Erasmus a 20 ans, et manque d’ambition
par Héloïm Sinclair
lundi 11 décembre 2006
Erasmus a 20 ans, Barroso dit que ce programme symbolise ce que l’Europe fait de mieux. Et pourtant, l’intégration de l’éducation supérieure européenne est un rêve pour le prochain siècle, à la vitesse où l’on va. Avec 450 millions d’habitants et un objectif de civilisation de la connaissance, une mobilité organisée de 250 000 étudiants par an, c’est une bien piètre ambition... PAC ou éducation, il faut choisir !!!
Happy birthday, Feliz cumple anos, Zum Geburtstag viel Glück... Bon anniversaire Erasmus. Le programme d’échanges étudiants, le plus connu et le plus populaire de tous les programmes européens, a fêté ses 20 ans jeudi.
Son bilan est largement positif. Quand on sait qu’ils n’étaient q’une poignée de braves à avoir imaginé ce programme et réussi à persuader François Mitterrand de soutenir Erasmus, jusqu’à sa création en 1987... Depuis, près d’1,5 million de jeunes ont passé une partie de leurs études dans un pays européen autre que le leur. Aujourd’hui, plus de 2000 établissements d’enseignement supérieur prennent part à ces échanges financés par la Commission européenne, et accueillent environ 150.000 étudiants par an.
L’objectif (Voté par le Parlement Européen et ratifié par le Conseil de l’Europe le 15 Novembre dernier) est d’atteindre 3 millions d’étudiants d’ici à 2012, c’est-à-dire en 6 ans faire bouger autant d’étudiants européens qu’en 20 ans (1,5 millions), soit un flux de 250 000 étudiants par an. L’objectif est très humble !!!, passer de 150 000 étudiants par an à 250 000, ce n’est pas un exploit face à la taille de l’enjeux (construire l’Europe de l’éducation par l’échange et la coopération). L’intégration de l’éducation supérieure européenne est un rêve pour le prochain siècle, à la vitesse où l’on va. Avec 450 millions d’habitants et un objectif de civilisation de la connaissance, une mobilité organisée de 250 000 étudiants par an, c’est une bien piètre ambition...
C’est peu, ridiculement peu, alors qu’Erasmus symbolise ce que l’Europe fait de mieux. Outre l’aspect directement lié aux études, il crée un espace d’ouverture et de tolérance et amène les gens à se rencontrer de manière naturelle. Il encourage le dialogue interculturel et incite les jeunes à penser « européen » et à être mobiles, non seulement pendant leurs études, mais aussi lorsqu’ils entreront sur le marché du travail (du Manuel Barroso dans le texte).
On comprend la posture du Président de la Commission européenne qui est avant tout un gestionnaire. Ce programme d’échange - étendu à tous les pays du monde depuis la rentrée universitaire 2004/2005 - coûte un bon milliard d’euros sur 7 ans. C’est peu en réalité, car les bourses attribuées aux étudiants restent peu élevées : entre 100 et 130 euros par mois. Mais pour imaginer faire une réelle Europe, avec un Erasmus qui symboliserait ce que l’Europe fait de mieux, il faudrait un Erasmus puissance 10 (faire bouger 2,5 millions d’étudiants par an) et un budget de 15 à 20 milliards sur 6 ans.
Mais ne rêvons pas, Barroso n’a pas de marges de manœuvre budgétaire pour nourrir l’ambition d’une Europe à la mesure de la mondialisation. Il ne faut pas oublier, à cause de la France, on ne peut pas se payer la PAC (plus de 40 % du budget EU) et investir dans l’éducation ...
En 2007, combien de braves pour imaginer un programme Erasmus puissance 10 ?