responsabilisation du consommateur par la connaissance des contraintes de production

- etc ...

Il s’agit également d’isoler les bâtiments et de remplacer certains outils de consommation comme de vieilles chaudières inefficaces afin de les remplacer par des outils durables, fiables et présentant de bons rendements (poêle de masse, chaudière à granulés...).


La réorganisation n’est pas forcément coûteuse mais elle passe forcément par une prise de conscience de la population et le changement des habitudes.

La prise de conscience en elle même permet de générer des économies d’énergie considérables (éco-conduite, température dans les logements ...)

La relocalisation sera le seul moyen d’assurer à long terme une réponse aux besoins primaires de la population en toutes circonstances.

2/ Etude de potentiel énergétique

Comme pour tous les secteurs de l’économie, valoriser les ressources locales doit être une priorité. Il est donc important que chaque collectivité fasse l’inventaire des ressources énergétiques renouvelables dont elle dispose (gisement solaire, potentiel éolien, capacité forestière, hydrologie, géothermie, déchets organiques etc ...).

Ces études doivent prendre en compte des gisements bruts (ensoleillement, vents disponibles...) mais également des gisements nets (techniquement et économiquement exploitables).

L’évaluation du potentiel permet d’avoir une vision réaliste de ce qu’il est possible de produire à l’échelle du territoire.

3/ Mise en œuvre de solutions

Après avoir lancé un plan d’actions pour réduire les transports, sensibiliser la population, changer les pratiques et les habitudes, il faut évaluer quels seront, à termes, les nouveaux besoins essentiels de la population en terme d’énergie.

Lorsque consommation et potentiel de production sont confrontés, il devient très facile de savoir quels sont les éléments prioritaires à mettre en œuvre. Quelques pistes :

- Achats groupés de modules photovoltaïques, de micro-éoliennes et/ou de micro-turbines hydroélectriques

- regroupements des agriculteurs pour la production de biogaz

- installation de réseaux de chaleur (cogénération, géothermie ...)

- récupération des déchets organiques de la collectivité pour méthanisation

- investissements collectifs et coopératifs pour des centrales solaires ou éoliennes plus importantes

- valorisation optimale de la biomasse forestière et agricole (combustion en centrales, chaudières ou chauffages individuels) sans dépassement de la capacité naturelle de renouvellement ni diminution de l’amendement organique des sols

- etc...

J’insiste au passage sur l’intérêt de continuer la recherche pour faire diminuer le coût des installations solaires plutôt que faire augmenter les rendements. Nous avons d’innombrables surfaces disponibles au soleil, mais pas d’argent pour installer des panneaux. Alors pourquoi s’obstiner à gagner 0,01% de rendement alors que les marges de progrès concernant les coûts de productions sont bien plus grandes ?

Sécurisation

Produire localement de l’énergie est très intéressant. Mais s’il n’existe aucune possibilité de s’isoler localement du réseau national en cas de coupure, cela ne sert à rien.

C’est pourquoi ce genre d’orientation énergétique devrait toujours s’accompagner d’une solution d’isolement permettant de bénéficier, quoi qu’il arrive, de l’énergie produite localement.

Conclusion

Nous avons déjà énormément progressé et de nombreux outils existent pour produire et consommer efficacement de l’énergie. Les différentes étapes que je viens de présenter me semblent fondamentales pour répondre à nos besoins à l’avenir, même si elles n’empêcheront pas les perturbations majeures qu’entraînera la forte hausse et volatilité des prix du pétrole.

De mon point de vue, aucune source d’énergie ne pourra répondre aux besoins d’une société organisée avec une aussi mauvaise efficacité énergétique. C’est pourquoi je refuse systématiquement de valider un outil plutôt qu’un autre pour l’avenir.

Les solutions dépendront avant tout des caractéristiques de chaque territoire (plus de soleil au sud, plus de vent au nord ou sur les côtes, hydroélectricité dans les reliefs, biomasse forestière en Sologne, biogaz en Bretagne ou géothermie à Paris ...) et elles ne seront suffisantes que lorsque nous aurons profondément modifié nos modes de vie et de consommation.

Ainsi nous serons devenus plus résilients, dépendant de sources d’énergies diverses, avec de l’autonomie, une sécurisation du réseau et une grosse réduction des besoins.


Lire l'article complet, et les commentaires